Aujourd’hui, celles d’un économiste distingué
par
Publication : juin 1977
Mise en ligne : 19 mars 2008
Divers ouvrages économiques sérieux
ont consacré de courtes notices à l’Economie Distributive.
En général, ils en exposent assez clairement les thèses
fondamentales ; cependant les observations succintes dont ils les commentent
sont souvent peu objectives.
C’est ainsi, par exemple, qu’un de nos lecteurs, Jean-Louis Lenclos,
nous transmet l’article consacré par Alfred Sauvy à la
doctrine de l’Abondance dans l’« Histoire Economique de la France
entre les deux guerres » (Payot). Cet article la résume
très bien, en trois propositions, mais il la fait suivre d’assez
longs commentaires critiques.
1°- A. Sauvy approuve entièrement la condamnation du Malthusianisme
economique et de la recherche de la rareté, qui constituent les
bases de départ de l’Economie distributive. Dont acte !
2°- Il admet que la mévente et le chômage résultent
du fait que les hommes, et surtout les salariés, ne reçoivent
pas de pouvoir d’achat suffisant. Il ne confond pas non plus les besoins
réels et les besoins solvables.
Le seul reproche que A. Sauvy fait à J. Duboin c’est l’absence
d’évaluation des besoins objectifs véritables.
Or chacun sait que la notion de besoin est nécessairement floue,
surtout lorsqu’elle s’étend à l’ensemble de la population
et non seulement aux salariés. Il ne s’agit pas tant de les évaluer,
mais de les cerner. D’ailleurs les économistes officiels n’évaluent
que les besoins solvables, les seuls qui intéressent le régime
du profit.
Le nouveau système, l’économie distributive - qui est
un humanisme - le fera lorsqu’il sera en place (1). Jacques Duboin l’avait
d’ailleurs annoncé dans ses ouvrages. On ne peut sérieusement
lui reprocher de ne pas le faire dès à présent !
3°- Les progrès considérables de la machine et de
l’outillage résolvent les problèmes de production. C’est
la distribution des produits qui est malthusianiste tant qu’on produit
pour vendre et non pour consommer.
Sans condamner formellement ces propositions, A. Sauvy estime qu’elles
négligent le personnel « indirect » du secteur tertiaire
qui remplace, en partie, le personnel « direct » de la production
faite par les machines et non par les hommes.
C’est sans doute vrai en partie (2). Mais alors on peut se demander
d’où proviennent les actuels chômeurs ! Ne serait-ce pas
parce que la « fuite en avant », à laquelle est condamné
le capitalisme, ne s’accompagne pas de la solvabilisation des besoins,
souvent artificiels, qu’il crée ?
Nous ne contestons pas le progrès, au contraire, mais nous contestons
le système capitaliste qui ne permet pas de distribuer la production
qu’il permet.
C’est ce qui nous différencie des économistes officiels
qui, par ailleurs, ne proposent aucune explication valable à
la crise qui secoue le capitalisme et qui est institutionnelle.
A. Sauvy finalement estime que l’optimisme est le caractère essentiel
de nos doctrines mais qu’elles présentent un défaut principal
qui est l’anticipation ! Si elles sont redoutées, et discrètement
combattues par les communistes et les socialistes, ce serait parce qu’elles
surenchérissent en, promettant le régime distributif immédiatement,
sans passage par un socialisme constructeur de transition.
Il s’agit là d’un autre aspect du problème. L’essentiel
est que les analyses de J. Duboin, et ses propositions, ne sont ni insuffisantes
ni superficielles comme A. Sauvy l’écrit en conclusion de son
article ; sans doute parce que le bât le blesse !
(1) Puisque c’est la consommation, et non plus la
recherche du profit, qui déterminera la production ((N.D.L.R.).
(2) Mais le devient de moins en moins au fur et à mesure du développement
de l’informatique (N.D.L.R.).