A propos de Gustave RODRIGUES

Lectures
par  H. MULLER
Publication : mars 1989
Mise en ligne : 15 mai 2009

Un commentaire d’Henri Muller sur l’article de D. Bloud, paru dans la Grande Relève de décembre 1988.

Il y aurait toute une thèse à écrire sur les origines du Distributisme. L’article de Denis BLOUD a propos de Gustave RODRIGUES, m’a conduit à exhumer un numéro de NOUVEL AGE, journal de Georges VALOIS (1), daté du 28 février 1937 présentant un plan d’organisation d’économie distributive assorti d’un avant propos faisant état du livre de G. Rodrigues  : le Droit à la vie.

L’itinéraire politique de G. VALOIS, très aventureux, a été retracé dans « L’Homme face à l’argent » G. Rodrigues, fervent distributiste lui était associé à NOUVEL AGE.

L’analyse de RODRIGUES, telle que Denis BLOUD la rapporte, n’a pas pris un pli depuis 53 ans. On relève toutefois quelques propos sujets à caution, notamment la certitude d’une substitution, dans tous les domaines, du travail de la machine à celui des hommes, le recensement des besoins et des quantités qui leur font face, l’ajustement mathématique des revenus distribués à la valeur de la production à distribuer, valeur impliquant un système de prix dont Rodrigues ne souffle mot.

Il est facile d’imaginer sur le papier un modèle de société idéale. Sur le tas, les choses changent. Elles prennent un sens concret, posent des problèmes précis qu’il faut saisir à bras le corps. Il faut savoir rendre parfois des points aux adversaires de bonne foi qui tous, ne sont pas fatalement des imbéciles, des ânes bâtés, loin s’en faut. Ils ont été formés au moule du classicisme, ont hérité d’oeillères qui leur cachent tout un pan des réalités quotidiennes. Ils sont enfermés dans un cocon, celui des idées reçues, imperméables aux apports extérieurs, enclins à porter un jugement à priori, sommaire, surles idées qui dérangent leur confort d’esprit.
Je ne crois guère à l’écroulement naturel des institutions capitalistes. Celles-ci perdureront tant que subsistera le dernier carré de leurs profiteurs assurés de leur nécessaire et de leur superflu.

Je crois davantage aux effets d’une pollution conséquence d’un progrès dominé par le conflit rentabilité-utilité, une pollution galopante qui n’épargnera quiconque, obligeant à un choix, à une révision déchirante des dogmes, les nantis craignant cette fois, non pour leurs biens, mais pour leur vie, leur précieuse santé. C’est dire que l’accouchement d’une société nouvelle ne se fera pas sans heurt. Tout au plus avait-elle de bonnes chances au sein des Etats déjà socialisés, mais cet espoir s’efface avec la Pérestroïka.

Livrées aux propagandes décervelantes, les foules sont trop amorphes pour réagir collectivement contre les injustices, contre les frustrations. Ceux qui n’ont plus rien à perdre sont minoritaires au regard de l’ensemble d’une société vouée à la médiocrité, une médiocrité rendue supportable pour le nombre de ceux qui parviennent à se « débrouiller » plus ou moins : doubles salaires, travail au noir, petits métiers, loto, roue de la fortune, machines à sous, fraudes, trafics, endettement à perpétuité, mendicité, escroqueries, jeux, clients des associations charitables, sans illusions sur les chances de changer la société. En dernier ressort, la guerre remet les compteurs à zéro et la BOURSE fait toujours de l’Or. Apparemment le capitalisme est bien protégé, invulnérable.

(1) lui aussi


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