Abondance de richesses


Publication : 19 juin 1939
Mise en ligne : 14 juillet 2006

 Quand nous serons à cent

Encore une économie ! L’inventeur est cette fois M. Eccles, président du Federal Reserve Board, Américain, vous l’avez deviné.

Elle peut se résumer ainsi. L’économie américaine est « mûre ». Elle est arrivée à un degré de maturité telle que les occasions de procéder de nouveaux investissements rentables sont insignifiantes par rapport à l’abondance des disponibilités monétaires, etc., etc.

Saluons donc cette nouvelle économie dite mûrissante sans oublier qu’on peut être mûr pour être cueilli ou pour être enfermé.

 En voulez-vous des capitaux ?

L’Amérique en a tellement qu’elle ne sait qu’en faire. Certaines banques de Chicago parlent de supprimer tout intérêt sur les comptes privés. Les taux à court terme sont arrivés à être pratiquement inutilisables, ce qui veut dire que personne n’est preneur de capitaux a courte échéance.

Les fonds d’Etat ne rapportent que 2 1/2 %. Pour les prêts ou obligations à moins de 15 années, le taux est de 2 %. Des bons à échéance de huit années ont été récemment émis avec garantie de l’Etat à 1 1/2 %. Jamais, au cours de l’histoire des Etats-Unis, les taux d’argent n’ont été aussi bas.

Ces conditions témoignant d’une désorganisation monétaire internationale ont désolé le critique financier de la « Journée Industrielle » du 14 juin.

Pauvre capitalisme ! de qui le même critique écrivait, le 17 janvier, « qu’il avait subi de rudes assauts, nous en conviendrons, mais il renaîtra toujours parce qu’il est essentiellement perfectible, qu’il a un pouvoir d’adaptation insoupsonné ».

Qu’est’ce qu’ils attendent, ces capitaux, pour s’adapter ? 12 millions de chômeurs Ieur tendent les bras et sont prêts à collaborer avec eux.

 Fibres artificielles

En 1933, la production mondiale de fibres textiles artificielles a dépassé au total un milliard de kilogrammes, dont le cinquième environ, soit 200 millions de kilogrammes, est revenu à l’Allemagne. La matière première que transforme la puissante industrie moderne des textiles de synthèse existe, dans le monde, en quantités pratiquement inépuisables. Il s’agit principalement du bois et, dans les pays qui en disposent, des déchets de coton ; suivant les procédés mis en oeuvre, les opérations industrielles de fabrication exigent également en quantités importantes soit du soufre (fibres de viscose), soit de l’acide acétique (fibres à l’acétate). Ces deux produits existent en abondance ; le premier s’extrait des gisements de pyrites pour les pays qui en sont dépourvus, des gaz de fours à coke ; quant à l’acide acétique, il constitue un dérivé du carbure de calcium préparé au four électrique, a partir de la chaux et du charbon, matières universellement répandues.

Les fibres artificielles précédentes sont d’origine végétale ; on sait qu’il en existe d’autres d’origine animale, préparées a partir de matières albuminoïdes du lait (lanital) ou des poissons. Il est probable que ces fibres douées de propriétés précieuses, au lieu d’être filées et tissées seules, seront de plus en plus à l’ avenir mélangées aux autres fibres d’origine vegétale pour donner des produits intermédiaires qui n’existent pas dans la nature. En outre, nous allons voir apparaître prochainement des fibres textiles entièrement nouvelles dont l’origine ne sera ni animale, ni végétale. On a signalé récemment l’apparition des tissus en fils de verre, incombustibles, inattaquables aux acides, et doués d’une grande résistance mécanique. Voici que l’on envisage maintenant de fabriquer de nouveaux textiles à l’aide de résines synthétiques. De telles fibres, mélangées avec les autres produits déjà existants, naturels ou artificiels, seraient susceptibles de donner des tissus d’aspects entièrement nouveaux. Rappelons que la fabrication de ces fibres en résines synthétiques réaliserait vraiment une synthèse totale, par voie purement chimique, puisque les matières premières mises en œuvre pourraient être uniquement, mis à part les gaz de l’air, le charbon et la chaux, les mêmes que pour la fabrication du caoutchouc artificiel.

En 1937, la production mondiale des fibres artificielles a atteint 60 % de celle de la laine naturelle ; en 1938, elle a dépassé 75 % . Attendons-nous, dans peu d’années, à voir la laine naturelle céder le pas aux textiles de synthèse.


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