Biodiversité, climat et question sociale

Réflexion
par  G. EVRARD
Publication : janvier 2022
Mise en ligne : 15 mai 2022

L’humanité et la biosphère sont intrinsèquement liées sur notre planète. Guy Évrard met en perspective le respect et la préservation du vivant avec une réflexion sur notre système social moderne. Notre organisation et nos fonctionnements peuvent-ils se satisfaire du modèle économique capitaliste et ses corollaires sociaux pour envisager une cohabitation durable ?

Le 22 septembre 2021, je reçois le même jour deux revues auxquelles je suis abonné, titrant respectivement en couverture  : «  Biodiversité et climat  », La Recherche [1] et «  Agir pour la biodiversité et le climat », La Terre [2]. Cette convergence des titres n’est pas fortuite puisque le Congrès mondial de la nature de l’UICN vient de s’achever à Marseille, et que la COP 26 pour le climat puis la COP 15 pour la biodiversité, sont attendues dans les prochains mois. Et alors que de violents épisodes climatiques se sont multipliés au cours de l’été en différentes régions du globe, le GIEC commence à dévoiler son 6ème rapport [3], confirmant avec insistance le dérèglement climatique et les conséquences probables pour les peuples sous diverses latitudes.

Ces évènements, médiatisés à l’échelle internationale, fondent la prise de conscience quasi universelle aujourd’hui des risques d’une nouvelle extinction du vivant, cette fois d’origine anthropique et beaucoup plus rapide que les cinq précédentes [4]. En même temps, ils témoignent globalement de l’incapacité persistante de l’humanité à enrayer une telle évolution mortifère. C’est donc bien l’organisation de nos sociétés et les rapports de force qui les traversent, se résumant dans "la question sociale", qu’il est aussi urgent d’appréhender.

 La place et l’activité singulière de l’humanité dans le monde vivant

Une approche scientifique de la place qu’occupe l’espèce humaine sur la Terre consiste à estimer la biomasse que forme chaque famille du vivant, exprimée en masse de carbone, élément à la base de toutes les molécules qui constituent les organismes (voir tableau [5], [6]). Les êtres humains ne représentent que 0,01 % environ de la masse totale. C’est dire la redoutable "efficacité" acquise aujourd’hui de leur activité sur le devenir de la planète. Au vu des menaces qui pèsent, nous devons nous interroger sur l’histoire et les finalités de cette activité.

Répartition moyenne de la biomasse sur Terre, exprimée en milliards de tonnes de carbone

On remarque au passage la proportion nettement plus importante du bétail et des animaux domestiques (qui contribuent certes à une forme de biodiversité), par rapport aux mammifères sauvages. Ce qui doit nous interpeller également sur nos habitudes de consommation et leurs conséquences sur la santé et l’émission de gaz à effet de serre (le méthane notamment).

Dans un numéro de La Grande Relève paru en 2009 [7], nous avons retracé brièvement l’aventure humaine et le peuplement de la Terre dans le temps et l’espace, de la conquête à la fuite en avant au cours des derniers siècles, jusqu’à la crise actuelle. On mesure à la fois «  la jeunesse  » de l’homme sur la Terre et l’accélération des transformations dont il est responsable, avec les conséquences négatives qui sont maintenant perceptibles dans la durée d’une vie d’homme et que Jean Dorst appréhendait déjà scientifiquement en 1965 dans Avant que nature meure [8].

On estime aujourd’hui qu’homo sapiens a émergé en Afrique, il y a environ 300 000 ans. Après l’extinction des néandertaliens, il y a moins de 30 000 ans, il reste la seule espèce humaine sur notre planète. Les chasseurs-cueilleurs devaient certes laisser la trace de leurs pratiques, mais rien qui perturbe durablement la biosphère. C’est au néolithique, entre 10 000 ans avant notre ère dans le Croissant fertile au Proche-Orient et plus tardivement dans d’autres régions du globe, que l’on fait souvent remonter les prémices de la civilisation occidentale, celle aujourd’hui mise en cause [9], [10], [11], [12]. Ce sont les débuts de la sédentarisation, de l’élevage et de l’agriculture, autorisant une population croissante, avec les tentatives de premières cités, puis de premiers états et l’émergence de pouvoirs ou de dominations.

(© Septimiu, 2018, pixabay)

L’anthropologue Philippe Descola affirme que «  La conceptualisation occidentale d’une nature conçue comme une totalité extérieure qu’on exploite est la chose au monde la moins bien partagée  » [13]. En étudiant longuement les rapports matériel, technique et symbolique qu’entretient le peuple Achuar avec son environnement, en Amazonie, il observe que la sphère sociale est étendue aux non humains : aux plantes, aux animaux mais aussi aux objets de la nature et aux esprits… Et comme les autres sociétés amazoniennes, les Achuars ne se sont pas simplement adaptés à la nature mais ils ont profondément transformé leur milieu de vie, au fil des siècles, pratiquant notamment la culture sur brûlis. Cette analyse, prolongée par l’auteur au-delà de l’enquête de terrain, aboutit en 2005 à l’ouvrage de référence Par-delà nature et culture [14].

Des peuples, non constitués en états, modifient donc la nature et y vivent, sans la détruire, également dans d’autres régions du monde. Pourtant, cette dualité entre nature et culture, sans doute trop sacralisée au siècle des Lumières, continue de régler la marche du monde aujourd’hui. Tout est dit dans les propos de Juan Pablo Gutierrez, ambassadeur de l’Organisation nationale indigène de Colombie, au Congrès mondial de la nature de l’UICN  : «  Face à l’extinction du vivant, les peuples autochtones sont la solution. Les territoires indigènes abritent 80 % de la biodiversité restante de la planète, alors que nous ne représentons que 4 % de la population mondiale.

L’humanité toute entière survit grâce à notre existence. Ce n’est pas parce que nous avons eu les territoires les plus riches en biodiversité ou les plus étendus. Nous avons préservé notre environnement parce que nous ne sommes pas montés dans le train de la civilisation occidentale. Je suis du peuple Yukpa en Colombie. Nous avons été colonisés physiquement mais nous n’avons pas laissé nos pensées l’être. On a préservé notre façon de faire société. Les sociétés autochtones et non-autochtones se fondent sur des conceptions structurellement différentes de la nature. Les sociétés modernes occidentales la considèrent comme une ressource au seul service de leur développement. Les peuples autochtones n’ont jamais opéré cette séparation entre la nature et l’homme. Il n’y a pas de nature, il y a un tout dont nous faisons partie. Sans ce tout, pas de vie possible, il faut en prendre soin. C’est ce que nous nous appliquons à faire. Le système capitaliste et néolibéral centré sur la consommation et la prédation des ressources naturelles est en train de mener la civilisation humaine à l’extinction. […] Il faut s’attaquer à la source, au capitalisme néolibéral qui émet des gaz à effet de serre. […] La seule preuve vivante d’un mode d’organisation sociale respectueux de l’environnement vient des peuples autochtones. Il n’est pas question de dire que tout le monde doit se mettre pieds nus et aller vivre dans la forêt, mais les sociétés occidentales doivent opérer un changement dans leur manière de considérer le vivant, il y a d’autres perspectives de vie » [15].

Portrait d’une femme de la tribu Koguis et de son enfant sur l’une des terrasses de Ciudad Perdida, en Colombie.
(© Dwayne Reilander, 2017, wikimedia commons)

 La question sociale, c’est dépasser le capitalisme

Aucune évolution juste et réellement transformatrice de la société occidentale n’est envisageable en deçà de cette perspective. En France, de nombreux auteurs se sont efforcés de produire une analyse politique et sociologique face à l’urgence de la situation. Quatre contributions sont d’abord évoquées ici, publiées autour de 2010, alors que l’écologie politique et les formations de gauche peinaient toujours à associer la question sociale et celle des défis environnementaux, dans une philosophie politique partagée. Dans Le capitalisme est-il indépassable  ?, à l’encontre de cette supposition, Cédric Durand décrypte «  le caractère historique — donc voué à disparaître — de ce système socio-économique  » [16]. Dans Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Hervé Kempf propose de reconstruire «  une société où l’économie n’est pas reine mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit  » [17]. Dans L’impossible capitalisme vert, Daniel Tanuro s’inquiète et interroge  : «  Si l’on n’est pas capable d’articuler luttes sociales et écologiques, le capitalisme causera des catastrophes humaines et environnementales. Quelles erreurs ceux qui se réclament du socialisme ont-ils commises pour que cette articulation soit si difficile  ?  » [18]. Enfin, dans Social-écologie, Eloi Laurent met en lumière «  le rôle fondamental que jouent les inégalités sociales dans les crises écologiques  : la richesse excessive et la pauvreté extrême, et plus généralement les inégalités de revenu et de pouvoir,[…] et montre alors que la démocratie se révèle notre meilleur recours pour faire face aux crises écologiques, à la condition que nous affirmions la centralité du principe de justice et d’égalité » [19].

Pour ceux qui pensent encore l’organisation capitaliste immuable, sans forcément l’approuver, tenter de la dépasser relève d’une nouvelle révolution copernicienne, redoutée dans sa marche vers l’inconnu. Convenons que le rêve d’un “grand soir”, avec son cortège inévitable de violences, est aujourd’hui révolu. Une démarche de fond consiste à faire avancer la réflexion individuelle et collective pour inventer un nouvel avenir, jusqu’à devenir une aspiration majoritaire irrépressible. La Grande Relève s’y emploie et de multiples expériences et mouvements y contribuent, face à un pouvoir qui n’hésite pas à bousculer la démocratie et détricoter les acquis sociaux, dans une stratégie souvent perverse mais bien inscrite dans la lutte des classes, avec la complicité de médias regroupés à dessein sous la houlette de puissances financières.

Cette réflexion passe bien entendu par la critique historique de la social-démocratie de gouvernement et du “communisme réel”, qui n’a jamais existé  ! Quel contenu et quel nom donner à cette aspiration  ? Beaucoup s’y sont essayés. Gageons que le contenu s’élaborera démocratiquement “en marchant”, au fil des expériences et des luttes sociales, pourvu que chacun ait envie de réfléchir au monde dans lequel il souhaite vivre, nourri par l’expérience, les échanges, sa propre culture et la critique historique précédente. Le nom a son importance car, peu ou prou, il éclairera sur le contenu. En 2009, le philosophe Alain Badiou retient “l’hypothèse communiste”  : «  Elle revient à dire que le devenir de l’humanité n’est pas condamné à la domination planétaire du capitalisme, aux inégalités monstrueuses qui l’accompagnent, à l’obscène division du travail et à la “démocratie” qui est, de tout cela, le concentré étatique, organisant en fait le pouvoir sans partage d’une oligarchie très étroite  » [20]. Pourtant, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain  ; dans un monde de plus en plus complexe, démocratie et État sont d’abord à reconquérir au service de l’intérêt général. Un autre philosophe, Lucien Sève (1926-2020), s’est engagé en 2004 dans la publication d’une synthèse considérable, Penser avec Marx aujourd’hui [21], afin de renouveler la vision communiste, où il reprend dans le tome 2 une formule de Marx qui est ici au cœur de notre sujet  : «  La production capitaliste ne développe la technique et la combinaison du procès de production social qu’en ruinant dans le même temps les sources vives de toute richesse  : la terre et le travailleur  ». Lucien Sève s’inquiète alors, en 2009, de ce que “la cause anthropologique” s’efface devant la cause écologique, qu’il soutient cependant sans ambiguïté [22]. Bernard Vasseur, également philosophe, publie en 2020, tandis que la crise sanitaire s’étend sur la planète et en y trouvant argument  : «  Le communisme a de l’avenir… si on le libère du passé  ». L’auteur propose de «  lire Marx […] en le détricotant des traditions militantes de la social-démocratie allemande et du marxisme soviétisé  » [23].

Enfin, lors de la dernière Fête de l’Humanité (2021), un débat illustre toute l’actualité et la pertinence de l’interrogation, au cours duquel le philosophe et économiste Frédéric Lordon revient sur le mouvement Nuit debout de 2016  : «  Nuit debout, avec tous ses caractères de naïveté, n’en avait pas moins fixé une idée directrice  : il fallait cesser de dire ce que nous ne voulons pas et commencer à dire ce que nous voulons. Encore fallait-il savoir ce que nous voulons affirmer  ! Le communisme est le nom de cette affirmation. Cela devient impérieux car nous vivons une phase […] de ce que Gramsci appelle une crise organique, durant laquelle se décomposent les autorités institutionnelles (la politique, l’État, la science, etc.). […] Mais pour que la décomposition soit vraiment une bonne nouvelle, elle doit s’accompagner de la recomposition d’un autre ordre plus conforme à ce que nous voulons. Pour l’instant, nous sommes un peu dans un entre-deux. […] La nature ayant horreur du vide, […] une proposition mortifère fasciste pointe son nez. On ne fera face à cette proposition fasciste qu’en avançant une proposition globale de recomposition d’ordre social. Communisme est le nom de cette proposition. Bien sûr, communisme est un mot détérioré par l’Histoire et de nombreux secteurs de la société restent sensibles à cela. […] À la fin des fins, j’ai choisi de l’utiliser, à défaut d’autre chose  » [24]. Une certitude, la tâche est immense et ne se réduit pas au seul exercice intellectuel.

 Des expériences et des luttes sociales

Une récente émission de télévision évoquait la lutte victorieuse contre l’extension du camp militaire du Larzac, dans les années 1970 [25], qui prévoyait l’expropriation d’une centaine d’exploitations agricoles. Une lutte pacifique et inventive, engagée d’abord à l’initiative de la paysannerie locale et quelques néo-ruraux, qui agrégea ensuite dans la durée une foule de militants divers, avec des résonances internationales, préfigurant le futur mouvement altermondialiste en France [26], [27]. L’émission donnait la parole à de jeunes agriculteurs ou producteurs locaux d’aujourd’hui. La Société civile des terres du Larzac, issue de la lutte et représentant agriculteurs, habitants et usagers du territoire, a pris en charge en 1985 la gestion des terres expropriées (6 300 ha), par le biais d’un bail emphytéotique de longue durée contracté avec l’État, et propose depuis aux candidats à l’installation, moyennant un très faible investissement, de disposer d’une exploitation (terre et bâtiments) jusqu’à leur retraite, sans en être les propriétaires, pour céder ensuite la place et assurer ainsi le renouvellement des générations. Ce système de gestion a entraîné jusqu’ici une augmentation de la population paysanne de 25 % sur le plateau. José Bové, acteur de l’expérience, en tire quelques leçons  : «  Pour un producteur, le fait de pouvoir s’installer sans être obligé d’acquérir l’outil de travail a été décisif. Le foncier ne doit plus être soumis au marché, sans avoir à abolir la propriété  ; la gestion du foncier et de sa vocation agricole peut être assurée collectivement au niveau […] d’un territoire. L’usage collectif du foncier est à préserver et l’intérêt collectif doit l’emporter sur l’intérêt individuel. Celui qui travaille la terre ne doit pas forcément décider de tout. […] Une partie du droit de propriété peut être enlevée au seul pouvoir du propriétaire pour gérer collectivement un territoire » [28]. Retour et dépassement des communs historiques ou transition vers la propriété collective des moyens de production, en attendant l’effacement de la propriété  ? En tout cas, primauté du droit d’usage.

Dans les années 2010, on ne manqua pas de rapprocher la lutte populaire contre le futur aéroport du Grand-Ouest, à Notre-Dame-des-Landes, qui se termina aussi par l’abandon du projet en janvier 2018, à celle du Larzac 40 ans plus tôt. Depuis, les négociations sont toujours en cours sur le devenir des terres expropriées (1 650 ha) à Notre-Dame-des-Landes. L’ancien député européen José Bové a proposé une approche juridique sur la base des solutions expérimentées au Larzac, rappelant qu’elles furent l’aboutissement de trois années de discussions [29].

Soirée d’inauguration de l’Ambazada, lieu d’accueil construit en 2018 sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, destiné à organiser tout type d’événements, à la disposition des collectifs, des dynamiques militantes et des peuples minorisés.

(© Maxime Lathuilière, 2018, wikimedia commons)

Un autre "grand projet inutile", celui du complexe "Europacity", dans le Triangle de Gonesse, qui risquait d’engloutir 700 ha de terres fertiles au nord de Paris, avec bien d’autres conséquences environnementales, a également été abandonné par les pouvoirs publics en novembre 2019, sous la pression d’une opposition déjà opiniâtre. Mais l’aménagement du territoire y reste à l’ordre du jour. Le quotidien en ligne Reporterre a mis en place une carte de France des collectifs en lutte contre les plus ou moins "grands projets inutiles". Elle comptait 315 collectifs en mars 2021  : «  La lutte paie  : mine de rien, les écologistes remportent de nombreuses victoires  » [30]. Il y a eu aussi bien sûr des échecs.

Le monde agricole est à la fois un acteur et un témoin majeur de la biodiversité, du climat et de leur incidence sociale, ce qui autorise Patrick Le Hyaric, dans un éditorial titré L’Homme et la nature : mêmes combats, à l’analyse globale suivante  : «  Il faudrait avoir le courage [à la COP 26] de mettre en cause l’agrobusiness mondialisé qui n’a que faire du travail humain comme de l’ensemble des espèces composant la biodiversité puisque son but est la rentabilité financière et le profit maximum. Ce capitalisme appliqué à l’agriculture conduit à de dramatiques impasses pour les êtres humains et les écosystèmes. Il y a urgence à débattre d’une nouvelle politique agricole et alimentaire commune [la PAC européenne] et de la fin des funestes traités de libre-échange, pour un autre projet de production agricole visant la satisfaction des besoins humains, la rémunération correcte du travail paysan, la protection de la nature, de la biodiversité et des paysages, l’alimentation de qualité, à partir de productions relocalisées. Un processus planifié vers l’agroécologie contre l’agrochimie […]  » [31]. Une organisation sur la base d’exploitations familiales (il subsiste 435 000 exploitations en France mais leur nombre va toujours diminuant), à l’opposé de l’agriculture industrielle.

Enfin, il est encourageant d’observer que le recours au droit ouvre de nouveaux chemins de lutte à travers le monde [32], [33], droits de la nature mais aussi contentieux climatiques ces dernières années. En France, "L’Affaire du siècle", qui lie quatre ONG (Greenpeace, Oxfam, Notre affaire à tous et la Fondation Nicolas Hulot), forte du soutien de 2,3 millions de pétitionnaires et appuyée par une solide équipe de juristes, a d’abord fait condamner l’État par le tribunal administratif en février 2021 pour son inaction climatique. Un nouveau jugement obtenu en octobre 2021 oblige désormais l’État à agir afin de réparer avant le 31 décembre 2022 les conséquences de son inaction entre 2015 et 2018 (rattraper le retard accumulé en termes d’émissions de gaz à effet de serre, sous peine d’astreinte financière), et respecter ainsi ses propres engagements politiques [34], [35]. Par ailleurs, en juillet 2021, saisi par la commune de Grande-Synthe (dans le nord, près de Dunkerque), menacée par la montée du niveau de la mer, le Conseil d’État donnait jusqu’au 31 mars 2022 au gouvernement pour infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre, afin de respecter l’objectif issu de l’accord de Paris d’une baisse de 40 % d’ici à 2030, par rapport à 1990 [36].

Nous laissons la conclusion provisoire au physicien climatologue Hervé Le Treut, exprimée lors d’un débat à la veille de la COP 26  : «  Nous sommes dans un monde en évolution rapide. Nous avons besoin d’un monde nouveau. Aujourd’hui, le plus important est de se mettre en route sachant que nous avons déjà dépassé des seuils. […] Il faut agir tous azimuts, mener des actions concrètes, visibles, fortes, immédiates, dans un monde réel. Commençons par protéger les territoires qui sont menacés. N’agissons pas seulement du point de vue de la physique du climat et de la science mais aussi en termes de biodiversité et de problématiques sociales. Réduire les gaz à effet de serre, c’est agir sur les littoraux, les montagnes, l’agriculture, les transports. […]  ».


[1La Recherche, N°567, octobre/décembre 2021.

[2La Terre, N°04, septembre/novembre 2021.

[3GIEC  : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Le rapport du GIEC en 18 graphiques - Sciences² (lemonde.fr), S. Huet, 9 août 2021.

https://www.lemonde.fr/blog/huet/2021/08/09/le-rapport-du-giec-en-18-graphiques/
Approbation en cours de la contribution du groupe 1.

[4Un documentaire d’Alexis de Favitski, «  Nos mondes disparus  » (2019), rediffusé le jeudi 23 septembre sur France 5, évoquait les cinq grandes extinctions intervenues sur la Terre au cours des derniers 500 millions d’années, depuis «  l’explosion du vivant  » au cambrien, et les métamorphoses qui en ont résulté.

[5Référence 1, p.3. Éditorial de Philippe Pajot, Le poids du vivant.

[7Guy Evrard, I. Quel(s) équilibre(s) démographique(s) sur notre planète ?, La Grande Relève, N°1097, avril 2009, p.12.

[8Jean Dorst, Avant que nature meure, éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel (Suisse), 1965.
Jean Dorst (1924-2001), biologiste, ancien directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle (1975-1985) et membre de l’Académie des sciences. 
Nouvelle édition : Jean Dorst, Avant que nature meure et Robert Barbault, Pour que nature vive, éd. Delachaux Niestlé et MNHN, 2012.

[9Jean-Paul Demoule, La révolution néolithique, éd. Le Pommier, Cité des sciences et de l’industrie, 2008.

Jean-Paul Demoule est archéologue, professeur émérite à l’université de Paris-1-Panthéon-Sorbonne. Il fut le premier président de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives).

[10Jean Guilaine, Caïn Abel, Ötzi, L’héritage néolithique, éd. Gallimard, 2011.
Jean Guilaine est archéologue, professeur émérite au Collège de France.

[11Jean-Paul Demoule, Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire, éd. Fayard, 2017.

[12James C. Scott, Homo domesticus, préface de Jean-Paul Demoule à la traduction française, éd. La Découverte, 2019.
James C. Scott est professeur émérite de science politique et d’anthropologie à l’université Yale, aux États-Unis.

[13Référence 1, page 122. Philippe Descola, «  Je définis les images comme des agents de la vie sociale  ».

Philippe Descola fut l’élève de Claude Lévi-Strauss. Après une carrière à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), il succède à Françoise Héritier au Collège de France, dont il est aujourd’hui professeur honoraire de la chaire d’anthropologie sociale.

[14Philippe Descola, Par-delà nature et culture, éd. Gallimard, 2005.

[15Juan Pablo Gutierrez, «  Nous, les peuples autochtones, sommes la solution  ». Propos recueillis par Pia de Quatrebarbes, l’Humanité, 3-5 septembre 2021, p.6.

[16Cédric Durand, Le capitalisme est-il indépassable  ?, éd. Textuel, 2009.

Cédric Durand est économiste.

[17Hervé Kempf, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, éd. Seuil, l’histoire immédiate, 2009.

[18Daniel Tanuro, L’impossible capitalisme vert, éd. La Découverte, Les empêcheurs de penser en rond, 2010.

[19Eloi Laurent, Social-écologie, éd. Flammarion, 2011.

[20Alain Badiou, L’hypothèse communiste, éd. Lignes, 2009.

[21Lucien Sève, Penser avec Marx aujourd’hui, éd. La Dispute.

Tome 1  : Marx et nous, 2004.

Tome 2  : L’homme  ?, 2008.

Tome 3  : La philosophie  ?, 2014.

Tome 4  : Le communisme  ?, première partie, 2019.

Tome 5  : Le communisme  ?, seconde partie, Quel communisme pour le xxie siècle  ?, 2021.

[22Entretien avec Lucien Sève.
Dans Le Philosophoire, 2009/2 (n°32), pp.27-40.

https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2009-2-page-27.htm

[23Bernard Vasseur, Le communisme a de l’avenir… si on le libère du passé, éd. L’Humanité, 2020.

https://www.pcf93.fr/conf_rence_bernard_vasseur_le_communisme_a_de_l_avenir_si_on_le_lib_re_du_pass

[24Bernard Friot, Frédéric Lordon et Guillaume Roubaud-Quashie, Communisme.s, l’Humanité des débats, 1-3 octobre 2021, pp.11-12.

https://www.youtube.com/watch?v=sytY8KGGgCw

[25Larzac, la terre en partage, France 5, magazine Echappées belles, samedi 9 octobre 2021. Télérama, N°3743, 09-15 octobre 2021, p.95.

[26Lutte du Larzac - Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_du_Larzac

[27Philippe Artières, 1971-1981, le Larzac, une lutte paysanne et globale, l’Humanité des débats, 29-31 octobre 2021, p.18.

[28José Bové, 2002. AGTER - FRANCE. La Société Civile des Terres du Larzac, une approche novatrice et originale de la gestion foncière des territoires ruraux

https://www.agter.org/bdf/fr/corpus_chemin/fiche-chemin-9.html

[29Entretien réalisé par Marie Astier, Reporterre, le 5 janvier 2018.

https://reporterre.net/Le-plan-de-Jose-Bove-pour-Notre-Dame-des-Landes

[30Laury-Anne Cholez et Léa Dang, Reporterre, le 16 mars 2021.

https://reporterre.net/L-engagement-paie-deuxieme-saison-de-la-carte-des-luttes

[31Référence 2, p.3. Éditorial de Patrick Le Hyaric, L’Homme et la nature  : mêmes combats.

[32Valérie Cabanes, Un nouveau droit pour la Terre, éd. Seuil, 2016.
Valérie Cabanes est juriste en droit international.

[33Marine Calmet, Le droit de la nature replace l’homme dans la communauté du vivant. Propos recueillis par Pia de Quatrebarbes, l’Humanité, 3-5 septembre 2021, p.6.
Marine Calmet est juriste et préside l’association Wild Legal.

[34Que va changer la décision de l’Affaire du Siècle ? - L’Affaire du Siècle

https://laffairedusiecle.net/laffaire/affaire-du-siecle-au-tribunal/

[35Emilio Meslet, L’affaire du siècle, des clics et sa claque, l’Humanité, 15-17 octobre 2021, p.10.


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