Lu, vu, entendu
Publication : décembre 1989
Mise en ligne : 15 avril 2009
Privatisation en Pologne
La "fête"risque d’être de courte durée
en Pologne. Nous avons pu voir à la Télé, le premier
novembre, des ouvriers de l’usine OMIG, privatisée il y a quelques
mois, exprimer leurs doléances et inquiétudes :
1. un quart du personnel a été licencié ; 2. alors
que l’inflation atteint des chiffres records, contrairement aux espérances,
les salaires n’ont pas évolué ;
3. les contremaitres, poussés par la direction, sont devenus
beaucoup plus durs avec le personnel.
A voir la tête des intéressés, ce n’était
pas la joie.
Le communisme a sans doute eu de nombreuses carences, mais le capitalisme
dévoile aux Polonais ses beautés cachées...
(Reportage Antenne 2)
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Salaires comparés
Nous avons déjà révélé dans la Grande
Relève que, d’après l’INSEE, le salaire moyen en France
n’atteignait que 87% de la moyenne des salaires européens. L’Institut
d’économie allemand, proche du patronat, révèle
que les charges salariales en Allemagne (salaires plus cotisations sociales
payées par l’entreprise) sont de 50% plus élevées
qu’en France. La même étude montre que les salaires japonais
coûtent 22% de plus à leurs employeurs que les français.
(d’après le Canard enchainé du 1-11-89)
Dans son article sur Peugeot, A. Prime signalait que
les ouvriers de l’automobile en Allemagne, interviewés au moment
de la grève, avouaient 12.000 F. de salaire mensuel, soit l’équivalent
de 10.800 F. si l’on tient compte du coût de la vie dans les deux
pays.
Le rapport de l’Institut confirme donc la discordance. Les patrons pleureurs,
type Calvet, invoquant la nécessaire compétitivité
devront revoir leur copie.
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Mauroy se réveille
Un rapport du FMI, s’appuyant sur le fait qu’en France la redistribution
sociale du revenu des Français est passée de 44,5% en
1970 à 62,5% en 1987, parle "d’exagération"
et "cela décourage les efforts des salariés pour
augmenter leur revenu ... incite certains à l’inactivité,
pèse sur les résultats des entreprises, nuit à
l’investissement’.
"Comment, répond P. Mauroy dans la Nouvelle Revue Socialiste,
ne pas relever le danger d’une telle approche, qui contribue, jour après
jour, à distiller dans les consciences l’idée qu’il ne
peut exister d’autres alternatives que le plongeon sans transition dans
l’économie hyperlibérale ".
(Nouvelle Revue Socialiste n° 6)
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"Culture" US et japonaise pour l’Europe
"il existe une Commission Culture Jeunesse-média au Parlement
européen... mais ... dans sa profondeur concrète, la réalité
"Culturelle européenne", ce sont les programmes de
télévision qui, d’un bout à l’autre de l’Europe,
sont dominés par les productions américaines et japonaises,
et sur ce point décisif, la Commission de Bruxelles a produit,
on le sait, une directive peu contraignante et qui laisse donc chaque
Etat libre en fait de programmer ou de ne pas programmer une majorité
d’oeuvres européennes".
(Max Gallo, dans un article "L’ombre de Batman’)
Nous n’avons cessé de dénoncer cette "culture" de violence ou sans consistance, ou les deux, coca-cola de l’esprit. Or, il faut savoir que les Américains, dans leurs programmes, n’incluent pas 5% de productions étrangères. Ils sont néanmoins furieux des barrières que nous tentons timidement d’élever. Ils ont juré de contre-attaquer en faisant des sociétés mixtes avec des Européens, ou tout simplement en rachetant des sociétés. " Vous ne pouvez vous passer du savoirfaire des Américains" prétendait l’un d’eux au MIPCOM. Les Américains espèrent aussi "monter sur satellite" (pour plus de détails, voir article du Monde du 15/16 octobre) :"Télévision, les Américains veulent investir la forteresse Europe". Forteresse !!!
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L’emploi capitaliste, ça marche !
Dans la même page du Monde du 25 octobre :
- " Prime Computer licencie 2.500 personnes" (8% des effectifs)
- " 754 licenciements à la Lainière de Roubaix"
(sur 2.108 personnes)
Le Gouvernement a beau jeu de nous parler des emplois créés.
Il faudrait mettre en parallèle les emplois perdus... puisque
le chômage - officiel - tourne toujours autour de 2.500.000.
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Equateur
La France est prête à débloquer 400 millions de
crédits à ce pays. Avant le voyage de Mitterand, par voie
diplomatique, on fait demander au Gouvernement de l’Equateur de faire
connaître les programmes prioritaires auxquels pourraient être
consacrés ces 400 millions. Du beurre ? Que non ! Des équipements
pour leurs Mirages, la défense antiaérienne, la modernisation
des blindés. Contrepropositions de l’Elysée, surpris :
chemins de fer, réseaux d’eau potable, centraux téléphoniques.
Les Equatoriens ne veulent rien savoir. Leurs dirigeants du moins...
Car le PNB/habitant est un des plus faibles de la planète.
(d’après le Canard enchainé du 18 octobre)
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Exporter ou mourir
Les pays développés sont en train de camoufler leurs difficultés
en détruisant tout le tiers monde. Je m’explique : la machine
remplace peu à peu l’homme et quoi qu’on en dise, on ne créera
jamais plus assez d’emploi pour tout le monde. Alors, pour tenir le
coup, les pays riches doivent absolument exporter (sinon toutes leurs
usines tourneraient à vide). Ils exportent leur déséquilibre.
Ils achètent pour rien des matières premières aux
pays sous-développés et ils revendent les innombrables
engins ou produits qui ne leur servent à rien, de la centrale
nucléaire au Burkina-Faso aux technologies de pointe vendues
à des pays qui ont surtout besoin qu’on leur creuse des puits
!
(Télérama du 30 août.
Envoi de J. Brébion, Eragny-sur-Oise)
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Trotsky
Au moment où s’ouvre le processus de réintégration
de Léon Trotsky dans les fichiers bibliographiques et bientôt
dans les manuels d’histoire, la question se pose de savoir pourquoi
l’appareil bureaucratique avait tenté de l’en chasser à
jamais, n’hésitant pas à le faire assassiner pour lui
fermer définitivement la bouche.
Que retiendra l’histoire de ce compagnon de Lénine ? Le souvenir
du révolutionnaire, du chef de l’Armée rouge ou de l’adversaire
irréductible du stalinisme,certes. Mais, surtout, ce qui va se
perpétuer c’est le contenu de ses écrits qui fait de lui
un des plus fins analystes de la société civile et des
questions culturelles de son temps. Tel est l’enjeu du livre de Pierre
Broué, édité par Fayard. Un ouvrage qui a sa place
dans la bibliothèque d’un abondanciste.