Une mutuelle s’interroge…
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Publication : juin 2019
Mise en ligne : 30 octobre 2019
En janvier 2017 plus de 500 médicaments “d’intérêt thérapeutique majeur” avaient été en rupture de stock.
En janvier 2018, un sondage de France Assos Santé révélait que 25% des Français avaient été confrontés à une pénurie de médicaments.
C’est maintenant la Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale (MGEN) qui affiche, dans son magazine Valeurs Mutualistes du 2ème trimestre 2019, une pénurie de médicaments : « Antibiotiques, vaccins, anesthésiants, antiépileptiques, anticancéreux, la liste des produits pharmaceutiques en situation de rupture de stock ne cesse de s’allonger ».
Par exemple, le médicament-phare contre la maladie de Parkinson (pris par 45.000 personnes) est introuvable pour certains dosages depuis que l’unique usine qui le produisait (aux Etats-Unis) a fermé.
Ces pénuries peuvent aller jusqu’à mettre en danger la vie de ceux qui se trouvent ainsi obligés de reporter leurs traitements, voire à les arrêter. Elles sont une réelle menace pour la santé publique.
La mutuelle d’enseignants s’est donc interrogée : s’agit-il d‘une pénurie organisée ?
— France Assos Santé juge les industriels « très largement responsables ».
— Dans une émission sur LCP, le 10 février dernier, un hématologue de l’hôpital dela Pitié-Salpétrière, le docteur Jean-Paul Vernant faisait cette réponse : « La pénurie ne concerne pas les innovations thérapeutiques récentes, qui coûtent très cher, mais des vieux médicament, pas très chers et rapportant peu. Les labos ne souhaitent pas continuer à travailler avec des bénéfices modestes. C’est une question de rentabilité financière… quand le principe actif est produit dans une seule usine au monde ou quand il y a même un seul façonnier, cela crée une dépendance terrible. »
La MGEN commente « car, pour optimiser ses coûts de production, l’industrie pharmaceutique délocalise et produit à flux tendu, ce qui fragilise la chaîne du médicament. S’y ajoutent une demande mondiale qui explose, la concurrence internationale ou encore le problème du sous-financement des médicaments ».
Le Dr Vernant préconise, pour empêcher la pénurie, de « relocaliser la production de principes actifs en France et négocier avec des façonniers français afin qu’ils utilisent ces substances pour faire un produit fini à un prix raisonnable ».
C’est toujours tenter de remédier aux effets, alors que c’est leur cause commune qu’il faut dénoncer, à sa racine. Dire clairement que cette cause est l’esprit du capitalisme qui met tout le monde dans l’obligation de rechercher le plus de profit possible au mépris de toute autre considération, ce qui est d’autant plus dangereux quand il s’agit d’entreprises dont l’objectif devrait évidemment, naturellement, être la santé humaine.
Mais comme le montre l’article de Bernard Blavette ci-dessus, les industries pharmaceutiques ont même réussi à s’organiser pour imposer leurs intérêts, il faut donc constater que l’esprit du capitalisme a fait d’elles des entreprises potentiellement criminelles.
Même tenter de remédier aux effets est devenu illusoire, la preuve en est que les sénateurs ont émis une liste de 30 propositions de bon sens pour parvenir, au moins en partie, à ces pénuries organisées…
C’était l’automne dernier…