Quelle pauvreté d’imagination Monsieur BEREGOVOY !!!
par
Publication : octobre 1982
Mise en ligne : 28 mars 2008
MINISTRE des Affaires Sociales et de la Solidarité, M. BEREGOVOY
a l’ambition de sortir la France de la crise économique. Noble
ambition ! Malheureusement, ses réponses aux questions au journaliste
du « Monde » Jean-Pierre Dumont* ainsi qu’aux propos recueillis
par Franz-Olivier Giesbert et Claude-François Jullien dans l’hebdomadaire
« Le Nouvel Observateur » consistent en un aménagement
du « système économique » déjà
en place.
Comme nous sommes déçus ! A part ses propositions d’une
meilleure répartition des ressources de le Nation dans le domaine
social, M. BÉREGOVOY se doute-t-il qu’il n’est pas prêt
à résoudre les problèmes sociaux qu’il envisage
parce que ces données (et il semble ou feint de l’oublier) sont
étroitement liées aux structures en place ?
Voici quelques citations du Ministre à la fois contradictoires
et positives et dont il faut le féliciter car c’est un langage
nouveau chez un responsable socialiste
« Produire plus et mieux, c’est le premier moyen’ de créer
des emplois. Il en est un autre : la réduction du temps de travail...
Faire travailler moins les hommes et plus les machines... ».
Bravo ! Mais « motus » pour les conséquences non
négligeables de la relève des hommes par la « productique
».
Plus loin, M. BEREGOVOY pense que « le financement de la Sécurité
Sociale est à reconsidérer » puisque « basé
sur les salaires ».
En constatant qu’avec l’évolution des techniques les grandes
unités de, production utilisent une maind’oeuvre de plus en plus
réduite... Il serait temps d’en tenir compte et de demander aux
services du Ministère et aux partenaires sociaux de faire preuve
d’imagination afin d’intégrer d’autres éléments
que les salaires dans l’assiette des cotisations ».
Bravo encore ! Bien mieux, M. BEREGOVOY a dit, à une réunion
des partenaires sociaux « La machine doit payer »**, ce
qui reviendrait à faire acquitter les cotisations non plus sur
les salaires, mais sur l’équipement technologique des entreprises.
Horreur pour le Patronat et danger ! Comment en effet investir ou réinvestir
dans les nouvelles machines ?
En constatant également que le seuil limite des prélèvements
obligatoires atteint plus de 42 % du P.N.B., le Ministre préconise
la recherche d’un équilibre entre impôts et cotisations
sociales. Pertinemment, il s’étonne que l’Etat reprenne d’une
main ce qu’il a donné de l’autre avec ces exemples : «
l’Etat octroie des aides de toutes natures à l’industrie... et
les entreprises se plaignent de la lourdeur des charges ».
Mais n’en est-il pas ainsi dans un système libéral qui
fait du néolibéralisme ?
Qu’ont fait les socialistes depuis un an au Pouvoir ? Ils s’en étonnent
aujourd’hui ?
Quelle que soit l’équipe au Pouvoir, depuis longtemps, les entreprises
industrielles et agricoles, c’est-à-dire les créateurs
d’emplois, sont subventionnées. Alors, nous sommes étonnés
qu’un Ministre socialiste, aussi informé, n’envisage pas la socialisation
non pas des producteurs, mais de la production dans son ensemble ?
Avec une planification adéquate pour l’orientation de cette production
et une réforme monétaire qui échapperait au «
dollar-roi » l’instauration d’une telle politique solutionnerait
tous les problèmes auxquels se heurte M. BEREGOVOY.
Sans doute, ce dernier peut faire illusion dans cet entretien où
se font jour plus de justice sociale et de solidarité nationale.
Mais il sait très bien, et il veut l’ignorer, qu’en économie,
la production seule crée les richesses d’une Nation et que dans
la conjoncture actuelle seuls les besoins solvables conditionnent la
production. Il sait aussi que beaucoup d’entreprises, et non des moindres,
ne fonctionnent pas à pleine capacité de leurs possibilités
de production à cause des méventes.
Et ce ne sont pas les nationalisations actuelles où les entreprises
ne fonctionnent qu’en « économie de marché »,
même si les banques nationalisées accordent un jour plus
facilement des crédits à la production, qui résoudront
ces problèmes, puisque la production n’est orientée que
pour satisfaire des besoins solvables.
Enfin, M. BEREGOVOY s’étonne du versement d’allocations familiales
sans tenir compte des conditions de ressources des familles et il envisage
la maîtrise des dépenses de santé en tendant vers
davantage de justice dans la distribution des revenus et des pouvoirs.
A propos des comptes, il stipule qu’« il faut savoir ce dont la
France dispose et comment le répartir ».
Quelle pauvreté d’imagination, M. BEREGOVOY ! Vous recherchez
un équilibre dans un budget national où la production
s’amenuise alors que les bénéficiaires du social augmentent
et où le rééquilibre n’est obtenu que par des dévaluations
successives !!!
Vous recommencez les actions là où le cartel des Gauches
et le Gouvernement du Front Populaire ont déjà échoué.
Aussi, Monsieur le Ministre, vous donnons-nous rendez-vous dans quelques
mois ; peut-être alors prendrez-vous au sérieux les partisans
de l’économie des Besoins que vous avez jusqu’ici méprisés
lorsqu’ils tentaient de vous convaincre !!!