COMME prévu, la campagne électorale
est ouverte pour 1978.
Avec toute la fouge caractéristique des luttes politiques dans
les pays latins, majorité et opposition ne manquent aucune occasion
de croiser le fer dans la presse, à l’Assemblée, à
la télévision.
Qu’en pense Monsieur Tout le Monde, confronté aux réalités,
c’est-à-dire à la vie chère, à la dégradation
de l’environnement, au chômage ?
TOUS LES MEMES...
UNE constatation de fait ne cesse de me frapper au
cours des discussions individuelles : le désabusement quasi général,
la conviction intuitive qu’il ne servira à rien de changer les
hommes et que les maîtres de demain, quelle que soit leur étiquette,
se heurteront aux mêmes problèmes, adopteront les mêmes
faux remèdes. Il y aurait bien sûr des changements de camp,
certains privilégiés d’hier ou d’aujourd’hui se trouvant
évincés par les vainqueurs ; mais en dehors de ceux qui
espèrent en être les bénéficiaires personnels
directs, ce classique chassé-croisé enfanté par
les révolutions n’apparaît pas aux yeux de l’opinion comme
un objectif hautement souhaitable.
Alors ? Eh bien on laisse aller ; on vit au jour le jour, essayant de
s’aménager dans la jungle une position aussi confortable que
possible, et advienne que pourra, puisque les arguments échangés
renforcent la conviction d’une sorte de fatalité à laquelle
les hommes de ce siècle ne peuvent échapper.
PAS DE SOUS
DES réactions de cette nature ont été
tout particulièrement perceptibles lors de la publication par
le parti communiste de l’évaluation du coût du Programme
Commun et du débat télévisé entre M. Mitterand
et le Premier Ministre.
Qui paiera ?
Les Entreprises, répondent les partis d’opposition. Impossible,
répliquent, chiffres en mains, les représentants des thèses
gouvernementales, et, dans une revue de presse à la radio, j’ai
entendu à peu près textuellement ceci :
« Tout se passe comme s’il existait actuellement en France un Trésor
caché susceptible de résoudre tous nos problèmes
d’un coup de baguette magique. Ce sont les entreprises qui sont accusées
de détenir ce Trésor et, pour le leur arracher, certains
sont décidés à leur faire subir le sort de la poule
aux oeufs d’or. »
Il y a dans ce commentaire le reflet d’une erreur fondamentale et le
germe d’une vraie solution.
Erreur fondamentale si nous restons dans le cadre du système
économique actuel et si le fameux Trésor est un pactole
financier, c’est-à-dire factice, car les crédits, ou les
billets de banque, ne sont qu’un moyen d’exploiter les vraies richesses.
Dans ce domaine il est enfantin de prouver que le Trésor n’existe
pas, et que le financement du Programme Commun ou de tout autre ensemble
de réformes sociales importantes est hors de portée.
Par contre, il est bien ; évident que les entreprises ont en mains
le vrai Trésor : la capacité productive de biens et de
services. Les hommes ont besoin de nourriture (saine), de logements
(humains), de produits de consommation de toute nature (vraiment utiles),
et seules les entreprises sont en mesure de les mettre à leur
disposition.
Elles le font et sont parfaitement capables d’accroître leurs
performances aussi bien en agriculture que dans l’industrie, puisque
nous croulons sous les excédents alimentaires et que toutes les
grandes branches industrielles se plaignent de tourner bien au-dessous
de leurs capacités ! Pour elles, le seul problème est
de VENDRE, c’est-à-dire de trouver des clients. Or les clients
ce ne sont pas seulement des hommes ayant des besoins, ce sont avant
tout des hommes ayant des besoins solvables, donc nantis d’un pouvoir
d’achat susceptible d’absorber, globalement, tout ce potentiel de production.
Malheureusement les entreprises (et qui pourrait honnêtement le
leur reprocher) font ce que fait tout individu sain d’esprit chargé
d’exécuter une tâche : elles recherchent les moyens d’accomplir
cette tâche avec le minimum d’efforts, donc avec le moins possible
d’heures de travail. Et, ce faisant, elles éliminent du même
coup leurs futurs clients.
PAS DE MIRACLE
APPELS à l’Etat, subventions, allocations,
.... déficits budgétaires, inflation monétaire,
hausse des coûts, .... les cycles se succèdent-et se ressemblent
et, dans toutes les sociétés, qu’elles soient de type
collectiviste ou de type libéral, l’économie de marché
accumule les faillites, les carences, les preuves de son impuissance
totale à s’adapter aux progrès techniques.
C’est donc bien elle qui est en cause, et non le type politique de société
auquel on voudrait limiter notre choix. C’est donc bien elle qu’il faut
éliminer et remplacer par l’Economie des Besoins dans laquelle
le Revenu Social devient possible grâce à la réforme
monétaire qui restitue à la monnaie son rôle de
simple instrument de mesure et de répartition des vraies richesses.
Oui, le Trésor existe et il est possible de l’utiliser pour le
plus grand bien de tous sans léser personne. Mais il n’y aura
pas de miracle et notre grande responsabilité est d’en persuader
tous ceux qui n’ont pas encore pris conscience du magistral coup de
projecteur dont Jacques DUBOIN a éclairé la route de notre
avenir.