L’obstacle principal
par
Publication : février 1977
Mise en ligne : 17 mars 2008
Notre propagande pour l’Economie Distributive ne pourra
donner son plein effet que si, au préalable, nous parvenons à
convaincre nos concitoyens que le capitalisme a atteint un seuil où
il n’est plus sérieusement réformable.
Les exemples ne manquent pas pour étayer nos affirmations.
Nous devons expliquer, sans nous lasser, que le capitalisme ne peut
plus sortir de ses contradictions internes. Elles sont dues principalement
à l’emploi de machines et de procédés de plus en
plus perfectionnés qui éliminent la main-d’oeuvre.
Or, les travailleurs, pour vivre, ne disposent que de leurs salaires.
Cependant l’économie capitaliste est basée sur la vente
(avec profit, bien sûr) et si l’on ne peut vendre, il est inutile
de produire. On baptise cela « la crise ».
Jacques Duboin nous a enseigné ce qui précède depuis
longtemps. Il a été peu entendu. Or voici que l’on commence
à constater que cette « crise » est devenue permanente
; que le chômage ne disparaîtra plus ; que la monnaie perd
tous les mois de sa valeur d’achat ; que les machines ne travaillent
plus lamais à plein rendement ; que les gaspillages et les destructions
de marchandises continuent de plus belle ; que la fameuse règle
de « la liberté des prix grâce à la concurrence
» n’est plus appliquée depuis longtemps par les monopoles
et les trusts ; que ces derniers, par ailleurs, dirigent le pays sous
la férule des sociétés internationales ; que les
spéculations foncières ou autres, sont à la base
d’enrichissements scandaleux alors que nos dirigeants nous annoncent
que, « si « ça » ne va pas, c’est que nous
vivons au-dessus de nos moyens », etc., etc...
Les partis, syndicats et autres organisations de gauche ont, d’autre
part, abandonné tout modèle de société socialiste.
Ils ne savent plus comment remplacer ce capitalisme finissant où
le fascisme se profile sous des dehors libéraux. Ils se contentent
de préconiser des réformes, qui amélioreront sans
doute temporairement le fonctionnement du régime, mais ne changeront
pas ses structures devenues inadaptées au progrès.
Nous devons démontrer à ceux qui parlent au nom du peuple
qu’ils sont dans l’erreur s’ils conservent leurs positions devenues,
elles aussi, rétrogrades. Cette besogne de clarification doit
constituer l’argumentation de départ de notre propagande jusqu’à
ce qu’on nous dise : « Par quoi donc remplacer ce capitalisme
qui a fait son. temps ? ».
Nous pourrons alors proposer les thèses de l’Economie Distributive.
Elles constituent précisément un ensemble cohérent
d’un socialisme véritable adapté aux moyens modernes de
production et de distribution capables de créer, enfin, une abondance
de biens et de services pour le bien-être de tous.
Cette économie est devenue socialement nécessaire parce
que le capitalisme ne peut plus sortir de ses impasses et n’est plus
capable d’assumer son rôle de coordinateur des techniques modernes.
L’heure du socialisme ayant sonné, que propose l’Economie Distributive
? « La Grande Relève » l’a écrit cent fois.
Rappelons tout de même ses principes de base
- Emploi intensif des machines ;
- Suppression du profit et du salariat ;
- Revenu social « de base » égal pour tous ;
- Monnaie de consommation ;
- Autogestion de la production et de la distribution ;
- Organisation administrative démocratique partant de collectifs
de citoyens pour aboutir à un Fédéralisme Régional,
par délégations successives révocables.
Tout cela a déjà été expliqué plus
en détail. Il s’agit, en l’espèce, d’une Economie des
Besoins.
Personne ne peut nier qu’elle propose un véritable socialisme,
tel que l’ont préconisé les penseurs qui, en condamnant
le capitalisme, ont jeté les bases d’une appropriation collective
des moyens de production, qui est la définition même du
socialisme.
Mais pourquoi l’Economie Distributive n’est-elle donc pas acceptée ?
Disons tout de suite que l’obstacle principal est que les partis, les
syndicats (et presque toute la gauche) ne sont pas convaincus que le
capitalisme n’est plus réformable. lis ont peur de le condamner
totalement. Ils entendent réserver ses structures en conservant
une Economie marchande édulcorée et dirigée. Ils
estiment qu’une révolution totale, fondamentale, dans l’état
actuel de la toute-puissance des Etats (et de leurs organismes internationaux
telle la fameuse « trilatérale » à laquelle
appartient M. Barre) n’est pas envisageable et serait extrêmement
dangereuse.
Soit : mais même si ceux qui se réclament du socialisme
estiment qu’il est trop tôt pour appliquer une Economie des Besoins,
c’est-à-dire le socialisme véritable, que du moins ils
restent fidèles à leurs principes en la proposant comme
but final à leurs actions ponctuelles. La mentalité de
nos concitoyens en sera modifiée.
Au point où ils en sont de leur aveuglement (qui risque de conduire
les peuples à leur perte) ce serait déjà un bon
résultat que notre propagande aurait obtenu.
Ne nous lassons donc pas de militer dans ce sens.