LA nécessité de former des prix avec
des revenus préétablis (et non plus l’inverse) revêt
un caractère primordial. Elle n’implique en aucune façon,
en revanche, un dirigisme touche-àtout ou une étatisation
livrant la production aux gouvernements qui se succèdent. Le
capitalisme d’Etat serait, au surplus, un contresens, à l’heure
où les plus récentes techniques tendent à la déconcentration,
aux autonomies de gestion et au fédéralisme, en miniaturisant
les outillages, en dépeuplant les usines et en dispersant les
moyens de production.
Le vrai problème consiste d’une part, à instituer un régime
généralisé de contrats collectifs déterminant
la part revenant a chacun, actif ou passif ; d’autre part, à
insérer cette répartition contractuelle dans une organisation
communautaire, à base professionnelle et interprofessionnelle,
prenant en charge les diverses branches et leurs ressortissants producteurs
et non-producteurs.
Au sein de cet encadrement syndicalo-coopératif, les entreprises
oeuvreraient pour la communauté qui est la leur. Libérées
du souci de la vente ainsi que des charges sociales, fiscales et d’investissements,
elles rivaliseraient d’émulation sur pied d’égalité,
tels des coureurs sur un stade. Cela, sous l’arbitrage du client devenu
solvable et dûment informé par d’impartiales notices communautaires
des caractéristiques des produits offerts.
Il suffit d’inventorier les possibilités de la production et
l’étendue des besoins à pourvoir, pour comprendre que
chacun pourrait jouir d’un large pouvoir d’achat et que, parallèlement,
il y aurait encore du travail pour fous. L’homme de la rue commence
à le percevoir. Malheureusement, ni les debaters de la majorité
ni ceux de l’opposition n’ont pris conscience des nouvelles réalités.
Pas question d’État centralisateur
par
Publication : avril 1978
Mise en ligne : 1er septembre 2008