C’EST aujourd’hui de deux côtés différents
que nous parvient la confirmation, si besoin était, de la justesse
d’appréciation de J. Duboin à propos de ce qu’il exposait
sur le plus grand état capitaliste de la planète.
Du côté gouvernemental d’abord, avec la politique sociale
du Président Carter, ensuite, du côté de l’opposition
avec la position du Parti Libertarian.
L’évolution de l’Etat fédéral s’accentue de plus
en plus vers un « esprit social ». Parmi les projets qui
couvent, le Sénat doit discuter une sorte de garantie à
vie de l’emploi dans l’industrie métallurgique. L’aide sociale
(Welfare), qui a accordé 60 des 400 milliards de dollars du budget
fédéral 1976 pour le seul recours aux mamans seules et
sans travail, y ajoute son appui à 26 millions d’individus sur
les 220 vivant aux Etats-Unis.
Le Président Carter aurait l’intention de faire beaucoup mieux
avant 1979 en garantissant, par exemple, un salaire minimal mensuel
de 2 250 F à toute personne ne pouvant ou ne voulant plus travailler.
Le Welfare constate que le nombre des individus secourus augmente deux
fois plus vite qu’en 1967. Depuis 1957, la population US a augmenté
d’un tiers, mais le nombre des fonctionnaires a quadruplé. Le
Welfare lui-même paye 300 000 nouveaux fonctionnaires.
Comme l’on sait, mondialement, que le fonctionnaire ne risque pas de
produire, on en tirera le douloureux enseignement de J. Duboin : «
Lorsqu’il n’est plus nécessaire de payer un homme pour qu’il
produise, l’Etat doit le payer pour qu’il s’épanouisse ».
L’opposition à J. Carter est, bien sûr, assurée
par le Parti Républicain mais un Parti politique nouveau (fondé
en 1971) « The Libertarian » (200 000 voix aux Présidentielles)
se réclame d’un anti-étatisme absolu : Chacun, capitaliste
et trusts compris, peut faire entièrement ce qu’il veut sauf
l’exercice de la violence physique. Ce Parti qui ressemble au M.F.A.
autant qu’une belette ressemble à un dinosaure, apporte des révélations
qui n’en seront pas pour les abondancistes. Le Liber. tarian est indigné
par toutes les mesures sociales.
C’est dans la Grande Relève que, pour la première fois,
on a pu apprendre que la plus Grande crise économique de tous
les temps, celle du krach financier du fameux « Black Wednesday
» de 1929 n’avait pas connu son terme par application du «
New Deal » de Roosevelt. mais bien grâce à l’intervention
militaire des USA dans le second conflit mondial.
Un livre intitulé « Incroyable machine à pain »
publié en 1975 par un groupe de chercheurs de San Diego (Californie)
se réclamant quelque peu du Libertarian affirme textuellement
dans l’extrait publié par « Le Point » du 11-7-77
(p. 85) :
« Idée reçue et acceptée par tous : c’est
Franklin Roosevelt, avec son « New Deal », après
la crise de 1929, qui a donné le signal d’intervention massive
de l’Etat dans l’économie grâce à ses grands programmes,
ses lois de soutien aux syndicats, le salaire minimum garanti et, surtout,
la fixation du cours du dollar sur l’or, l’interdiction aux citoyens
d’acquérir du métal précieux. C’est ainsi, dit-on,
que Roosevelt a pu gagner la bataille contre la grande dépression
et le chômage.
Tout cela est faux, archi-faux, répliquent les auteurs de «
l’incroyable machine à pain ». Chiffres en main, ils reprennent
et vulgarisent de nombreux travaux « libertarians ». Herbert
Hoover, le prédécesseur de Roosevelt, était déjà
intervenu depuis longtemps. Quant à Roosevelt, il n’a rien gagné
du tout : il a fallu la guerre et la mise en place d’une formidable
machine à produire des armements pour que le chômage soit
résorbé. Cela est tellement vrai, affirment les «
libertarians », que l’Amérique a eu peur de démobiliser
les hommes et les usines en 1945. Elle a inventé - avec la complicité,
il est vrai, de l’Union Soviétique - la guerre froide, la course
aux armements, la conquête spatiale. Bref, l’Etat a dépensé
des milliards pour assurer le plein emploi, clef de voûte des
théories de John Maynard Keynes, l’économiste britannique
maître à penser de Roosevelt et des hommes d’Etat occidentaux
depuis quarante ans.
Aujourd’hui, c’est l’échec partout ».
Jacques Duboin et l’Amérique
Etranger
par
Publication : octobre 1977
Mise en ligne : 21 mars 2008
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Publication : octobre 1977
Mise en ligne : 21 mars 2008