Une économie de chômage ?
par
Publication : mars 1982
Mise en ligne : 12 janvier 2009
Que l’on ne puisse trouver le vrai remède au chômage en
régime de profit, nous en sommes tous pleinement convaincus.
Donner les moyens aux chômeurs qui le désirent et se jugent
capables de subvenir au moins à leurs besoins éventuels,
tout Pouvoir sincèrement épris de justice devrait en faire
un droit pour les intéressés.
Remise en culture de terres en friche, remise en marche d’usines ou
d’ateliers fermés, etc... : voilà quelques moyens parmi
d’autres.
Mais reprendre les idées du mouvement communautaire en les replaçant
dans une structure distributive parallèle n’est pas, loin de
là, le seul moyen d’en sortir. Et cette structure est viable
dans la mesure où les participants réussiront eux-mêmes
à créer leur énergie et leurs matières premières.
Envisager le plan d’Hunebelle parmi les moyens de lutte contre le chômage,
d’accord. Mais créer un secteur isolé du reste de l’économie
et le présenter comme le fer de lance de notre programme, je
ne suis plus d’accord.
Que la lutte pour nos idées soit harassante, j’en conviens. Mais
ce n’est pas au moment où le Capitalisme emprunte au Socialisme,
distributif ou non, de plus en plus de béquilles pour survivre,
qu’il faut « jeter le manche après la cognée ».
Qu’observons-nous aujourd’hui ?
Tout ce qui dégage un supplément de pouvoir d’achat, même
si c’est lié aux horreurs ou à l’inutilité, tend
à débloquer l’Economie.
Selon les « lois » économiques classiques, toute
activité économique devrait avoir cessé depuis
longtemps déficit budgétaire perpétuel, «
inflation », etc...
Or, ça grince tant que ça peut, mais ça continue.
Et je ne parle pas de l’augmentation de la production.
La transition vers l’Economie Distributive se fait tous les jours. Souvent
très mal, mais elle se fait. Notre rôle est d’en imposer
l’accélération et l’amélioration. Point n’est besoin
de la monnaie spéciale pour cela, dans l’immédiat. Même
peut-être pendant longtemps.
La dépréciation ? L’inflation ? J’ai déjà
montré une ou deux-fois, je crois., la relativité de ce
phénomène.
Là encore, il faut savoir de quoi on parle et que ce soit clair
: j’appelle « inflation » uniquement la hausse des prix
imputable à un excès de la demande. Comment l’évaluer
aujourd’hui, à travers les multiples causes de hausse, énergie,
matières premières, salaires, impôts. etc...
Une grande partie des hausses s’explique par les répercussions
de prélèvements : prélèvement par Vint.
pot, sur la trésorerie des entreprises par les salaires... Ou
encore par l’utilisation de la monnaie dans les gaspillages : armements,
ou autres dépenses inutiles ou nuisibles.
Je parie volontiers que l’application du plan Barillon, qui devrait
toujours être notre objectif principal, n’entraînerait qu’une
hausse minime et pourrait même s’accompagner d’une véritable
stabilité. Rappelons-en, une fois de plus, les grandes lignes
: hausse progressive, mais rapide, de tous les petits revenus. financée
par création monétaire.
Cela éviterait beaucoup de subventions, tout en permettant de
savoir quels sont les besoins les plus urgents à satisfaire,
donc, d’orienter correctement notre économie. La même méthode
peut être appliquée à la création d’emplois
dans les services publics, les énergies douces, la protection
de l’environnement, la mise en couvre d’un vaste plan forestier, etc...
J’ajoute que ces mesures peuvent s’accompagner d’un blocage des prix,
non hypocrite celui-là : pas de charges nouvelles.