Planète en solde

Témoignage
par  A.-G. AVILÉS
Mise en ligne : 31 octobre 2009

On parlait ce matin, sur France Info, des ventes mitigées des soldes d’été en France…. Depuis que la crise financière a commencé à faire parler d’elle, toute information donnée sur l’économie insiste sur le faible pouvoir d’achat des Français. Mais moi j’étais plutôt dérangée sur un point dont personne ne parle en faisant référence aux soldes : les invendus. Il y a très peu de temps, j’avais fait le tour des magasins et vu la grande quantité de vêtements à vendre qui demeuraient sur les penderies. Et ce n’est pas la première fois que je remarque tant d’invendus pendant la période de soldes. Je ne crois pas tellement que cette histoire de crise et de pouvoir d’achat en soit la vraie responsable. Mais allons, ce n’est pas tellement ça qui me dérange ! Ce qui m’embête, moi, c’est le fait de voir qu’on a produit en excès et que cet excès invendu sera bientôt remplacé par une autre quantité d’articles, également en nombre excessif, mais différents : la nouvelle collection. À n’en pas douter, une fois de plus, beaucoup d’articles resteront invendus et pourtant, on n’arrêtera pas de produire de plus en plus : le système marchand considère salutaire la production massive et refuse une grossière réalité : la dévastation de la planète Terre par la recherche de matières premières, par la pollution pendant la production et, pour finir, par cette contamination due à l’excès de déchets… Par ce que, même si tous les articles produits et mis en vente venaient à être vendus, qui pourrait, et comment, stocker autant de choses ? Après avoir rempli placards, étagères, caves, coins et recoins, qui aurait encore besoin de retourner faire de nouveaux achats de toutes les nouveautés, qui seront finalement vendues en soldes en fin de saison ? La production massive m’inquiète autant que la consommation massive.

Alarmés, beaucoup de gens diront qu’arrêter la production signifie laisser sans travail un grand nombre de salariés. Certes, ils auront raison : ce système s’autodétruit constamment. Mais pourquoi sommes-nous toujours soumis à cette galère ? La destruction de sols fertiles, due à la monoculture, nous a conduits à comprendre que la logique de production en masse et en excès, est nuisible pour la nature, nuisible pour les gens qui vivent de la production de leurs terres par ce qu’elles deviennent infertiles, nuisible enfin pour le consommateur qui mange des aliments contaminés par les produits chimiques qui ont favorisé la destruction des sols. Quand j’ai compris qu’aller contre la nature en pro du système de consommation massive, du marché, de l’enrichissement de certains, est nuisible pour l’humanité, une idée m’est venue, peu à peu, puis a pris de plus en plus de force : celle d’une autre façon de cultiver la terre, d’une nouvelle façon de vivre du travail de la terre.

Alors j’ai pensé à toutes ces personnes qui perdraient leurs emplois si on arrêtait de fabriquer toutes ces voitures dont on n’a pas l’utilité, tous ces vêtements dont plus personne n’a besoin, tous ces articles inutiles qui finissent tôt au tard dans les poubelles. Et je me suis dit que ces gens étaient comme les terres soumises à la monoculture : dépendants, incapables de s’adapter aux changements et aux besoins nouveaux.

Pourquoi spécialiser les gens à un seul métier ? Pourquoi ne permet-on pas l’adaptation en permanence aux nouveaux besoins qui surgissent chaque jour ? Après tout, la vie change, la nature change, les gens changent, les intérêts changent. Si le système de production était le reflet de la nature humaine, il serait indéniablement changeant, il s’adapterait aux besoins humains, au lieu de les soumettre. Nous sommes pris par un système qui lutte contre la nature, qui ne travaille ni pour elle, ni avec elle.

Manon, ma fille de huit ans, me disait ce matin : « Les gens devraient faire comme font les profs de ski : ils ne peuvent pas travailler en donnant leurs cours toute l’année, par ce que l’hiver se termine. Le reste de l’année, ils font d’autres travaux. » La cohérence de ce commentaire m’a laissée fièrement stupéfaite ! Imaginez-vous un instant quelqu’un qui déciderait d’envahir la montagne de neige artificielle juste pour pouvoir conserver son travail de moniteur de ski tout au long de l’année ? En fait, la neige artificielle pour les hivers trop doux se fabrique, elle est coûteuse et mauvaise pour faire du ski … Heureusement que l’été est si bon et si chaud que personne – jusqu’à maintenant – n’a encore pu réaliser ce capricieux projet pour ceux qui sont dans l’incapacité d’exercer d’autres métiers.

Tout ce dont nous avons besoin pour sortir de la crise, c’est de nous adapter, de composer avec la nature au lieu de nous imposer à elle. Il est urgent d’inventer un nouveau système, il nous faut inventer un autre monde, d’autres modes de production, de fabrication et de consommation, qui soient cohérents avec notre nature humaine, qui nous aident à renouer nos liens avec notre planète Terre. Le système actuel est en crise ? Laissons-le mourir !


NDLR. Nous partageons la plupart des réflexions d’Ana-Grace, nous allons même plus loin, en ne voyant pas pourquoi il faudrait obliger les gens à toujours occuper un emploi s’il est possible de produire le nécessaire avec moins de travail au total. Alors, souhaitant également la fin de ce système, nous en proposons un autre, dans lequel le travail n’est pas la mesure du pouvoir d’achat …


Brèves

13 août 2023 - Suivez-nous sur les réseaux

Facebook, X (Twitter), Telegram

24 mars 2021 - Publications de La Grande Relève

L’équipe de la rédaction connaît des difficultés de santé et de disponibilité. Le rythme des (...)

8 janvier 2021 - Livre "Économie distributive de l’abondance" au format ePub.

Le livre "Économie distributive de l’abondance" de Jacques Duboin est désormais disponible au (...)

1er janvier 2021 - "Libération" au Format ePub

Mise à jour des fichiers ePub et PDF des livres disponibles sur notre site, de Jacques Duboin et (...)

12 avril 2019 - Les Affranchis de l’an 2000

Fichiers ePub et PDF du livre Les Affranchis de l’an 2000 de Marie-Louise DUBOIN.