Incohérences libérales
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Publication : août 1986
Mise en ligne : 24 juin 2009
Le credo du libéralisme : liberté, initiative, responsabilité. La liberté ? Essentiellement : celle, propre aux détenteurs des moyens de production et de distribution, aux professionnels indépendants prestataires de service, d’exploiter autrui, son travail, ses besoins, à travers prix et profits, l’Etat complice. Responsabilité ? Une viande creuse. Sûreté, garanties, assurances, contrats ont pour rôle de l’éluder. Et quand il s’agit de payer, d’indemniser, de confesser ses torts, d’en endosser les conséquences, de porter le chapeau, c’est le sauve-qui-peut. Quant à l’initiative, elle se manifeste plus souvent au niveau des personnels salariés, quel que soit le régime ; et puis, l’initiative au service de quoi : du seul profit, du gaspillage ou de l’utilité pour le plus grand nombre ? That is the question.
Politique étrangère reaganienne : Elle
tend à imposer aux Nations le système libéral américain
de répartition des richesses. Agacées par les succès
grandissants de l’économie socialiste soviétique, inquiètes
des perspectives du nouveau Plan, les équipes reaganiennes cherchent,
par le biais d’une course aux armements sans précédents
quant à son ampleur, à en freiner l’expansion voire, à
lui imposer la lourde charge d’une guerre qui détruirait son
énorme potentiel industriel.
La stratégie américaine vise ainsi à compromettre
le développement économique, social et culturel de l’Union
soviétique. Elle consiste, pour l’essentiel, à multiplier
les provocations dans les zones sensibles afin de tenir en alerte permanente
ses forces armées. Elle contraint l’adversaire à entretenir
une défense de plus en plus coûteuse. Celle-ci absorbe,
au détriment de la production sociale, encore insuffisante pour
un temps, une importante partie des ressources et de l’emploi.
Parallèlement, une propagande désinformatrice s’acharne
à ruiner les efforts en faveur de la Paix, en prêtant aux
Soviétiques des visées agressives, hypothèse d’école
dont les médias font leurs choux gras, alors que l’amélioration
des conditions et genres de vie de la population, objectif devenu prioritaire,
postule la paix à tout prix.
Un tel objectif a de quoi rendre inquiètes les têtes pensantes
du libéralisme reaganien, l’exemple venu de SATAN risquant de
faire tache d’huile dans l’aire surprotégée du capitalisme
libéral et de conduire les victimes du profit à se révolter
contre l’injustice et l’insécurité.
Un million de dollars pour une commode Louis XV :
mais une nuée de sous-clochards gitant dans le métro de
New York. Le reaginisme n’a fait qu’accentuer les inégalités.
Il conduit aux antipodes des idéaux qui servent de paravent à
la théologie du capitalisme.
Quant à l’origine des fortunes, bien peu semblent s’en soucier,
chacun se bornant à s’extasier sur des « réussites
» auxquelles seul l’argent sert de critère. Celle d’un
MARCOS, faite de pots de vin, de détournements d’aides, ne doit
certes rien ni à la création, ni à la responsabilité,
ni à l’initiative si ce n’est d’avoir saigné son peuple
qui, aujourd’hui, réclame, à juste raison, le retour au
Trésor public, de 3 milliards de dollars embarqués par
l’ex- dictateur.
Liberté des loyers, liberté des prix : Labos, médecins et pharmaciens haut les coeurs ! Inconditionnels du libéralisme, fidèles supporters de l’ex- opposition, ils n’ont pas été oubliés. Question de se serrer la ceinture, de connaître « la douleur et les larmes », l’usager et le consommateur n’ont encore rien vu.
L’Europe des Stocks. Productions en hausse. Marchés plus étroits. La gestion des marchés devient celle des stocks : stocks de viande, de céréales, de produits laitiers, nonobstant des montagnes de produits industriels en mai de clients. Les paysans se ruinent à bien produire. Leurs efforts ne leur rapportant que des déboires. L’entrée de l’Espagne et du Portugal ne va rien arranger. Si les cours s’effondrent au niveau des producteurs, ils tendent à grimper, en revanche, chez le boucher, le charcutier, boulanger et pâtissier, qui se remplissent la poche. Le rachat, pour la C.E.E. des excédents, coûte une fortune au contribuable. Du moins les fonctionnaires bruxellois ont-ils du pain sur la planche et font-ils ce qu’ils peuvent pour que l’Europe ne sombre pas. 1 % de majoration pour la TVA, là se borne leur imagination pour assurer les fins de mois d’une organisation qui prélève déjà plus de 5 000 milliards de centimes sur le seul contribuable français.
Dévaluation : les paysans dindons : La gent
des spéculateurs boursiers trouve toujours de nobles prétextes
pour justifier ses mauvais coups. Ce que les producteurs ont gagné
en matière de prix, les coûts n’en feront qu’une bouchée
: engrais américains, hormones de Suisse et des Pays-Bas, tracteurs
allemands et américains avec leurs rechanges, la note sera salée.
Mais la dévaluation reste sans effet sur la marée noire
de l’abondance, seule coupable de la chute des prix et que le progrès
ne cesse d’encourager.
On en revient donc à l’Etat- providence, à l’agriculture
assistée, tout le contraire de ce libéralisme dont la
droite persiste à psalmodier l’éloge. Cependant la Providence
n’a qu’une besace d’où sortir ses présents ; la poche
des consommateurs salariés, retraités, chômeurs
et allocataires, poche dans laquelle elle puise sans vergogne.
Dévaluer favorise, dit-on, les exportations ? Commençons
déjà par réduire les importations seulement commandées
par le profit et qui condamnent au chômage les personnels des
entreprises concurrencées. D’autre part, les exportations vident
un pays du meilleur de sa production a seule fin d’enrichir les propriétaires
et dirigeant des entreprises exportatrices. Celles-ci négligent
ainsi le marché intérieur jugé moins intéressant
que la clientèle fortunée des pays à haut revenu.
L’emploi a bon dos pour justifier une dévaluation. Etalon de
mesure, la monnaie ne devrait pas être livrée aux caprices
des spéculateurs.
Légitimation de l’intérêt : Le crédit bancaire n’est pas toujours une simple mobilisation de dépôts d’épargnants qu’il est juste de rémunérer. Il comporte souvent une part de création monétaire que les banques ont accoutumé de rémunérer comme si elle prévenait d’une épargne, alors que les frais de gestion sont, ici, sensiblement les mêmes qu’il s’agisse d’un crédit de 10 millions ou d’un crédit de 10 000 F. Ainsi engrangent-elles des sommes considérables auprès de l’ensemble de leurs emprunteurs que des lobbies poussent à la dépense. Le montant de ces intérêts représentant une part non négligeable des charges qui, à travers les coûts, pèsent sur les prix, il serait de bonne politique d’ôter au prélèvement bancaire, son caractère aberrant et injustifié tenant à sa proportionnalité.