Arrestations massives
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Mise en ligne : 31 janvier 2010
968 personnes arrêtées à Copenhague le 12 décembre, 300 le lendemain…
Naomi Klein, canadienne, auteure en 2000 de No Logo et en 2008 de La stratégie du choc, répondait au sujet de ces interventions policières aux questions du journaliste Frank Dubois :
Frank Dubois : Que pensez-vous de la façon dont la police danoise a traité les manifestants ?
Naomi Klein : Ce que nous avons vu samedi était horrible. C’était une manifestation incroyablement dénuée de violence. Je me trouvais dans la partie la plus remuante et il n’y a absolument pas eu de heurts. Quelques vitres ont bien cédé, mais je puis vous assurer que les organisateurs de la manifestation se sont eux-mêmes employés à résoudre ce problème. Ils ont tout de suite fait comprendre clairement qu’il n’y avait pas de place pour la violence et ils ont demandé aux manifestants impliqués de quitter la marche, ce qu’ils ont fait. Les gens qui ont été arrêtés n’étaient pas les auteurs de ces actes. Appeler cela des bagarres n’est pas loyal. Près d’un millier de personnes arrêtées, c’est absolument disproportionné. Et ces personnes ont été obligées de s’asseoir à même le sol glacial, poignets et chevilles menottés. Elles ont été humiliées. C’est vraiment une affaire regrettable, car bien des gens venus à Copenhague avaient une image très positive de la ville. Nous n‘en garderons pas un bon souvenir, en raison de sa police antiémeute. …Évidemment, c’est leur ville, mais ce sommet intéresse le monde entier. Il s’agit de notre avenir et tout le monde a le droit de se faire entendre.
Quand Copenhague a décidé d’accueillir ce sommet, cette ville a également assumé la responsabilité de faire en sorte que la voix de chacun soit entendue et que chacun puisse être traité avec humanité et respect.
Jusqu’à présent, ce n’a pas été le cas…
Un effort énorme a été consenti afin de fixer “Hopenhagen” (Hope = espoir en anglais) en tant qu’image de marque. Et de grandes entreprises comme Siemens et Coca-Cola essaient aussi d’associer leur marque au sommet. Mais il en résulte qu’il n’y a pas de place pour la critique. Celui qui critique disparaît aussitôt de l’image.
Et voici donc le message que j’adresse à la police danoise et à l’État danois : c’est votre ville, en effet, et nous respectons tout ce que vous avez fait pour devenir “ verts” et nous aimons vos vélos et vos éoliennes, mais c’est de notre monde qu’il s’agit, et tout le monde a le droit de faire savoir ce qu’il pense.