Face à la mascarade des COP, à l’apathie des états, à la mollesse de certaines ONG et partis politiques pro-environnement, de nouveaux mouvements pour la défense du climat s’engagent indépendamment et donnent à la contestation une ampleur sans précédent. La grande nouveauté vient de la mobilisation en masse de la jeune génération, des écoliers aux étudiants, qui perçoivent les énormes difficultés et problèmes qu’ils devront affronter dans un proche avenir. La grève des écoles pour le climat, initiée par la jeune suédoise Greta Thunberg, est un mouvement international d’élèves qui s’absentent de la classe pour participer à des manifestations qui exigent des mesures visant à lutter contre le changement climatique. Après la grève mondiale du 15 mars 2019 et celle du 24 mai 2019, celle du 20 septembre 2019 a rassemblé environ 4 millions de manifestants, principalement des écoliers. Ces mouvements de contestation ont reçu de très nombreux soutiens, notamment ceux de scientifiques et du Club de Rome.
Les intentions sont louables et légitimes, mais sont-elles suffisantes et efficaces face à l’adversaire réel dont il s’agit ? à la différence des associations et mouvements écologistes désormais “traditionnels”, dont la seule intention est de réformer le capitalisme et de tenter de lui faire emprunter une autre voie par un contrôle politique, à la différence de certaines associations de jeunes défenseurs du climat qui en appellent naïvement à l’état pour appliquer des lois, une partie de la jeunesse militante a pris conscience de l’incompatibilité du système capitaliste avec l’urgence d’une réaction pour sauver l’ensemble du vivant, ou ce qu’il en reste. Ils montrent du doigt les responsables de la crise tant climatique que sociale : le capitalisme et son complice, l’état. Cette partie de la nouvelle génération refuse un avenir à ce point incertain, refuse la perte de toute maîtrise sur celui-ci, et la dispute à une oligarchie dominante, aux projets insensés, toujours aussi destructeurs de l’environnement.
Pour elle, il n’est plus possible d’attendre un soi-disant paradis sur Terre annoncé d’une part par les tenants du productivisme technologique et d’autre part par les fidèles du marxisme pour lesquels la lutte sociale doit conduire à l’avènement d’un monde meilleur. Le temps presse. L’ombre du mur qui est proche est perçue par les moins aveuglés, par ceux qui ont réussi à s’extirper des incantations, des occultismes dispensés et assénés par cette caste dominante pour laquelle le monde politique et médiatique sert les messes. Comment ne pas réagir contre cette certitude glacée, affichée par l’ensemble du clergé capitaliste qui brandit les lois et les principes du système économique en vigueur tels des livres religieux contenant les bases de toute civilisation ? Comment ne pas se rebeller contre cette organisation sociale qui génère la pauvreté et les déséquilibres mentaux, aussi vite qu’elle produit des artefacts aguichant les désirs exacerbés par toutes les frustrations ? C’est pourquoi nous assistons à cette rébellion justifiée d’une jeunesse qui perçoit comme sacrifiés leur présent et leur avenir, au nom d’idéologies complètement dépassées. « Les décisions politiques montrent bien que les intérêts des grandes entreprises pollueuses passent avant la lutte contre le changement climatique et la préservation de notre avenir à toutes et tous… nous avons la légitimité et même le devoir de désobéir en tant que citoyen ».
Greta Thunberg a évolué ces derniers mois, et ce tournant est sans doute dû à sa rencontre, au Royaume-Uni avec le mouvement Extinction-Rebellion qui porte un programme concret de lutte contre le réchauffement climatique, programme politique fortement marqué à gauche et qui s’appuie sur une dénonciation du capitalisme. « Notre système économique exploite le vivant, écrase les minorités et emporte dans sa chute notre avenir commun. Face à ce désastre, il est de notre devoir de résister…On ne peut pas sauver le monde en jouant selon les règles parce que les règles doivent être changées. Tout doit changer et ça doit commencer aujourd’hui. Il est maintenant le temps de la désobéissance civile. Il est maintenant temps de se rebeller » [1]. Né le 31 octobre 2018, le mouvement affirme être aujourd’hui présent dans une cinquantaine de pays, dont la France avec 6.000 militants. Extinction-Rebellion mène des actions dans plusieurs villes européennes (Amsterdam, Berlin, Londres, Madrid…) et dans le monde entier (New York, Buenos Aires, Melbourne...). Comment s’étonner que Greta Thunberg ait à l’ONU dénoncé « l’illusion de la croissance infinie » [2] ?
Ce mouvement, et bien d’autres (Cerveau non disponible, Radiaction, ACTA, par exemples), perturbent les “serviteurs” de l’oligarchie. Ainsi Ségolène Royal, qui ne supporte pas que l’on vienne marcher sur ses confortables attributions, a demandé à l’antenne de France Inter que l’on « réprime très rapidement » les mouvements comme Extinction Rebellion : « Il y a une instrumentalisation de l’écologie par ces groupes violents et il faut les réprimer très rapidement, parce que c’est une dégradation de l’image de l’écologie » [3]. Déjà l’ex-ministre de l’écologie, François de Rugy, avait qualifié les militants de « manifestants radicaux » et même Emmanuel Macron a affirmé que « des positions très radicales, c’est de nature à antagoniser nos sociétés ».
Ces mouvements sont légitimés en raison de menaces.
D’une part par celle, évidente, provenant du dérèglement climatique causée par le système productiviste et, d’autre part, comme l’annonce Pascal Bruckner, par l’avènement progressif de politiques autoritaires, voire de nouveaux fascismes pratiquant l’extension massive du domaine des interdits et la surveillance généralisée. Une autre menace, développée dans une précédente Grande Relève (N°1210), est l’utilisation de la “stratégie du choc” climatique comme une formidable opportunité pour faire admettre l’utilisation de technologies “prometteuses”… de nouveaux profits.
André Gorz : « Si l’on part en revanche de l’impératif écologique, on peut aussi bien arriver à un anticapitalisme radical qu’à un pétainisme vert, à un écofascisme ou à un communautarisme naturaliste. L’écologie n’a toute sa charge critique et éthique que si les dévastations de la Terre, la destruction des bases naturelles de la vie sont comprises comme les conséquences d’un mode de production …. Je tiens donc que la critique des techniques dans lesquelles la domination sur les hommes et sur la nature s’incarne est une des dimensions essentielles d’une éthique de la libération […] à partir du moment où l’impératif écologique est pris à leur compte par les appareils de pouvoir, il sert à renforcer leur domination sur la vie quotidienne et le milieu social [et se traduit] dans le cadre de l’industrialisme et de la logique de marché, par une extension du pouvoir techno-bureaucratique. […] Or, cette approche[…] abolit l’autonomie du politique en faveur de l’expertocratie, en érigeant l’état et les experts […] en juges des contenus de l’intérêt général et des moyens d’y soumettre les individus » [4].
De nouvelles communautés
Nous sommes de plus en plus nombreux à penser que la forme d’organisation sociale et économique établie sur la plupart des territoires de la planète est responsable des destructions qui surviennent au niveau de l’environnement et de la société humaine. Des dissidents se marginalisent ainsi et créent des communautés autonomes, appliquant les principes sociaux définis par le socialisme libertaire : d’une part la séparation d’avec l’État et le capitalisme, considérés comme deux formes d’oppression indissociables ; d’autre part l’instauration d’une société égalitaire et coopérative, délestée des principes antisociaux de la propriété privée, de toute hiérarchie qu’elle soit politique, économique ou sociale, et fondée sur l’autogestion, la solidarité et la responsabilité individuelle. L’organisation sociale est attribuée à des assemblées citoyennes, des conseils communaux, avec l’application de la recherche du consensus par la démocratie directe [5]. D’autres rejoignent des communautés soixante-huitardes existantes et leur insufflent une énergie nouvelle, en même temps qu’elles bénéficient des expériences acquises.
Partout où la dignité résiste, où la prise de conscience apparaît, des foyers de résistance naissent et s’opposent à l’assimilation et au pouvoir imposé. Le stade de la révolte cherche à y être dépassé pour se substituer à la création d’une organisation sociale collective, de façon à faire passer le message selon lequel d’autres mondes sont nécessaires et possibles. Ces projets collectifs échangent leurs expériences afin de trouver la meilleure voie possible. Ces communautés témoignent de la volonté de sortir du système, en donnant des contenus concrets aux projets d’alternatives au capitalisme [6]. La liberté et l’égalité y sont recherchées de pair, contrairement aux autres systèmes économiques connus. Pas de chef, pas de décision en dehors du groupe qui menacerait la cohésion et la confiance. Chacun ressent les bienfaits de la coopération pour mener vers un objectif choisi et compris par tous et n’hésite ainsi pas à s’engager par un don de soi et de ses propres capacités pour le bien de tous. Ces capacités ont toutes la même valeur, chacun apportant ce qu’il peut et ce qu’il veut.
Ce renouveau du socialisme d’influence anarchiste, dont les maîtres à penser sont Michel Bakounine, Murray Bookchin, Edward Carpenter, Noam Chomsky, prend en contrepied le capitalisme, dorénavant considéré comme mettant en danger l’humanité et son environnement par ses exactions morbides, dictées par une psychose malsaine. Le mot n’est pas trop fort puisque par définition, la psychose est un terme générique en psychiatrie qui désigne un trouble ou une condition anormale de l’esprit, évoquant le plus souvent une ou des obsessions, avec pour résultat une « perte de contact avec la réalité ». Les partisans invétérés du capitalisme ne sont-ils pas sujets à une fausse perception, ou croyance, maintenue sans aucune logique et avec obsession ? Ne sont-ils pas obsédés par la persécution et la mégalomanie ?
Cet échec cuisant de l’économie de marché, cette défaite flagrante du système, que le réchauffement climatique met en évidence, et que même un expert libéral comme Nicholas Stern reconnait, même s’ils ne représentent pas la fin de la guerre, conduisent néanmoins une grande partie de la jeunesse à prendre le contre-pied de ce modèle pour se lancer à la découverte, à l’expérimentation d’organisations sociales. Que ce soit dans le nouveau militantisme activiste pro-climat ou dans les créations de communautés autonomes, nous retrouvons ainsi une volonté affichée d’abattre le capitalisme.
En condamnant et en demandant l’arrêt immédiat de l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz, grosse productrice de gaz à effet de serre, ces militants savent, puisque ces ressources représentent 80 % de l’énergie consommée, que la croissance, vitale pour le système, ne pouvant être ainsi assurée, cette mesure conduira rapidement à son agonie. D’autre part, la décision des communautés de lui tourner le dos et de montrer l’importance du bien-être généré par la coopération, engendre tout un réseau parallèle capable, par contamination, de le détruire de l’intérieur.
Cette alliance entre le combat non-violent frontal et son érosion de l’intérieur possède t-elle la capacité d’anéantir à jamais l’hydre capitaliste, comme le nomme les communautés zapatistes ?
L’obstination aveugle
Le dernier rapport du GIEC [7] est particulièrement alarmant et la probabilité pour que ses prévisions soient justes dépasse 95 %. De nombreux appels convergent pour signifier que le capitalisme doit se réformer, pour remettre en cause ce modèle fondé sur une croissance infinie. Des transitions « rapides » et « sans précédent » doivent être engagées dans tous les secteurs (industrie, énergie, infrastructures…). Face à ce problème majeur, le capitalisme, comme à son habitude, tente de le récupérer pour l’absorber et s’en nourrir : ce fut l’objectif du Grenelle de l’environnement et c’est aujourd’hui celui du capitalisme vert. Derrière cette rhétorique, qui utilise des termes comme éco-responsabilité, développement durable, respect de l’environnement, il est surtout question de trouver des opportunités nouvelles pour faire toujours davantage de profits, en se donnant bonne conscience. L’or après avoir été noir, puis blanc, est devenu vert ! De quoi en devenir rouge de honte ! Tout est bon pour relancer une nouvelle consommation et poursuivre la course effrénée au toujours plus !
Selon les discours dominants, il s’agirait de raisonner un capitalisme devenu fou.
Pour inverser la tendance actuelle et sortir de la crise, il suffirait de refonder le capitalisme, de lui donner un visage humain, en réintroduisant plus de régulation. Ce que les gouvernements s’apprêtent à faire (ils ont déjà commencé), c’est faire payer la crise environnementale aux peuples. Il s’agit d’appliquer la recette habituelle, à savoir : socialiser les pertes et privatiser les profits. Ils sont aidés, dans cette intention abjecte, par l’alliance terrible des grands médias, de la finance et de la publicité qui a pour but d’empêcher les gens de penser un autre futur que celui qui consiste à prolonger le “système”.
Les tenants du capitalisme, les mêmes qui prônaient la libre concurrence et qui menaçaient sans scrupule les tentatives de keynésianisme de certains gouvernements, demandent des complaisances, des aides afin de relancer la machine à profits, sous des formes discrètes. Les exemples abondent : renflouement des banques, baisses des impôts, rachats, subventions, lois travail, …autorisations les plus incroyables, aux conséquences criminelles, de forer les espaces marins libérés des glaces polaires pour exploiter les ressources qu’ils contiennent, destructions mécaniques et par l’incendie des forêts, afin de libérer des espaces pour y cultiver des ressources rentables, convoyage des déchets des pays riches vers l’Asie du sud-est et l’Afrique sub-saharienne, afin de réduire leur bilan carbone au détriment des pays pauvres, etc…
Le PS, les écologistes et les centristes, confrontés aux nouvelles exigences des jeunes, souhaitent prendre le train en marche et changer le capitalisme pour lui donner une consistance sociale, écologique et humaine. D’après eux, si on peut réformer le capitalisme via des taxes et de la redistribution, pourquoi faire le pari risqué de vouloir l’abolir ?
Mais aujourd’hui, la critique est prompte à s’exprimer, comme le montre, entre autres, le succès des appels de résistants, d’indignés ou d’atterrés… Comme le dit clairement Frédéric Lordon : pas de tergiversations, ni d’enfumage, il est vain de réformer le système capitaliste, il faut l’abattre.
Il n’y a pas un “bon” et un ”mauvais” capitalisme. La recherche du profit maximum à court terme, la propriété privée des moyens de production, l’exploitation sans limite des travailleurs et de la nature, la spéculation, la compétition, la promotion de l’intérêt privé individuel au détriment de l’intérêt collectif, l’accumulation frénétique de richesse par une poignée d’individus ou encore les guerres à causes économiques, sont des caractéristiques inhérentes de ce système. Le capitalisme est l’image du pire profil de l’humain : il est la barbarie.
Et si nous passions à l’autre image, à l’autre profil ?
André Gorz subordonne la question environnementale à un changement préalable de la société, en posant d’emblée la question : « Que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et, par là même, instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Réforme ou révolution ? » [4].
L’hypocrisie a assez duré. Toutes les réformes possibles et imaginables du capitalisme ne le rendront pas compatible avec les exigences nécessaires au maintien des équilibres sociaux, écologiques et au respect du climat. à part nous leurrer, nous berner et nous spolier, l’immense majorité de la population n’a rien à en attendre aujourd’hui. Ce n’est pas dans le déni [8] que nous allons éviter le mur qui se présente devant nous, qui sommes transportés à une vitesse devenue folle, dans un véhicule devenu incontrôlable dont le chauffeur aveuglé a le pied rivé sur l’accélérateur, alors que le véhicule tousse, fume de partout, consomme toujours plus, malmène les passagers de l’arrière et reste sourd à leurs cris, leurs pleurs, alors que ceux qui occupent les places avant exultent, rient et s’empiffrent, se sentant protégés par la présence des airbags et des miroirs de courtoisie qui renvoient l’image de leur pouvoir sur l’arrière apeuré et à leur merci.
L’avenir aux mains de la jeunesse
Il faut reconnaître le courage de cette jeunesse qui réussit à s’échapper du conditionnement transfusé à haute dose par ce monde “capitalisé”. Qui pourrait sortir indemne de ces années d’enfance passées à l’école, à écouter, à emmagasiner des connaissances imposées, figés la plupart du temps sur leur chaise, à obéir aux injonctions des professeurs, à la discipline dictée par l’établissement scolaire, avec très souvent des parents qui les poussent à s’adapter, à absorber les informations, gages de réussite ou au moins d’améliorer leur chance dans la course à l’emploi futur ? Qui pourrait se sortir de la télévision et des médias qui leur servent de la bouillie culturelle dominante, prédigérée, les incitant à devenir les consommateurs addicts de demain, ou encore s’extirper de ces écrans hypnotiques, nouvelles formes d’œillères empêchant de voir au-delà ? Comment trouver le courage de remettre en question ces conditionnements, de dépasser cette injonction constante à se soumettre aux lois de la compétition, du chacun pour soi, du jugement permanent ?
Et pourtant, les voilà dans les rues des capitales du monde pour exhorter les responsables d’assumer leurs charges et de proposer de vraies solutions, incluant la décroissance, la frugalité volontaire, les économies d’énergie, l’équité sociale à travers le monde, l’abandon des extractions de pétrole, de gaz et de charbon.
Parmi eux, certains, excédés par ce monde inhumain qui leur est proposé, vont jusqu’à abandonner leurs destins tout tracés pour s’engager dans des expériences de création de communautés. Ces jeunes veulent absolument autre chose, qui vienne d’eux. Alors, ils cherchent, tâtonnent, font des erreurs, corrigent, réussissent, avancent, se construisent ensemble pour une nouvelle vie, un autre monde des possibles. Chaque communauté a ses règles, ses rêves, ses créations. Elles les partagent, adoptent certaines, établissent des projets ensemble. Toutes ont banni le salariat, le travail imposé et à durée déterminée, la propriété privée des ressources et des moyens de production, toutes ne reconnaissent plus l’état comme souverain, parce qu’elles le considèrent comme le monopole du pouvoir méprisant les peuples. Elles sont déjà le reflet de ce que peut être l’avenir de l’humanité, le seul capable de créer l’adéquation entre les besoins de celle-ci et ceux de la planète, aussi rapidement que la résolution des problèmes sociaux et environnementaux le demande. Tout devient possible dès que l’idéologie qui encombre nos esprits est abandonnée.
Ouvrons les yeux ! Nous somme attachés, liés, enchaînés à des principes faux et encombrants comme le salariat, le travail, la soi-disant méchante nature humaine, la peur de l’autre, des souris et des araignées, le nationalisme, etc…, à du matériel qui nous a été imposé et rendu artificiellement nécessaire comme l’automobile, l’avion, l’iphone 11 ou XS, le doliprane et le xanax, le nutella et le coca cola, etc…, à des valeurs incohérentes et néfastes considérées à tort comme des vertus : l’argent roi, la compétition, la concurrence, la réussite individuelle financière, la hiérarchie sociale, le “temps c’est de l’argent”, à des critères absurdes et destructeurs comme la publicité, les voyages lointains, les pelouses parfaites, les clôtures, les insecticides, la viande, etc… Libérons-nous de ces artifices pour redonner de l’air sain à la nature, celui que nous respirons, et de l’air sain à nos relations, celui qui génère nos personnalités.
Les pays riches, en s’empiffrant, polluant outre mesure, gâchant matériels et nourritures, exploitant les pays pauvres et leur imposant un pouvoir criminel, montrent un modèle absurde et indigne. Que ce modèle se soit globalisé permettra sa disparition totale par un seul grand coup de balai.
Qu’est-ce qui incite aujourd’hui à ce point l’humanité, qui dispose d’une abondance potentielle, d’abandonner la moitié de sa famille (3 milliards de personnes) dans un dénuement abject, dans la sous-alimentation et la violence ? Avons-nous besoin réellement d’exploiter entre trois et cinq planètes Terre pour assurer nos réels besoins ? Avons-nous besoin, pour se sentir humain, de perturber à ce point l’équilibre naturel en rejetant autant de cochonneries dans l’atmosphère, dans la mer et sur les terres ? L’être humain a-t-il comme fonction naturelle de détruire, tel un cancer, le milieu qui l’a créée ? Qui peut accepter cette horrible fonction ? Certainement pas la jeunesse actuelle dont la réaction salutaire doit être encouragée et soutenue. Indignés, écœurés, révoltés contre la bassesse, la grossièreté et l’hypocrisie, affichés par leurs ainés, contre ceux qui ont commandité cette situation et contre ceux qui ont laissé faire, ils tiennent à refuser ce monde qui leur est offert en héritage et à montrer que d’autres voies sont possibles, toutes socialisantes, libertaires et égalitaires. L’utopie emmerde les sceptiques, les réactionnaires, les pendus à leurs privilèges, les vieux du mental. Tant mieux ! Si la recherche d’une vie fraternelle, saine et joyeuse peut guérir du cancer, alors les insurgés anticapitalistes, les militants pour le climat, montrent une nouvelle voie vers la guérison. Croisons les doigts pour que la tumeur disparaisse d’elle-même comme elle est venue, faute de la nourriture qui l’entretient.
à ceux qui affirment que penser un autre modèle économique et agir pour le mettre en place est irréaliste, il faut tout simplement répondre que ce qui est irréaliste, c’est de penser que l’humanité va pouvoir continuer à vivre comme aujourd’hui. Rappelons-le, le bilan du capitalisme parle de lui-même : c’est plus de pauvreté et plus d’inégalités sur une planète qui n’en peut plus.
Il faut l’accepter : être anticapitaliste aujourd’hui, c’est à la fois urgent, nécessaire et raisonnable. C’est penser que ces “valeurs”, que sont profit, propriété privée, concurrence et croissance, ne peuvent pas constituer la base d’une société humaine socialement juste, respectueuse de la nature, solidaire et émancipatrice.
Si ces mouvements contestataires et de résistance, si ces communautés dissidentes qui se multiplient, veulent aboutir à la construction d’une alternative globale viable, solide, capable de progresser à travers le monde, ils doivent réfléchir à la façon d’établir la gestion solidaire et équitable des ressources et des besoins et le partage des productions.
Avancer vers la confluence passe par la création d’espaces de rencontres, afin de délibérer, de réfléchir ensemble et de travailler sur les formes concrètes qui bâtiront cette révolution.
La construction d’une nouvelle société, autogérée et basée sur l’autonomie des communautés, demande à ceux qui ont été infectés par des siècles de conditionnement d’intégrer une culture régénératrice des qualités et des valeurs nécessaires à la vie en commun.
Comment omettre de proposer les thèses soutenues par La Grande Relève, basées sur le socle de l’économie distributive, qui apportent des réponses aux questionnements légitimes autour de cette nouvelle organisation sociale tant souhaitable ?