Le maire de Paris avait en effet publié dans ce journal le 21 juin dernier un ramassis de propositions illusoires, présentées sous forme de « la prochaine révolution dont la France a besoin pour remettre cinq millions de chômeurs au travail » , priorité des priorités. D’abord utiliser "les moyens existants" : budgétaires, le financement de grands projets, tel le TGV-Est dont la construction créera 80.000 emplois ; fiscaux, réduire les taxes ; monétaires, réduire les taux d’intérêts. Ensuite favoriser la création d’emplois en diminuant les charges correspondantes qui pèsent sur les employeurs, ce qui permettra une augmentation des salaires, "comme en Allemagne" donc augmentera la consommation, donc les emplois (… !), en introduisant une taxe sur la pollution et en favorisant un meilleur style de vie pour les employés. D’après ces déclarations que faisait J. Chirac aux Anglais, notre économie a ceci de particulier que la croissance crée chez nous moins d’emplois qu’ailleurs et ceci est dû au fait que les services locaux sont moins développés en France que, par exemple, aux Etats-Unis ou au Japon ! Enfin, nous ne préparons pas assez bien notre jeunesse au monde du travail ! Jacques Chirac rassemblait tous les "bateaux" qui trainent ça et là pour les présenter comme un nouveau contrat social de son cru et destiné à assurer à notre société le changement dont elle a besoin.
Cinq jours plus tard, The Guardian publiait la réponse cinglante de Kevin Donnelly : « beaucoup de gens comme Jacques Chirac prétendent que le retour à l’emploi est vital pour la prospérité, mais on ne nous explique jamais pour quoi faire et combien ces emplois seront payés. Aucun pays ne manque de producteurs. Ce qui manque, ce sont les consommateurs pour acheter la production qui existe ! Produire plus ne ferait qu’exacerber le problème et certainement aussi la détérioration de l’environnement. Ces beaux programmes de création d’emplois tendent à créer des emplois dont on n’a pas besoin, tout en négligeant les travaux qui sont nécessaires. Je n’ai jamais vu tant de gens dont le travail est de chercher du travail pour d’autres ! En France comme en Grande-Bretagne, il y a un besoin urgent de constructions de logements et de réparations qui devrait être le programme de tout futur gouvernement. Mais le premier point d’un tel programme doit être une réforme monétaire pour qu’un gouvernement élu soit en mesure de créer ses propres crédits, sans intérêt à payer pour cela ». En fait, ajoute K. Donnelly, le contrat social que J. Chirac décrit a été présenté depuis longtemps par des penseurs français sous la forme d’un service social, par lequel tout individu apporte sa contribution à la société, et d’un revenu social qui permet à chacun d’acheter la production réalisée. Si cela impose un nouveau type de monnaie, d’accord ! »
Que peut-on rêver de plus efficace : voici la preuve que les efforts de Kevin « pour bien comprendre nos idées économiques » portent d’excellents fruits, au point que The Guardian s’en fait l’écho !

