Il est incroyable de constater, au cours de n’importe
quelle conversation banale, que dans leur majorité les gens sont
incapables d’analyser ce qui, dans leur confort, leurs loisirs, leurs
besoins, est apparu le plus récemment dans l’Histoire, ce qu’il
en coûte en matières premières, en hommes, en conséquences
sur la santé de tous. Ils ne distinguent pas ce qui serait de
l’ordre de l’indispensable, parmi les activités produisant des
nuisances ou un taux élevé de risques humains, de ce qui,
n’ayant jamais existé jusqu’à présent, ne lèserait
personne.
Les activités auxquelles on les invite : l’offre précédant
la demande, la recherche devançant le faux problème, la
publicité et le crédit provoquant l’achat ... finissent
par être assimilées si totalement qu’ils croient devoir
les pratiquer à l’instar d’activités universelles et de
toute éternité, qui répondaient à des besoins
ou à des désirs de base, humains, irréductibles,
bien avant la toute récente société industrielle.
(1)
Exemple : il est très difficile de leur démontrer la différence
qualitative (politique, économique) qui existe entre un lieu
comme la piscine, où avec des moyens réduits, on enseigne
une activité depuis toujours précieuse sur la "planète
bleue"... ; la plongée sousmarine avec tel ou tel niveau
plus ou moins sophistiqué de matériel ; et les professionnels
du genre : "Défi de l’aventure", "Uschuïa",
"Sirocco", qui vivent du risque, à un niveau plus spectaculaire,
très rémunéré, d’un spectacle de l’Impossible
qui fait monter le sacré "audimat".
Ainsi se créent toutes sortes de productions dans tous les domaines,
dont la principale raison d’être est la création d’emplois,
la vente de matériels divers, de services, de "loisirs",
dont personne ne semble s’interroger sur leur véritable sens..
mais tout le monde s’y jette à corps perdu.
Du fait de certaines croyances répandues qui s’appellent "évolutionnisme"
(social !), "fatalisme" (religieux), "surpassement de
soi" (suspect) , "aventure" ... voire même lorsqu’il
s’agit de cette association de chasseurs qui prétendent rétablir
l’équilibre naturel des espèces ... par le fait de tuer
du gibier "comme" l’homme primitif (!!...)on voit surgir des
paradoxes, des fuites en avant. Comme si, à l’encontre d’une
société qui prétendrait avoir tout maitrisé
pour offrir (à certains) une douceur de vivre, d’autres éprouvaient
le besoin de consommer la dernière trouvaille dans un état
d’inconscience irrépressible.
A cause de ces idéologies-béquilles, qui équivalent
à une taie sur l’oeil de nos contemporains, rien de ce qui est
produit n’est remis en question, ne leur pose problème. Ils n’imaginent
pas que cela puisse venir à manquer ou être remplacé
par des produits plus rationnels, mieux adaptés, moins coûteux,
non polluants et accessibles à tous, à tous points de
vue.
(1) Par comparaison avec les quelque 3 millions d’années de l’humanité.