Au fil des jours

Chronique
par  P. VINCENT
Mise en ligne : 30 juin 2007

 Sur le sort des veuves, un futur Président éploré

Nicolas Sarkozy a eu raison, lors du débat du 2 mai au soir, de déplorer l’insuffisance des pensions d’un grand nombre de veuves.

Mais en même temps il faisait l’apologie de la réforme des retraites par son ami François Fillon. Or, les économies réalisées par celui-ci au profit de la CNAV le sont au détriment de certaines pensions de réversion.

J’avais à l’époque poussé ce cri d’alarme : « Ingénieurs et cadres, si vous aimez vraiment votre épouse et voulez lui épargner une vieillesse misérable, mourez avant l’entrée en application du nouveau mode de calcul des pensions de réversion concocté par le gouvernement Raffarin. » Cela avait été publié dans Le Monde du 1er octobre 2004, puis dans la Revue des Ingénieurs du 4ème trimestre 2004.

Pour les mesures les plus choquantes, la réprobation générale avait conduit le gouvernement à faire machine arrière, mais d’autres subsistent, et une future veuve qui m’est proche verrait ainsi sa pension de réversion de la CNAV amputée des deux tiers.

Je ne pense pas que cela fera perdre beaucoup de voix à Nicolas Sarkozy [1] mais c’est dommage que la gauche n’ait pas su dénoncer ce scandale du massacre des pensions de réversion par la loi Fillon sur les retraites et que beaucoup l’ignorent.

Concernant mon sentiment sur le reste du débat, je regrette que les professionnels de la politique se fassent “coacher” par des professionnels de la publicité, de la communication ou du spectacle, et surjouent parfois leur personnage comme dans une comédie de boulevard. Je préfére la spontanéité d’un amateur comme le jeune Olivier Besancenot.

 
Quelle France ?

Jean-Pierre Rosnay, du Club des poètes [2], se souvenant de son adolescence qu’il passa les armes à la main dans les maquis de Haute-Savoie et du Vercors, écrivit :

« Ils disaient tous Ma France ou la France éternelle
Moi je t’aimais et je ne disais rien,
Je n’avais pas seize ans, France, tu t’en souviens
Ils disaient tous ma France ou la France éternelle. » [3]

La France, la France, la France ! psalmodiaient Pétain et ses sbires, tout en organisant la livraison du pays aux nazis.

On l’a vu pendant la campagne électorale : il n’est pas impossible de prétendre défendre par la parole les valeurs que l’on souhaite démolir.

En cette époque anniversaire de la défaite de l’Allemagne nazie, ayons donc une pensée pour Manouchian, un travailleur immigré d’origine Arménienne, fusillé par les nazis, avec ses compagnons, eux-mêmes travailleurs immigrés, désignés à la vindicte des “bons Français” par la fameuse “affiche rouge”, que le poète Louis Aragon a gravée dans notre mémoire :

« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants.
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos “morts pour la France” »

Période exaltante et difficile où les immenses douleurs étaient portées et supportées par un immense espoir.

Souvenons-nous que le Programme du Conseil National de la Résistance, publié le 24 mars 1944, se proposait de fonder une société plus juste et solidaire.

En voici quelques extraits :

« • le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

• l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

• le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;

• un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

• la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

• un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État. »

Alors que vous vous apprêtez à voter, rappelez-vous que c’est en grande partie grâce à ceux qui, il y a un peu plus de soixante ans, se sont battus pour offrir à notre pays la liberté.

Il n’est sans doute pas tout à fait inutile de rappeler le projet d’une société ouverte, juste et solidaire, qu’ils portaient.

 
Fête de la Victoire... sur l’esprit de mai 68.

Vite, tous les chômeurs à l’ANPE, pour empêcher les déshérités du Tiers-Monde de venir leur piquer les plus sales boulots !

L’esprit de jouissance ne l’a pas à nouveau emporté sur l’esprit de sacrifice comme en 1936.

Les Français ont bien compris que le Fouquet’s, les boîtes de nuit chic, et les yachts de 60 mètres, c’était pas pour tout le monde.

Et cette retraite, pas tout à fait monacale, aurait coûté dans les 200.000 euros, soit une quinzaine d’années de travail d’un smicard…

Il paraît que tout cela est offert par de riches copains et que Nicolas a payé de sa poche la note du Fouquet’s. Cela me rappelle Houphouët-Boigny qui prétendait avoir pu financer la cathédrale de Yamoussoukro en cassant la tirelire de sa petite soeur.

Les descentes aux Halles de Rungis à l’heure de sortie des boîtes de nuit, pour encourager les Français qui se lèvent tôt, j’ai l’impression que c’est terminé pour un moment.

Ce qui me fait moins rire, c’est de voir au PS des vautours qui semblent se réjouir de l’échec de Ségolène et espèrent en profiter. Je peux garantir à Dominique Strauss-Kahn que s’il avait été candidat, le PS n’aurait jamais eu ma voix.

Les prochaines semaines vont être passionnantes !

 
Le Président Nicolas Sarkozy va-t-il kouchneriser la planète ?

Qui se souvient [4], c’était en 2004, d’un rapport par lequel Bernard Kouchner validait les bienfaits que Total avait apportés au Myanmar, sans parler de ceux apportés à Total par les généraux birmans (c’est-à-dire en passant ces derniers sous silence) ?

Avec un tel diplomate, ni la France, ni Total, ne devraient plus avoir aucun ennemi.


[1Ce texte, on le voit, a été écrit avant les élections présidentielles… qui ont montré que Sarkozy doit son élection aux plus de 65 ans : s’ils n’avaient plus le droit de vote, ont écrit les analystes, c’est Sergolène qui aurait été élue, car elle a obtenu une large majorité chez les jeunes.

[2Jean-Pierre Rosnay, Marcelle, Blaise et leurs amis organisent des soirées poétiques, libres ou “à thème ” tous les mardi, vendredi et samedi soir. Le 8 mai, leur thème était la Résistance, avec des poèmes de Desnos, Aragon, René Char, Paul Eluard, etc. Consultez leurs sites : blaise.rosnay hotmail.com http://www.poesie.net Et voici leur adresse : Club des Poètes 30 rue de Bourgogne 75007 Paris

[3extrait du poème “France” publié aux éditions Gallimard.

[4On en trouvera le rappel, fait par l’auteur, dans l’encadré intitulé “Bernard Kouchner expliqué pour les nuls”, reporté plus loin, en page 12.


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