Au pied du Mont Lozère
par
Publication : juin 1977
Mise en ligne : 19 mars 2008
J ’AI eu récemment l’occasion de parcourir la
Lozère. C’est une région magnifique, mais chaque jour
plus délaissée. Les vieux y végètent et
souffrent, attachés à leurs terres, que les enfants abandonnent
pour aller s’entasser dans les villes.
Cet exode n’est pas seulement le résultat d’une publicité,
ou d’une mode.
En parlant avec ces fils de paysans, on comprend qu’ils ne sont pas
souvent partis de gaîté de coeur et pour la gloire. La
plupart aiment leur pays plus que tout autre et rêvent d’y revenir.
« Seulement, il faut vivre, disent-ils, et ici il n’y a plus de
quoi nourrir une famille ».
C’est vrai. Il n’y a pas de raison pour que ceux qui sont nés
dans ces villages arides et rudes ne puissent pas, comme les autres,
voir évoluer avec le progrès technique, leurs conditions
matérielles.
Mais le travail qu’ils trouvent en ville, s’ils en trouvent, les satisfait
rarement. Et, s’il est mieux payé, il n’est pas toujours moins
pénible que celui de la terre. Enfin, beaucoup de jeunes ont
conscience d’avoir perdu une certaine « qualité de la vie
».
Je ne puis m’empêcher d’imaginer ce qui se passerait si un revenu
social leur était assuré. Beaucoup reviendraient très
vite au village et y travailleraient sans renâcler, et intelligemment.
« Ecologiquement ». Et tout le monde y aurait avantage !
Quel gâchis, ce capitalisme !