La monnaie


par  M.-L. DUBOIN
Publication : décembre 1997
Mise en ligne : 2 décembre 2005

Depuis Bellamy, et même depuis Duboin, les distributistes que nous sommes ne sont pas restés figés. Car il faut l’inventer cette société post-marchande, la société de l’après-salariat, celle que nous appelons la société distributive, la société des affranchis [25] de la course au travail et de la course au profit.

Des affranchis qui choisissent par un contrat civique [26] leurs activités et y découvrent un épanouissement insoupçonné, soutenu par l’assurance de recevoir, à vie, un revenu suffisant pour bien vivre, considéré comme leur part de la production réalisée en commun à l’aide des connaissances héritées.

Mais pour distribuer à tous un tel revenu, il faut une monnaie qui soit gagée sur ces produits disponibles. Et cette idée d’une monnaie de consommation, parce qu’elle rompt bien évidemment avec toutes les habitudes monétaires de nos ancêtres, est encore difficile à passer. Les gens sentent bien que le capitalisme dresse un mur devant leurs aspirations à plus de justice, beaucoup se révoltent de voir s’agrandir le fossé entre quelques richissimes profiteurs et de plus en plus de laissés-pour-compte, ils voient bien que l’argent a pourri bien des responsables, ils savent confusément qu’il existe des paradis fiscaux, dont ils ne mesurent pas souvent l’importance, ils sont stupéfaits quand ils sont brusquement confrontés dans leur entourage aux dégâts de la drogue, même s’ils n’analysent pas toujours la raison de son développement. Est-ce la peur égoïste du lendemain ou bien la montée de la violence à l’américaine, parce qu’elle envahit nos écoles, qui va leur ouvrir les yeux ?

Espérons que ce sera plutôt la généralisation des SEL. Ces systèmes d’échange locaux sont très positifs parce que leur principe a l’avantage de remettre la monnaie en question : comme elle y est annulée quand elle a servi, les SEL habituent les gens à ne plus y voir une fin, mais seulement un moyen de gestion, un outil comptable en quelque sorte, et qui permet de respecter et l’homme, et la nature....


André Gorz [9] vient de franchir un grand pas vers cette société distributive pour la libération de l’homme, comme le montre le texte qui suit :

« La nécessité d’un revenu inconditionnel est le terme ultime vers lequel la mutation présente indique en vertu de sa logique propre. Celle-ci aboutit à créer à un coût dérisoire une richesse que, à la limite, personne ne pourrait acheter parce que personne n’est payé pour la produire. Aucune forme de redistribution fiscale ne peut alors solvabiliser la demande, puisque la distribution primaire n’a plus lieu. Il n’y a de solution que politique : la distribution d’une monnaie de consommation (Duboin) et l’assignation d’un prix politique à des produits sans coût ni valeur d’échange mesurables. Il faut évoquer ce terme ultime dès à présent en raison de sa valeur heuristique : il nous oblige à nous demander dans quelle mesure nos actions et nos objectifs sont cohérents avec la société qui demande à naître : une société dans laquelle le travail immédiat et le salariat auront été presque complètement abolis. »


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