Compétitivité ou convivialité ?
par
Publication : janvier 1985
Mise en ligne : 24 février 2009
Les voeux qu’exprime Albert Chantraine sont ceux de
toute l’équipe de la Grande Relève, unie avec ses lecteurs
pour lutter pour un monde meilleur parce que ce monde est enfin possible,
même si trop peu de gens en ont pris conscience.
On aimerait, quand commence une nouvelle année, trouver dans
l’actualité au moins l’ombre d’une vague perspective qui ferait
entrevoir ne fut-ce qu’un soupçon d’espoir d’une petite évolution
de nos responsables, dans le bon sens... Hélas, quelle rage de
voir que nos gouvernants, non seulement suivent une politique qui est
à l’opposé du socialisme à la Française
qu’ils promettaient avant 1987, mais, et c’est bien plus grave, font
l’apologie de toute une idéologie arriviste dans laquelle l’idéal
est de gagner de l’argent, n’importe comment et à n’importe quel
prix, fut-ce au mépris de l’homme. Jean Malrieu dénonce
dans nos colonnes l’évolution du Nouvel Observateur qui après
avoir été le porte parole de ceux qui rêvaient d’un
changement vers un monde plus convivial, donc véritablement socialiste,
exalte aujourd’hui cette sordide mentalité de la loi du plus
fort, comme dans la jungle.
Parvenu au pouvoir, porteur de tant d’espoirs, le parti socialiste se
devait d’utiliser tous les moyens, qui lui étaient donnés,
pour tenter de « sortir du capitalisme en crise », comme
il l’avait annoncé dans son projet socialiste qui précisait
: « il ne s’agit pas pour nous d’aménager le système
capitaliste mais de lui en substituer un autre ». S’il avait été
alors démontré que ceci était rendu impossible
par la coalition parfaite (???) de tous les autres pays refusant désormais
(contre leurs propres intérêts commerciaux), tout échange
avec nous, alors on aurait compris que le PS changeât sa stratégie,
qu’il entreprît de préparer, d’abord, par exemple, avec
ses partenaires européens en proie à la même crise,
une sortie concertée de cette crise. Mais sans trahir l’idéal
de tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui n’aspirent
qu’à vivre ensemble le plus convivialement du monde.
Au lieu de cela, on assiste à un veule suivisme de l’idéologie
dominante, parce qu’agressive. On continue à élever chaque
enfant dans une certaine idée du monde, à lui apprendre
qu’il doit montrer qu’il est le meilleur en prenant, en toute circonstance,
la première place. On présente les Etats-Unis comme le
modèle de la réussite économique, en oubliant que
ce grand pays a retardé autant qu’il l’a pu l’acheminement de
vivres vers ceux qui mouraient de faim en Ethiopie, parce que l’Ethiopie
a un gouvernement marxiste. Enfin en France même, face à
la montée du chômage et de la pauvreté qui en est
la conséquence logique, les médias n’imaginent pas d’autres
remèdes que l’appel à la charité que lance l’abbé
Pierre. Les médias amplifient cet appel, mais cela ne remet rien
en cause. La charité a existé de tout temps, elle soulage
mais elle ne résout rien. Ce grand élan de solidarité
soulevé par l’abbé Pierre prouve au moins que l’homme
peutêtre sensible à la misère d’autrui et donc qu’il
est un être sociable. Mais nous ne sommes plus au Moyen-Age. Nous
avons, au XXe siècle, d’autres moyens que la charité pour
assurer l’épanouissement de tous. Ce n’est pas par des aumônes
que nous résoudrons les problèmes de société
dans les pays industrialisés et à plus forte raison, ceux
du Tiers-Monde. Ce n’est pas en développant l’assistance que
nous évoluerons vers la société sans pauvre QUI
EST POSSIBLE !