Comprendre, s’unir et agir... ou périr


par  J. LECLERC
Publication : septembre 1982
Mise en ligne : 26 janvier 2009

SACHEZ, une bonne fois pour toutes, qu’en régime Capitaliste libéral, l’application des prodigieux progrès scientifiques et techniques de production que le XXe siècle a permis d’accomplir, apporte l’Abondance de toutes choses et... le chômage, la misère et, la guerre.
Expliquons-nous.

• LE CHOMAGE

par l’élimination progressive, totale et irrésistible du travail humain : on produit toujours de plus en plus mais toujours avec de moins en moins de travailleurs car, chaque entreprise, sous l’aiguillon de la concurrence, est obligée pour réaliser des bénéfices, de lutter victorieusement contre ses concurrents par l’obtention de prix de revient inférieurs aux leurs, en recourant au Machinisme qui chasse, sans arrêt, les travailleurs des champs, mines, usines, ateliers, magasins, bureaux, etc...
Voilà le phénomène essentiel de notre époque et la cause, la vraie, de l’insoluble et catastrophique crise économique, financière et sociale dans laquelle nous nous débattons, sans résultats, depuis 1925, et dont il est Impossible de sortir ainsi que le prouvent tous les vains efforts faits - sous l’emprise des Puissances d’Argent - par tous les Chefs d’État de toutes les nations capitalistes industrialisées.
Comme la preuve est faite qu’il n’existe, en régime Capitaliste libéral, aucun remède capable de mettre fin au chômage et à la misère, notre salut exige son abandon le plus vite possible car la catastrophe est à nos portes.

• LA MISERE

par le manque de pouvoir d’achat des millions de chômeurs et d’économiquement faibles de toutes catégories ne pouvant plus acquérir l’abondante production de la machine appelée, mensongèrement, « surproduction « , contre laquelle luttent, par tous les moyens à leur disposition, les Chefs d’État de toutes les nations capitalistes industrialisées, au service des maléfiques Puissances d’Argent : réduction des emblavements, arrachage de la vigne, abattage des vaches laitières et d’arbres fruitiers, destruction et stockage des récoltes blé, vin, fruits, beurre, légumes... destructions de tout genre, alors que de par le Monde des millions d’êtres humains sont sous-alimentés, sans abris, à peine vêtus, dans la misère, mourant de faim. En France, ils sont 12 millions d’après le livre de Paul Marie de la Gorce (Editions Grasset)
Le but de ces mesures de malthusianisme est de détruire - aux frais des contribuables - tout ou partie des stocks dits « exédentaires  », afin de rétablir artificiellement les prix de vente et les rendre de nouveau rentables ;

• LA GUERRE

par l’arrêt national et international des échanges conduisant, inexorablement, au conflit militaire qui détruit les biens, les produits et les hommes.
Voilà où aboutit le régime Capitaliste libéral dont le but est la recherche du profit, véritable course à la mort ! Qui peut le nier ?

De tout ce qui précède, il ressort, incontestablement, qu’il est urgent, pour notre salut, d’abandonner - nous le répétons - l’Économie capitaliste libérale qui ne peut plus, désormais, que générer le chômage, la misère et la guerre, en la remplaçant - sans violence et sans spoliation - par une économie nouvelle des besoins appelée « Économie distributive de l’Abondance » pensée, en 1934, par !’économiste non conformiste Jacques DUBOIN, dont nous avons été l’un de" ses collaborateurs durant près- de 50 années, et qui nous apportera :

• LE TRAVAIL

par la répartition, entre tous, des tâches utiles nécessaires  ;

• LA RICHESSE

L’Abondance ne sera plus détruite, comme aujourd’hui, mais répartie, entre tous, au moyen d’une nouvelle monnaie intérieure de consommation, détachée de l’or, gagée sur la production réelle tout entière, distribuée à la population et disparaissant avec le produit ou le service consommé ;

• LA PAIX

car les hommes ne feront plus que des travaux utiles.
La civilisation qui vient ne pourra prendre tout son sens que dans le cadre de « l’Economie distributive de l’Abondance », seule capable de mettre fin - sans violence et sans spoliation - à la misère et au désarroi actuels, en supprimant le chômage, la misère et la guerre.
En nous délivrant du souci de gagner notre vie dans une lutte contre tous nos contemporains, cette civilisation nouvelle permettra à chacun de nous d’avoir accès à la vie supérieure.

A ceux qui orient à l’utopie des idées de Jacques DUBOIN (1), noirs demandons, nous, ses disciples, comment ils prétendent, eux, nous tirer de la situation stupide et catastrophique dans laquelle nous vivons.
On traite d’utopie tout ce qui n’est pas réalisé, était Utopie la suppression de l’esclavage, Utopie l’idée qu’on supprimerait le servage, Utopie les chemins de fer, Utopie l’aviation, le sous-marin, de la terre à la lune. Mais l’Histoire n’est qu’une suite d’utopies réalisées.
Les utopistes, aujourd’hui, sont ceux qui rêvent de faire revivre le passé ; ce sont ceux qui, bien nantis, prêchent l’austérité et les privations, alors que le Monde n’a jamais eu la possibilité de produire autant de richesses qu’à présent.
La vérité est que nous assistons, stupéfaits, à l’aboutissement des efforts accomplis par des milliers de générations qui se sont succédées sur la Terre. Elles nous ont légué ce prodigieux outillage dont nous n’osons nous servir que pour les oeuvres de guerre donc pour distribuer la mort, alors qu’il nous permet de distribuer la vie.
Vous représentez-vous la transformation prodigieuse que subit l’humanité ? Elle rompt avec des millénaires, elle accomplit une évolution comme il ne s’en est jamais produit, afin que rien ne soit comme avant.

• CONCLUSION

En conclusion, que proposons- nous ?
De passer du régime Capitaliste libéral périmé, ne pouvant plus, désormais, que générer le chômage, la misère et la guerre, à l’instauration - sans violence et sans spoliation - de « l’Economie distributive de l’Abondance  » apportant le travail, la richesse et la paix.
Est-ce possible ?
OUI !
Tout est à pied d’oeuvre : hommes, dévouement, matière et outillage.
Il suffit d’un souffle d’Amour terrassant l’Argent dont le général de GAULLE disait : « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a aucunement cessé d’être l’Argent » (« Les chênes qu’on abat... » Edition Gallimard), et notre ami, l’architecte urbaniste LE CORBUSIER « Tuer l’Argent est la condition primordiale pour une mise en ordre du monde actuel » (« Des canons, des munitions ? Merci ! des logis... S.V.P. » (Edition de l’Architecture d’aujourd’hui, 5, rue Bartholdi, Boulogne (Seine).
Comment ?
Par la création, comme déjà dit, d’une monnaie nouvelle intérieure de consommation qui, détachée de l’or, gagée sur la production tout entière, disparaissant avec le produit ou le service consommé et distribuée à toute la population enfants, jeunes à l’étude, adultes en âge de travailler, retraités, handicapés, etc., permettra de pousser au maximum la production de paix et de la passer entièrement à la consommation.
Une monnaie saine doit être arrimée à une base saine comme la production réelle et non aux décisions fluctuantes de ceux qui la fabriquent et en trafiquent à leur aise.
Mais les puissances d’Argent s’y opposent car elles entendent conserver le privilège de pouvoir continuer à fabriquer leur «  monnaie bancaire », appelée scripturale, tirée du néant par des écritures comptables, et de la prêter à intérêt dont le taux, compris les commissions et frais de banque, approche, actuellement, 40 0/0 l’an et qui, incorporé aux prix de revient des produits et services, augmente les prix de vente, crée l’inflation, l’érosion de la monnaie et la ruine des Épargnants.
C’est l’Etat qui doit battre monnaie et non les banquiers qui, détenteurs et maîtres absolus de l’Argent, gouvernent le CREDIT et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut respirer.
On aura alors une économie des besoins et non une exploitation des Maîtres de l’Argent.

• « L’Economie distributive de l’Abondance » est seule capable de sortir la France de ce qu’on appelle improprement «  La Crise » (alors qu’il ne s’agit plus, comme autrefois, d’une dépression de l’économie, mais d’un changement complet de civilisation consécutif à l’application de nos prodigieux moyens actuels de production) et de mettre fin à la misère et au désarroi actuels par la création, nous le répétons, d’une nouvelle monnaie intérieure de consommation, détachée de l’or et qui, gagée sur la production réelle tout entière, permettra de pousser celle-ci au maximum, de la passer entièrement à la consommation et d’enrichir tout le monde dans la mesure où la Science le permet, sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui exclut toute violence et toute spoliation.
Voilà notre planche de salut.

J. L.

(1) Ancien député de Haute-Savoie, ancien Secrétaire d’Etat au Trésor.