Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : novembre 1980
Mise en ligne : 13 mai 2008

  Sommaire  

Toréador, prends garde...

M. Emile Bizet est député R.P.R. de la Manche. Il a déposé un projet de loi tendant à autoriser les hormones naturelles dans la production des denrées alimentaires (entendez la production du veau). Son fils, Jean Bizet, docteur vétérinaire, a soutenu une thèse sur « les anabolisants et l’élevage du veau ». Il vole au secours de son père. Et pour cela, il a écrit au « Monde » une longue lettre dont nous avons extrait quelques passages significatifs : « Pour l’éleveur l’intérêt économique des anabolisants est certain. Le consommateur, quant à lui, n’est pas lésé pour autant ». (Même si ce qu’il mange est insipide et réduit de moitié à la cuisson ?).

S’appuyant sur une étude américaine, le Dr Bizet ajoute : « La situation est donc parfaitement claire. Les substances hormonales doivent être considérées comme des adjuvants indispensables de l’élevage du veau de boucherie. Leur utilisation conduit à un gain de production variant entre 150 et 200 francs par animal ».

On commence là à voir pointer le bout de l’oreille du profit... pour papa Bizet dont les électeurs sont essentiellement des éleveurs de veau et pour le fiston vétérinaire dont les clients sont les mêmes éleveurs. Mais ça ne s’arrête pas là. Le Dr Bizet veut de surcroît jouer sur notre corde sensible. Il écrit encore : « Des millions d’êtres humains meurent de faim et chaque implant d’hormone naturelle permet d’améliorer les gains moyens journaliers et d’abaisser l’indice de consommation des animaux traités. Si on prend la peine de faire le calcul, chaque veau implanté gagne quotidiennement 200 grammes de viande, sur 70 jours, et multiplié par 4 millions de veaux abattus chaque année, cela représente 56 000 tonnes de viande supplémentaire... » ...Que les éleveurs normands, ou autres, s’empressent, n’en doutons pas, de fournir gratuitement aux affamés du Tiers Monde !

Mais ce n’est pas fini. Après avoir reconnu être conscient de l’absurdité du « circuit du lait » qui consiste d’abord à dépenser 200 000 tonnes de fuel par an pour éliminer l’eau du lait et en faire de la poudre que l’on réhydrate ensuite pour la donner aux veaux, qui fourniront eux mêmes une viande insipide, M. Bizet déclare froidement : « Mais pour l’instant, il faut reconnaître que cette industrie nous laisse un solde positif considérable (1,3 milliard de francs si l’on déduit le coût de l’énergie), qu’elle permet de régulariser l’offre du lait..., qu’elle offre du travail à quelque 8 à 10 000 salariés dans les zones rurales sous-industrialisées (Ouest de la France) ». (Les sous-industrialisés, ce sont les électeurs de papa Bizet !).

Et, sans aucune pudeur, le Dr Bizet conclut : « Alors, à côté du bilan énergétique et gastronomique qui s’avère négatif, il faut parler aussi du bilan économique et du bilan social qui, eux, sont très nettement positifs ».

Espérons que les jurés (je veux dire les consommateurs-clients électeurs) apprécieront et renverront les Bizet père et fils à leurs chères études.

 

En lisant le budget 1981...

Qui disait que l’Etat ne créait plus d’emplois ?

La gendarmerie bénéficie d’un accroissement de budget de 17,8 %. Cela devrait lui permettre d’augmenter son parc de matériel et de créer 725 emplois auxquels s’ajouteront, grâce à un fonds de concours versé par E.D.F., une vingtaine de postes supplémentaires destinés à renforcer les brigades territoriales là où il y a des centrales nucléaires. Mais qui donc disait : « Etat nucléaire = état policier » ?

 

Les Soviétiques, qui pourtant ne font pas de sentiment en matière d’énergie nucléaire, veulent diversifier leurs sources d’énergie. Ils préparent une énorme centrale marémotrice d’une puissance de 10 000 Mégawatts, c’est-à-dire l’équivalent d’une dizaine de nos plus grosses centrales nucléaires, qui serait installée sur les bords de la Mer Blanche. L’amplitude des marées dans les zones considérées est de l’ordre de dix mètres. (Elle atteint douze mètres dans la Baie du Mont Saint-Michel...).

 

Dans le « Monde de l’Economie  » du 14 octobre dernier, le Directeur Général des Etudes de la Banque de France, M. Pierre Barre, écrivait : « L’affermissement de la demande tant interne qu’externe, s’est traduit en 1979 par une augmentation de la production légèrement supérieure 3 % en francs constants...

L’accroissement de l’activité n’a pas eu d’incidence favorable sur l’emploi et une régression clés effectifs qui avoisine en moyenne 2 °i° apparaît dans tous les compartiments de l’industrie... ».

Autrement dit, le chômage croît avec la production.

Il y a longtemps que nous le disons et que nous proposons des remèdes qui ne consistent pas en la création d’emplois tertiaires inutiles, comme aux Etats- Unis où la politique, dite de « plein emploi » se traduit par une baisse spectaculaire de la productivité.


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