Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : avril 1978
Mise en ligne : 1er septembre 2008

M. HERVET, président de l’Office de coordination des banques privées, s’élève contre les projets de nationalisation du crédit que proposent les partis de rauche  : ce serait, selon lui, la fin des libertés individuelles et le commencement de la collectivisation. Elle mettrait en effet l’ensemble du crédit sous la tutelle du Plan, donc au pouvoir discrétionnaire de quelques fonctionnaires.
Quand on sait, comme les lecteurs de « La Grande Relève  », comment les banques fabriquent la monnaie(*) et en vivent - grassement - on comprend que les propriétaires des dites banques se battent vigoureusement pour continuer à bénéficier de leurs privilèges.

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Depuis l’arrivée de R. BARRE à la tête du gouvernement, le franc a perdu 17 % de sa valeur par rapport au deutschmark  !
Mais, comme dit le Premier ministre, ça n’a pas d’importance puisqu’on paie notre pétrole en dollars !

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Autre succès remarquable de la politique libérale avancée du Premier ministre : d’après l’I.N.S.E.E., 13 842 entreprises ont disparu en 1977, soit 11,7 % de plus qu’en 1976. Et les résultats prévus pour 1978 ne s’annoncent guère mieux.

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La productivité (les usines du groupe Rhône-Poulenc situées en France a augmenté de 6 % en 1977. Cela s’est traduit par une baisse de 2 % des frais fixes et... le licenciement de 2 200 personnes.
Pour améliorer ses performances, Rhône-Poulenc envisage, de se doter d’un secteur textile plus moderne, capable de se mesurer avec les autres grands de la chimie européenne.
Cela ne manque pas de sel quand on sait que c’est principalement dans le domaine des fibres textiles que la situation des trusts de la chimie s’est dégradée depuis quelques années. Les spécialistes attribuent ces mauvais résultats à la surcapacité mondiale de production, à la concurrence des pays à bas salaires et à l’efficacité technologique de certains pays du Tiers-Monde équipés de machines modernes... fournies par les pays industrialisés.

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Comme fout le monde le sait, le groupe Rhône-Poulenc fait partie des sociétés nationalisa bles.
Ce que l’on sait moins, c’ est qu’en 1977 l’endettement total du groupe représente 53 % de son chiffre d’affaire, qui s’est élevé à 23,6 milliards nouveaux.
Et si, pour changer un peu, on nationalisait les bénéfices et laissait les dettes au secteur bancaire privé ?

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La société américaine «  Union Carbide » annonce la prochaine mise en service d’unités de production de polyéthylène basse densité, exigeant un investissement moitié moindre qu’auparavant, et permettant d’économiser 75 % de l’énergie absorbée par les procédés utilisés précédemment.

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La société suédoise SAAB-SCANIA vient d’installer au Nord de Stockolm une station éolienne expérimentale. Cette éolienne comporte un rotor de deux pales de neuf- mètres de longueur et est installée au sommet d’une tour de 25 mètres de haut. Un calculateur permet de déterminer le régime optimal de rotation. La puissance délivrée est de 50 à 60 kilowatts.
Ce système est destiné à expérimenter la technique éolienne sur une durée de cinq ans avant de mettre en oeuvre des systèmes plus puissants devant délivré des puissances de 400 à 500 kilowatts.

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Nous ne manquerons pas de chocolat : la Malaisie envisage de développer sur son territoire la culture du cacao. Les surfaces cultivées ont triplé depuis 197l et grâce aux recherches pour sélectionner les plans, et a la culture conjointe de la noix de coco, des rendements de 250 kg à l’hectare seront atteints (ils ne sont que de 100 kg à l’hectare en Afrique).
Mais, vigilant, le gouvernement malais contrôle de près ce développement afin d’éviter une surproduction qui ferait baisser les cours.
Comme quoi les leçons des pays développés ne sont pas perdues pour tout le monde.

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Alors que STOLERU parle de l’accroissement inévitable des inégalités sociales et s’élève contre la « société d’assistance », dans «  Les joueurs de flûte », Albin CHALANDON, autre ardent défenseur de l’économie libérale, critique bien sûr, le programme économique de la gauche, mais parle de la nécessaire réduction des inégalités et propose un minimum garanti de ressources pour tous. (Nous, on n’est pas d’accord ; c’est un maximum de ressources garanti qu’on réclame depuis longtemps !) .
Quant aux libéraux avancés (Chalandon, Stoleru et les autres), il faudrait peut-être qu’ils accordent... leurs violons  !

(*) Voir notre n° de mai 1977.