Au fil des jours


Publication : décembre 1968
Mise en ligne : 23 octobre 2006

  Sommaire  

Si le franc a subi une crise, c’est en raison de la rumeur que le mark allemand allait être réévalué. Or la presse américaine affirme que cette rumeur était fondée, car les gouvernements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, avaient insisté auprès du gouvernement de Bonn pour que l’Allemagne Fédérale- réévaluât sa monnaie. La spéculation s’est aussitôt déchaînée. Pourquoi Washington, Londres et Paris désiraient - ils cette réévaluation du mark ? Uniquement pour freiner les exportations de l’Allemagne Fédérale.

Celle-ci a fait un geste dans ce sens, en frappant d’une taxe ses exportations à partir du 23 décembre.

Les Allemands ont vivement protesté en dénonçant ce qu’ils appellent une mesure perfide, mais le ministre Schiller leur a répondu que lorsque les médecins prescrivent une pilule, il convenait de l’avaler même si elle est très amère.

 

Ajoutons que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France demandaient à l’Allemagne Fédérale de réévaluer son mark de 7,5%. Nous donnons ces renseignements sous toutes réserves, notre grande presse en ayant peu parlé.

 

Les millions de tonnes de beurre que stockent les six nations du Marché Commun ont fini par émouvoir d’éminents hommes politiques, d’où le plan Mansholt dont on parlera encore longtemps. Disons tout de suite que le reclassement des 5 millions d’agriculteurs qu’il libère relève de la folie furieuse.

 

Un ministre a eu l’idée de distribuer gratuitement une fraction de nos énormes stocks de beurre à nos 12 millions d’économiquement faibles. On peut être sûr que sa bienveillante pensée n’aura aucune suite - Pourquoi ? - Parce que nos détaillants s’y opposeront avec la dernière énergie. Les ventes de beurre à nos économiquement faibles ne représentent pas beaucoup d’argent chacune, mais multipliées par 12 millions cela devient une recette dont ils ne peuvent se passer.

 

Il n’empêche que l’Economie Distributive fait des progrès dans l’opinion... et même dans les grands quotidiens. Ainsi l’économiste A.P. Mariano, dans son article du Figaro (30-11-68) où il émettait quelques doutes sur l’opportunité du dernier plan économique de M. Couve de Murville, terminait son étude par ces mots : « Si l’on n’est pas encore assuré de l’efficacité de ce dispositif, il semble que ce soit le seul qui puisse être appliqué en attendant que la notion de distribution remplace celle du commerce. »

La notion de distribution, c’est une élégante expression pour désigner l’Economie Distributive.

 

Newsweek, dans son numéro du 11 novembre, révèle qu’il est déjà tombé plus de tonnes de bombes sur le territoire du Vietnam du Nord, que sur le territoire allemand pendant la seconde guerre mondiale. A cette occasion, il rappelle que les Américains ont surtout bombardé les voies de commun cation du Vietnam, et évité, dans la mesure du possible, les centres urbains. Lorsque les villes sont bombardées, précise Newsweek, les effets sont monstrueux : une seule attaque sur Berlin tua 40.060 individus, une autre sur Hambourg en tua 70.000 ; l’attaque sur Dresde transforma la ville en cimetière. Enfin des premières bombes A sur Nagasaki et Hiroshima, tout le monde se rappelle leurs effets...

Dans sa campagne présidentielle, Humphrey promettait, s’il était élu, d’engager tout de suite des pourparlers de paix au Vietnam. Et le Président Nixon, dès son succès, s’est également déclaré en faveur de la Paix, et toutes les cloches de Saigon ont sonné. Espérons que Newsweek voit juste.

 

Savez-vous que la création d’emplois coûte un prix fou ?

On vient d’installer ce qu’on appelle le complexe d’Anvers. On désigne ainsi la création des ateliers que réclame une grande usine de produits chimiques en particulier des engrais chimiques et des matières plastiques en utilisant la formule allemande. Les matières premières,. notamment la potasse, viennent des Etats-Unis. Il faut construire un tube de synthèse d’ammoniaque capable de fabriquer un bon millier de tonnes par jour, comme aussi des tonnes de polyéthylène etc.

Bref le complexe d’Anvers sera presque aussi puissant que celui de Ludwigshafen.

Tout cela permettra de créer 1.700 emplois. Comme toute la fabrication sera aussi automatisée que possible, ü va de soi qu’il faudra peu de main d’oeuvre par rapport à l’importance des investissements. On a calculé que ceux-ci étant déjà de l’ordre de 600 millions de francs, la création de chaque emploi coûte 250.000 francs (soit 25 millions de nos anciens francs).

 

Avez-vous entendu parler du plan Harmel ? Si oui, soyez bien persuadé qu’il gardera la vedette pendant quelque temps.

M. Harmel est le ministre des Affaires Etrangères de nos amis belges. Son plan concerne le Marché Commun Européen.

Le voici dans toute sa simplicité : La France refuse à la Grande-Bretagne de faire partie du marché commun ; les cinq autres participants y sont, au contraire, favorables. Qu’à cela ne tienne, il suffit de remplacer la France par la Grande-Bretagne, et le tour est joué.

Le débat est jusqu’ici très obscur. Ceux qui défendent la proposition de M. Harmel et ceux qui l’attaquent paraissent ignorer le texte exact de la proposition, car il aurait déjà été amendé plusieurs fois. Ce qui parait le plus clair dans cette affaire, c’est que l’Allemagne fédérale arbitrera le conflit. Le Luxembourg, la Hollande et l’Italie inclinent à accepter la proposition Harmel.


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