LES pays occidentaux, et plus généralement
les pays industrialisés, sont secoués par une crise économique
dont la durée inhabituelle est sans commune mesure avec celle
des « récessions conjoncturelles » qui frappent périodiquement
le monde capitaliste : inflation, augmentation continue du chômage,
surproduction agricole, ralentissement de la production industrielle
sont devenus le souci majeur des gouvernants en place et de ceux qui
aspirent à leur succéder.
Pour assurer un impossible et illusoire plein emploi, les uns et les
autres, suivant leurs options politiques, préconisent une croissance
forte, une croissance modérée, une nouvelle croissance,
voire même une croissance nulle. Et, avec un manque d’imagination
consternant, les uns et les autres ressortent des oubliettes les vieux
remèdes qui depuis longtemps ont fait la preuve de leur inefficacité.
Cela va de la surtaxation de certains produits agricoles (lait, matières
grasses...) dont la production est jugée excédentaire
(pays membres de la Communauté Economique Européenne),
à l’idée de pénaliser les entreprises qui mettraient
en service des machines éliminant la main d’oeuvre (C.F.D.T.),
en passant par le retour à la terre et à la nature prôné
par certains écologistes (comme Pétain !) ou au développement
du travail manuel cher au sous-ministre STOLERU. Tous feignent d’ignorer
que les mouvement économiques dépendent presque uniquement
du développement scientifique et technique, et non des phénomènes
monétaires.
Tout montre en fait que l’économie mondiale se trouve à
la fin d’une phase ascendante du cycle de KONDRATIEV. (Kondratiev est
un économiste russe né à la fin du siècle
dernier qui a constaté que le développement de l’économie
se faisait en suivant des oscillations lentes d’une durée de
vingt-cinq à trente-cinq ans correspondant à des phases
de croissance suivies par des phases de décroissance).
L’économiste autrichien SCHUMPETER (mort en 1950) a montré
que les phases ascendantes du cycle de KONDRATIEV correspondaient à
l’apparition et à l’utilisation intensive d’une ou plusieurs
techniques majeures. Il a schématisé ce phénomène
sur le graphique suivant :

Impact des principaux progrès techniques sur l’économie (SCHUMPETER)
Nous voyons que les diverses phases ascendantes correspondent
successivement au développement de la sidérurgie et du
textile, du chemin de fer, de l’électricité et enfin du
pétrole et de l’automobile.
Tout semble donc indiquer que nous nous trouvons à la fin de
la phase ascendante impulsée par le développement de l’automobile
et de l’industrie pétrolière. On peut penser que le «
grippage » du système économique en ce point du
cycle est dû à une augmentation insuffisante du niveau
de la productivité (qui pourtant n’a fait que croître depuis
1947) et qu’une nouvelle phase ascendante ne prendra naissance qu’en
s’appuyant sur de nouveaux progrès techniques.
Il est très vraisemblable, comme le montrent de nombreux indices,
que les techniques qui amorceront le nouveau cycle de croissance seront
essentiellement les télécommunications et l’informatique,
toutes deux dépendant des progrès fulgurants réalisés
par l’électronique et la microélectronique.
Parallèlement aux efforts que nous faisons pour promouvoir une économie correspondant aux besoins des hommes, il nous paraît nécessaire de présenter à nos lecteurs quelques-uns des aspects des nouvelles techniques qui vont rapidement révolutionner notre vie quotidienne. C’est ce que nous allons entreprendre dans nos prochains numéros sous la rubrique « SCIENCES et TECHNIQUES ».