La mondialisation, un atout pour l’économie distributive ?


par  F. CHATEL
Mise en ligne : 31 octobre 2009

La mondialisation, telle que nous la vivons aujourd’hui, s’est faite sous l’impulsion du commerce. François Chatel plaide pour qu’une autre mondialisation, motivée par la conscience que nous sommes tous responsables de notre planète, se fasse sur la base du partage objectif de ses ressources.

La mondialisation est un fait. Les échanges commerciaux se multiplient au-delà des frontières. Les informations, les produits, les hommes… et surtout les capitaux circulent à travers le monde. Des organisations internationales comme l’OMC, le FMI, la Banque mondiale favorisent les investissements financiers, les profits et les marchés en tentant, à leur manière, de résoudre des problèmes économiques au niveau mondial. Il est regrettable que seul l’intérêt commercial impulse cette planétarisation des échanges, car les conséquences s’avèrent désastreuses pour une grande part de l’humanité, et pour l’environnement. Mais cette initiative permet pourtant d’initialiser un processus qui marque les esprits : l’existence d’une mondialisation, quelle qu’elle soit, a fait son chemin, elle est devenue une réalité et, de ce fait, elle pourrait permettre d’ouvrir la voie à une autre, fondée sur d’autres critères et ayant d’autres objectifs. Car il est grand temps de chercher des solutions globales aux problèmes actuels, mais dans l’harmonie, l’équité et la justice dont notre espèce manque tellement aujourd’hui.

L’environnement est malade des abus de l’industrialisation et nos sociétés produisent toujours plus de laissés-pour-compte, de situations précaires, voire catastrophiques. Pour maintenir son niveau de vie surréaliste, l’Occident surexploite 80 % de la population mondiale à son profit, en lui confisquant ses ressources, en lui imposant des réformes structurelles aberrantes et en accaparant sa force de travail. En conséquence, telles des épidémies dévastatrices, la misère et la famine se répandent et produisent des conflits ravageurs. Face à ces constatations, il faut se rendre à l’évidence. Comme le communisme avec son pouvoir étatique, le capitalisme est devenu caduc, il est inadapté aux nouvelles conditions imposées par le milieu et il est impropre à faire valoir des soucis humanistes, à corriger et empêcher des situations néo-colonialistes, esclavagistes et tout autre forme d’hégémonie abusive, voire criminelle.

Des priorités bien plus importantes et plus urgentes que l’enrichissement démentiel de quelques individus, dont l’ego est démesuré, appellent l’avènement d’un nouveau système économique qui permette de résoudre à la fois les graves problèmes environnementaux et ceux de l’humanité : maîtrise de la démographie, éradication de la malnutrition, de la misère, de la mortalité due à des maladies dont les remèdes existent, répartition équitable des ressources, etc…

L’idée maîtresse du capitalisme, fonder la réussite et le rang social sur le pouvoir obtenu et exercé sur l’Avoir, ne peut que réduire l’espace où s’expriment librement l’art, la créativité, l’affectif et la sensibilité. Elle ne réussit qu’à engendrer une course à la consommation, au productivisme responsable de graves pollutions.

Or ceci met en péril non seulement la santé physique, mais aussi la santé mentale, par ce que le développement fallacieux de l’individualisme a pour conséquence des déséquilibres relationnels et la perte de repères sociaux.

Face à la catastrophe écologique annoncée et à l’épuisement prévisible des réserves en énergies fossiles, certains s’accrochent désespérément à la bouée que représente pour eux la techno-science, dans l’espoir de prolonger leur statut de privilégiés en maintenant la suprématie gangrenée de l’Occident. Faudra-t-il couvrir la surface terrestre de panneaux solaires et d’éoliennes, affamer les peuples du Sud pour produire du bio-carburant destiné à nourrir toujours plus de moteurs, exploiter des populations entières pour s’assurer des produits de consommation à bas coûts ?

C’est une tout autre globalisation qui s’impose.

Il faut, de façon radicale et dans un délai très court, changer les institutions économiques mondiales.

Cette urgence vient du risque de voir les pouvoirs oligarchiques et les positions réactionnaires se renforcer au fur et à mesure que se manifesteront les effets du changement climatique, de la réduction des ressources en énergie et en eau potable, de la démographie, des pollutions, donc qu’augmente le risque de voir se révolter tous les laissés-pour-compte…

Le temps presse d’autant plus que la malléabilité des esprits pourrait permettre à une idéologie sectaire de servir de refuge à des populations fragiles et désorientées.

Les peuples du monde sont désemparés par la situation où les a plongés la mondialisation libérale, véritable retour à la féodalité et à la colonisation.

Mettre en place et mondialiser le distributisme serait, en sens inverse, créer les conditions favorables à un vrai progrès social et permettre en même temps de veiller aux problèmes environnementaux.

Cette autre mondialisation, en instaurant une économie globale basée sur la coopération et la solidarité, permettrait d’organiser une économie globale, de s’entendre pour rééquilibrer la répartition des richesses et de mieux diffuser les savoirs, afin que chaque société puisse tenir compte des ressources de la planète tout en choisissant le mode de vie qui lui convient.

Car il ne s’agirait plus d’uniformiser et d’amener tout le monde à suivre le même “modèle de développement” !

Au contraire, la diversité étant une des richesses de l’humanité, chaque peuple, chaque nation, chaque groupe social doit avoir toute liberté pour protéger son authenticité, sa culture, ses mœurs, et établir ses propres choix de politique intérieure.

Mais il faut maintenant concilier cette diversité, qui est à préserver ou à retrouver, avec un impératif commun, qui est devenu urgent : la sauvegarde de la planète.

Tout le monde doit prendre conscience qu’étant tous embarqués sur la même planète, unique et splendide, que nous exploitons pour pouvoir vivre, nous sommes tous responsables de sa sauvegarde. C’est cette responsabilité partagée qui impose une gestion globale des prélèvements exercés sur ses ressources, et qui entraîne la remise en question de la notion de propriété privée des sols et de leur exploitation.

Il faut donc que des accords internationaux sur la gestion des richesses de la nature puissent être objectivement établis. Or, aussi longtemps que des lobbies pourront exercer leurs pressions pour dévoyer l’économie au bénéfice de certains profiteurs, de tels accords ne pourront pas être trouvés.

Pour que s’établissent la coopération et la solidarité nécessaires à cette gestion honnête de la planète, il faut que le monde se débarrasse de toute pression financière.

Alors seulement, chaque nation pourra, dans le respect de tels accords, devenir gérante de ses ressources.

C’est donc en considérant l’humanité comme une grande famille, dont tous les membres ont des droits et des devoirs vis-à-vis de son bien commun, la Terre, dont tous ont besoin, qu’il faut maintenant concevoir une mondialisation distributive.

Aujourd’hui, la répartition des ressources se traduit par le recours au commerce, qui crée la rivalité entre tous, une compétition permanente engendrant de gros risques.

Alors qu’au sein d’une humanité unifiée, la valeur d’échange d’un bien ou d’un service n’a plus de sens. Il ne s’agit plus de commerce, mais de partage des richesses, produites ensemble avec le souci de tenir compte à la fois des besoins et des nuisances possibles.


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