Quels vœux choisir ?

Chronique en guise d’Éditorial
par  J.-P. MON, M.-L. DUBOIN
Mise en ligne : 7 janvier 2006

  Sommaire  

Cette année a été marquée en France par le rejet massif des électeurs, suivi de peu par celui des Néerlandais, du projet de constitution européenne que des “élites” avaient préparé pour eux. En choisissant la voie démocratique du référendum, le Président de la République ne s’attendait certainement pas à ce désaveu, pas plus que les Parlementaires qui, à plus de 90%, l’avaient solennellement adopté. C’est donc la question de leur représentativité qui se posait, mais les médias préférèrent parler du « résultat catastrophique de ce référendum ». Et les technocrates de l’Union européenne ont continué comme s’il ne s’était rien passé, ils préparent même son élargissement sans avoir rien réglé. L’Autriche espère remettre le projet sur les rails avant la fin de sa présidence, en juin prochain. Et la démocratie dans tout ça ?

 

Bien qu’en novembre l’abbé Pierre ait “fêté” ses cinquante ans de lutte en faveur des sans-logis, ces derniers sont de plus en plus nombreux. La nouveauté est que les équipes de Médecins du monde distribuent des tentes aux sans-abri.

Les Restaurants du cœur ont lancé leur vingt et unième campagne, bien que, selon leur créateur, Coluche, ils n’avaient pas vocation à durer. La nouveauté est que la population à qui ils viennent en aide s’est grossie de salariés, employés à temps partiel ou titulaires de contrats à durée déterminée...

Et la Croix Rouge vient de fermer des dispensaires en Seine Saint-Denis, faute de moyens.

De toute évidence, une véritable politique publique de solidarité fait défaut.

Mais les responsables répondent qu’il n’y a pas d’argent pour cela... au moment-même où un hebdomadaire révéle la rémunération moyenne des dirigeants des entreprises du “CAC 40” en 2004 : 5,6 millions d’euros, soit 15.000 euros par jour ou 3,66 siècles au smic, le pompon revenant au patron de l’Oréal, il a gagné 4 fois plus. Quand l’un d’entre eux, Claude Bébéar, ose déclarer : « les grands patrons ne sont jamais trop payés » on comprend qu’il vit dans un monde à part. Que leurs conseillers, tel Alain Minc, défendent son point de vue, c’est logique, ils en profitent. Mais en entendant un de nos amis, simple ingénieur, défendre pareille disproportion éhontée, nous nous sommes surpris à désespérer du bon sens de nos concitoyens... !

 

On a appris en novembre qu’il est habituel que des voitures soient brulées la nuit en France et que leur nombre est en moyenne de 90. On vient de nous dire que tout est rentré dans l’ordre puisqu’il n’y a eu “que” 425 voitures brûlées au réveillon, seulement une centaine de plus que l’an dernier. Cela revient à affirmer que le Ministre responsable aurait tout résolu avec son “karcher”...

Nous ne le croyons pas et nous ne sommes pas les seuls.

Mais il semble, par contre, que personne ne doute des compétences de son collègue des Finances, car à la mi-décembre, les médias ont annoncé une découverte en parlant de “l’explosion” de la dette publique. « La dette s’élève à 17.200 euros par Français, soit au total 1.067 milliards d’euros titrait Le Nouvel Observateur, « La France en faillite » titrait Le Monde, etc. Mais le plus étonnant, le plus suffocant, affligeant, voire révoltant, n’est-ce pas que le Ministre de l’Économie et des Finances ose demander un rapport sur les finances qu’il gère depuis des mois et avec l’aide de tout un personnel trié sur le volet ? N’est-ce pas précisément leur affaire ? Comment peut-on trouver normal qu’un Ministre des Finances demande à un banquier de former une commisssion pour évaluer le montant de la Dette et lui dire ce qu’il doit faire ? Comment un Ministre des Finances peut-il faire mine d’en découvrir le résultat par cet intermédiaire ? Sait-il comment on traite un père de famille qui s’est “surendetté” pour assurer l’ordinaire ? Se peut-il qu’un Ministre des Finances ne sache pas le montant de la dette du pays, alors que tous les lecteurs de La Grande Relève en sont conscients depuis longtemps ?

Tout en s’inquiètant, mais un peu tard, les journalistes qui font l’opinion auraient dù se demander ce que cachent la création de cette commission et la publication de son rapport. Or cette publication a déclenché le délire des journalistes économiques, et l’un d’eux, Pascal Gobry, souligne ... le poids de la retraite des fonctionnaires pour estimer, lui, la dette à près de 3.000 milliards, soit 200% du PIB du pays. Du coup, le Premier ministre promet de diminuer la dépense publique ... mais en 2007, car en 2006 « il est nécessaire de créer toutes les conditions pour le développement de la croissance ». On peut imaginer la suite : la rigueur, bien sûr, alors que des allègements des impôts les plus élevés ont déjà été décidés pour cette année.

Le PS s’est contenté d’émettre quelques bémols, tels que : « la baisse de la dette publique est possible [...] à condition de se doter d’une politique économique et sociale tournée vers une politique de croissance et de créations d’emplois » (Éric Besson, secrétaire national à l’économie et la fiscalité).

Mais aucun journaliste ou économiste ne s’est demandé à qui profite la dette, personne n‘a mis en cause les mécanismes de la création monétaire ex-nihilo par les banques privées et tout le monde trouve inévitable que l’État ait à leur verser une rente...

 

Ne nous contentons donc pas de souhaiter « Bonne année, bonne santé, surtout ! » à nos lecteurs, en songeant à l’état des services médicaux publics. Allons plus loin. Nous sentant emportés dans un tel engrenage par des “responsables” qui paraissent marcher sur la tête, dénonçons une source de tant de problèmes en laissant la parole à Joseph Stiglitz, prix “Nobel” d’économie, qui souhaite que soit enfin rejeté : « l’argument traditionnel en faveur de l’indépendance des banques centrales selon lequel on ne peut pas confier aux politiques la conduite des politiques monétaire et macro-économique... car la politique macro-économique ne peut jamais être séparée de la politique... Ces décisions fondamentales ne peuvent pas être confiées à des technocrates, surtout lorsqu’ils font passer les intérêts d’une partie de la société au-dessus de ceux du reste de la population ».


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