La guerre des langues
par
Publication : octobre 1989
Mise en ligne : 7 avril 2008
Il est beaucoup question, en ce moment de la construction de l’Europe et, surtout, grace au bicentenaire de la Révolution française et de la déclaration des Droits de l’Homme, du respect des minorités culturelles.
Mais dans les faits, qu’en est-il vraiment ?
La guerre des langues ne donne pas l’impression d’être meurtrière. Cependant des êtres humains meurent à cause d’elle, à cause du gaspillage. Elle accapare des fonds qui pourraient et devraient être consacrés à assurer la sécurité des populations éprouvées par des catastrophes, par la misère et la maladie. C’est faute d’argent que des projets urgents ne sont pas entrepris, alors que l’O.M.S. et la C.E.E. consacrent des budgets colossaux à des tâches improductives et de prestige... le multilinguisme ! Et ceci malgré les résolutions et recommandations de l’UNESCO et les pétitions mondiales en faveur de la langue internationale.
On ne mettra jamais assez en relief tous les aspects dispendieux et discriminatoires des procédés actuels d’incompréhension, leur caractère scandaleux, parfois révoltant
Ceux qui tirent profit de la foire aux langues pensent
avant tout aux moyens d’accroitre leur marge bénéficiaire
et non à réduire les conséquences du chaos linguistique.
Le public n’est guère informé sur les conséquences
de la politique linguistique actuelle. Faute de bien comprendre la situation
dont il est victime, il demeure passif, crédule. Cependant, et
malgré les moyens matériels et financiers considérables,
ainsi que la publicité et les préjugés favorables
dont bénéficie la langue anglaise, il apparait évident
que la progression de cette langue est médiocre et que les résultats
sont piteux. A côté de cela et malgré de longues
périodes difficiles (guerres,
censure et persécutions sous les régimes totalitaires,
notamment Hitler), malgré les préjugés, l’ignorance,
la stupidité, la sous-information, l’espéranto a conquis
depuis 1887 une place non négligeable dans divers domaines et
il continue sa lente mais ferme progression.
Le prolongement du chaos linguistique ne doit pas être mis systématiquement
sur le compte des anglophones, mais plutôt sur la passivité,
l’esprit de routine et de soumission, l’inconscience et l’inconséquence
de certaines autorités de divers pays (cf la promesse de M. Mitterrand
en Avril 1981 d’inclure la langue internationale dans l’enseignement
primaire et secondaire comme langue à option...).
Gravés au frontispice de certains édifices publics, les
mots "liberté’, ’égalité’, ’fraternité"
semblent témoigner du caractère superficiel, démagogique,
éphémère et dérisoire de certaines devises
comme de certaines déclarations officielles. Il est certes plus
facile de les inscrire dans la pierre que d’en imprégner les
coeurs et les esprits.
Je ne comprends pas pourquoi les mass medias français (sauf FranceInter
lors du Centenaire de l’espéranto) continuent à favoriser
l’envahissement de l’anglo-américain - ou Bad English - au détriment
de notre propre langue. Je ne souhaite pas que celle-ci subisse le sort
de trop de langues minoritaires, autant de trésors désormais
perdus de l’humanité.