Lu, vu, entendu
Publication : mars 1989
Mise en ligne : 15 mai 2009
Un turbo pour les vaches à lait
Sous le titre « Un turbo pour les vaches à
lait-L’hormone laitière prête à fonctionner »,
le journal « La Manche libre » du ter janvier 1989 publie
un article provocateur « ...A l’heure des quotas laitiers, voilà
que l’on parle d’introduire une hormone laitière sur notre continent.
Elle aurait pour effet d’augmenter de 15 à 20 % la production
de lait par vache. Quatre sociétés américaines
: Monsanto et Elanco, Cyanamide et Upjohn sont sur les rangs, prêtes
à commercialiser ce nouveau produit appelé somatropine
ou BST... »
Le journal a mené une enquête d’où il ressort que
le produit est sur le point d’être autorisé, aux Etat-Unis,
dès cette année. Il ne serait pas dangereux pour l’homme
et utilisable chez toutes les races laitières. Les autorités
de la CEE seront-elles contraintes par la concurrence à s’aligner
sur celles des Etats-Unis ? Les stocks de lait et de poudre de lait
que la Communauté a difficilement et partiellement réussi à faire absorber par de jeunes veaux vont-ils se reconstituer à grande allure ? Ou bien faudra-t-il sacrifier cette fois 3 millions de vaches, soit deux fois plus que le nombre de celles qui ont été abattues fin 1988 ?
Article transmis par M. D. Palaiseau.
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D’accord
Le Monde du 8 janvier 1989 résume les opinions
que M. Claude Cheysson, ancien ministre des Relations Extérieures,
a exprimées le 6 janvier, au cours d’une table ronde organisée
par l’Association « Europe Ile-deFrance » sur le thème
« l’Europe vue par la gauche ».
Entre autres prises de position, M. Cheysson s’inquiète du « glissement
vers l’Europe du libre-échange, vers l’Europe de Madame Thatcher ».
Il estime que la construction d’une Europe politique est plus que jamais
nécessaire pour faire face à l’« Europe des entreprises
et du capital. Nous sommes heureux de nous trou ver pour une fois d’accord
sur un point essentiel, avec une personne appartenant aux sphères
gouvernementales.
Transmis par PH. Saint-Mandrier
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Clairvoyance des experts
Oubliant que l’on assainit les marchés, freine la production et subventionne le gel des terres, les journalistes de « Valeurs actuelles » et « le spectacle du monde » ne craignent pas d’affirmer que le socialisme aboutit « à la distribution de ce qui n’a pas été produit » (!). Et l’on peut lire sur le même imprimé : « Notre rédaction compte quelques-uns des meilleurs experts de la politique et de la finance ».
Transmis par PH. Saint-Mandrier
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La base socialiste s’inquiète des effets de la politique du gouvernement
Nous n’éviterons pas longtemps un débat sur la politique économique, nous ne pourrons pas nous contenter du discours sur la rigueur, nous n’échapperons pas à la nécessité de donner des signes plus concrets à ceux qui nous soutiennent ; nous devrons impérativement prendre en compte l’attente, l’impatience des couches sociales défavorisées. Ne perdons pas de vue notre stratégie, nos orientations, notre ancrage à gauche ; garantissons-nous de toute dérive qui nous ramènerait trente ans en arrière, à l’époque où la troisième force faisait sombrer puis éclater le courant socialiste et démocratique de notre pays ». Lettre d’une fédération socialiste aux militants, datée du 2 janvier 1989.
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Libéralisme, mon c... comme eut dit Zazie
« 70 milliards de dollars, c’est le coût estimé de l’effort financier nécessaire pour renflouer les caisses d’épargne américaines en difficulté. A la charge du contribuable... ».
E.D.J. 19/25 janvier 89
Gageons que M. Bush ne tiendra pas sa promesse électorale de ne pas augmenter les impôts !
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Promesse de Président
Mitterrand avait promis de faire baisser les prélèvements
obligatoires, bien que Chirac -qui l’avait promis également en
86- eut échoué dans ce domaine.
Hélas, l’INSEE veille : 45 % en 1988. Toujours plus haut, comme
aux Jeux Olympiques.
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Nouveau « plan social » chez Renault
La Régie veut réduire en 1989 un « sureffectif » de 2.753 personnes. Malgré la progression de ses bénéfices et de ses ventes, Renault entend continuer à resserrer ses effectifs pour améliorer sa productivité.
Le Monde 26 janvier 1989
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Voiture propre et sale mentalité
A l’unanimité, les partis néerlandais ont approuvé la décision du ministre de l’environnement de stimuler la vente « voitures propres , en octroyant aux acquéreurs de ce type de véhicule une ristourne sur le surcoût du pot catalytique. Cela a déchainé les foudres de la Commission Européenne qui a annoncé immédiatement son intention de traduire les Pays-Bas devant la Cour de justice du Luxembourg... sous prétexte d’entrave à la concurrence.
Le Monde 24 janvier 1989
Productivité ici, concurrence là... Quel monde ! Ah, les bons apôtres qui nous parlent de la couche d’ozone, des forêts qui se meurent. Mais peugeot et consorts veillent... sur leurs bénéfices.
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Traboulsi et le postier
Un postier de mes amis me montrait récemment
sa fiche de paie après huit ans de service : 5.800 francs par
mois, nets, soit environ 70.000 francs par an.
Dans le même temps, les médias reprenaient les déclarations
de Samir Traboulsi concernant la commission qu’il a touchée pour
ses « bons offices » dans la vente de l’American Can à
Péchiney : 12 millions de dollars ; pour la commodité des
calculs, arrondissons à 70 millions de francs, bien que ce soit
en réalité nettement plus !
Combien de gens auront fait ce petit calcul qui laisse pantois : pour
gagner ce que Monsieur Traboulsi a empoché avec la seule commission
de l’American Can, le postier devrait battre la longévité
de Mathusalem (969 ans) et travailler (70.000.000 divisés par
70.000) 1.000 ans, dix siècles. Sans commentaires ! Lettre envoyée
au Monde par A. Prime pour le courrier des lecteurs.
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Max Gallo repart à l’attaque
Dans la G.R. de décembre dernier, nous avions,
en appui de l’article « Le peuple de gauche floué »,
donné de longs extraits d’un article de Max Gallo paru dans le
Monde du 20 octobre. A nouveau -le Monde du 28 janvier- Max Gallo, pourtant
membre du secrétariat du P.S., met en garde contre la politique
actuellement poursuivie.
« On se félicite de voir flamber les valeurs de la Bourse
(400). La vulgate politique se décline en quelques mots : entreprise,
investissements, rentabilité, profit, spéculation, libération
du marché des capitaux... Les chefs d’entreprise sont nos héros
et nos hérauts. Parfois, ils sont même candidats des socialistes
(Tapie). Il y a les « gagneurs » et les « perdants ».
Aux uns les honneurs, aux autres le RMI et les restaurants du coeur.
La culture d’entreprise vaut la culture tout court. Et celle-ci est
un « look » utile pour faire vendre les « produits culturels »
et faire tourner les « industries culturelles ».
Aux électeurs de gauche... infirmières, salariés
en tous genres à moins de 6.500 francs par mois, enseignants,
etc... et aussi (aux) militants qui veulent encore « changer la
vie », à tous ceux-là, on demande d’être raisonnables,
réalistes, de comprendre les grands équilibres... alors
que quelques coups de téléphone suffisent à faire
gagner quelques milliards de centimes (aux initiés)... Sommes-nous
encore socialistes si nous ne voulons pas garder intact l’espoir d’« autre
chose » avec une telle contradiction ?
En cette année du bicentenaire de 1789, il est de bon ton d’exclure
Robespierre... l’Incorruptible. Barras, Tallien, Fouché, qui
furent plus terroristes que lui ne sont jamais dénoncés.
Ils gardèrent leur tête, souvent le pouvoir, et firent
de solides fortunes. C’est aussi une culture de gouvernement !
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La sidérurgie « fait un effort »,
après avoir gagné 4,5 milliards en 1988.
De 1982 à ce jour, selon un responsable Usinor-Sacilor, les effectifs ont été réduits de moitié : de 120.000 à 60.000. Mais ce monsieur déclare sur France-Inter, le 2 février 1989, que « la sidérurgie va devoir encore faire un effort » (sic) en matière de personnel pour rester compétitive licencier 5.000 ouvriers en 1989 et probablement autant l’an prochain. Ce sont les patrons qui font l’effort de licencier... Ah, les braves gens !
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Une tendance lourde du capitalisme actuel
C’est une croissance beaucoup plus rapide du profit
que du chiffre d’affaires.
Nous avons déjà cité maints exemples. Nouvel exemple :
DU PONT et C°, premier groupe chimique américain. En 1988 :
chiffre d’affaires, plus 8%, bénéfices, plus 23%. Son
Président prévoit une « nouvelle amélioration
des bénéfices en 1989 ».
Ces résultats dichotomiques, nous dira-t-on, sont dus à
une « amélioration de la gestion ». En fait, c’est
quoi dans la plupart des cas : le remplacement des hommes par des machines.
Cela peut provenir encore de la possibilité qu’a eue la firme
d’accroitre ses prix de vente sensiblement plus que ses prix de revient,
ou des deux combinés.
(D’après les résultats de sociétés. Page financière du Monde du 31 janvier 1989).
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Les bons apôtres des armes chimiques U.S.A.
La police italienne, agissant avec la police américaine et Interpol, a mis au jour un vaste trafic de composants du gaz moutarde partant des Etats-Unis pour aboutir simultanément à l’Iran et à l’Irak, les deux adversaires de la guerre du Golfe.
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R.F.A.
En R.F.A., le groupe nationalisé ouest-allemand
Salzgitter, incriminé dans la fourniture de plans à la
firme Imhausen Chemie pour l’usine chimique libyenne de Rabta, a reconnu,
le 31 janvier, avoir reçu de cette firme, en 1985, une lettre
faisant référence « en appendice » à
l’usine de Rabta. Jusqu’à présent, le groupe avait toujours
déclaré que ces plans lui avaient été commandés
pour une usine de Hongkong et n’avoir eu aucune raison de penser qu’ils
eussent pu avoir une autre destination.
Par ailleurs, la firme Plato-Kuehn Handelsges MbH, basée à
Neustadt (Basse-Saxe), mise en cause par la presse pour avoir aidé
l’Irak à effectuer des recherches sur les armes biologiques,
a reconnu, mardi, qu’elle avait livré des toxines de champignon
à l’Irak.
Le Monde 2 février 1989