On “modernise” les services publics ?
Mise en ligne : 31 mai 2009
Je n’utilise plus beaucoup les services de mon bureau de poste. Pour tout ce qui est texte, j’ai internet, et pour les envois de documents, j’ai tout ce qu’il faut chez moi, j’affranchis moi-même et je jette dans n’importe quelle boîte aux lettres. Mais ayant à faire un envoi en recommandé avec AR, je m’étais ce matin exceptionnellement adressé à un guichet. L’employée m’a prévenu que pour cela aussi il fallait que je me débrouille moi-même, avec éventuellement l’aide de leur machine à affranchir, car désormais le guichetier doit se contenter de prendre ma lettre et de me donner un coup de tampon à date sur le récépissé. Il paraît que d’ici quelques mois, au lieu de quatre guichets aujourd’hui, le plus souvent partiellement ouverts, on allait réaménager le bureau pour n’en garder qu’un seul et faire de la place à d’autres machines automatiques.
Je ne sais pas si les machines automatiques cotiseront pour les retraités et les chômeurs, et je me demande qui se chargera de la promotion des dizaines de timbres spéciaux s’adressant à des clientèles spécialisées (du genre : “C’est un garçon !”), ou de la vente des centaines de cartes postales, crayons de couleur et autres produits de papeterie actuellement offerts au public. Automatisation d’un côté, mais de l’autre, retour à la petite épicerie d’autrefois…
Sans doute La Poste envisage-t-elle aussi d’abandonner aux banques privées ses livrets A pour ne pas s’attirer le mêmes ennuis que la Caisse d’Épargne, qui avait eu l’audace de s’accrocher aux siens. Bon courage et patience.
Nos infatigables réformateurs finiront bien par avoir fait le tour de toutes les âneries imaginables et ils ne pourront plus alors faire de nouvelles réformes qu’en revenant à ce qui se faisait avant.
On a l’impression que la Direction actuelle de La Poste a été mise en place pour discréditer de service public afin de pouvoir plus facilement achever de le faire disparaître. Que penser, en effet, de cette Direction qui n’a pas honte de faire une campagne publicitaire tonitruante en exploitant l’argument que l’un de ses tarifs avait baissé de 35 % quand elle a fait passer de 1,15 euros à 0,75 euros les frais trimestriels de tenue de compte ? Il est absolument insensé d’oser se livrer à d’aussi ridicules pitreries, qui sont certainement coûteuses : changement des prix dans toute la comptabilité et sur tous les tarifs et autres documents, en plus de la campagne de pub.
J’ai été moi aussi très étonné lors d’un récent dépôt de chèques. J’ai attendu plus de 20 minutes pour rien, car désormais les guichetiers n’enregistrent plus les remises de chèques : il faut tout faire soi-même avec des machines. J’ai pourtant insisté pour que ce chèque soit enregistré le jour-même, mais la guichetière n’a pas voulu effectuer cette opération. En ce qui concerne les envois, on m’a menacé de taxer mes courriers volumineux affranchis au tarif “Lettre”. Ils veulent m’imposer un de leurs produits spéciaux (colissimo, lettre max, etc...) qui sont hors de prix !
C’est un véritable désastre pour le service postal, et pour les emplois...
Le hall de la gare proche de chez moi vient de subir de grands travaux. Embellissements ? Meilleur accés ? Pas du tout : on a supprimé les guichets où des employés étaient à la disposition du public pour la vente des billets. Maintenant il n’y a plus personne, il faut faire la queue devant une machine et, moi qui ne vois pas bien clair, j’ai du faire attendre beaucoup de monde avant de savoir m’en servir, aidé par des usagers craignant rater leur train s’ils ne me venaient pas en aide !
Cette modernisation est en fait une vaste entreprise de désocialisation : c’est maintenant chacun pour soi, pourvu qu’il y ait moins de fonctionnaires à payer pour assurer le service public.