Conte de fée
Publication : février 2005
Mise en ligne : 4 novembre 2006
« Supposons que mon oncle d’Amérique m’ait légué une fortune de 10 milliards de francs, au sens que nous avons l’habitude de considérer. J’ai cet argent sous forme de compte en banque. Si je n’y touche pas, en quoi peut-on parler d’un enrichissement réel pour moi, ou d’une inflation pour mon pays ? Des mois, des années s’écoulent. Soudain, je m’avise de faire construire d’immenses usines de construction d’automobiles, camions et tracteurs. À cette fin, je transforme mon argent en billets de banque, j’achète terrains et bâtiments, je paie mes ouvriers, etc. Économiquement parlant, qu’y aurait-il de changé si je m’étais mis à fabriquer 10 milliards de faux billets de banque et à les utiliser de la même manière ? Absolument rien : l’affaire aurait été tout aussi saine. Escroquerie, abus de confiance ? Non pas, car si au bout de trois ou cinq ans, mes ouvriers méfiants, ou les personnes auxquelles ils les auront donnés, viennent me rapporter tous mes faux billets pour m’en demander des vrais, je suis en mesure d’y satisfaire. En vendant en effet toutes mes installations, je dois en tirer facilement 10 milliards. Ainsi je puis, à ce moment, brûler tous mes faux billets et les usines auront été construites sans argent. Il n’y a aucun paradoxe à cela : le fait d’émettre de l’argent pour la création d’entreprises ne saurait correspondre à une irrégularité économique puisque précisément l’argent en question est “gagé” par ladite entreprise. D’ailleurs, on connaît à travers tous les pays du monde le principe des sociétés de crédit. »
Merci à Henri Muller de nous avoir envoyé cet extrait d’un ouvrage intitulé Destins industriels du monde, publié en 1951. Il illustre bien notre étude sur la monnaie (GR 1027 à 1035 et 1038) et au sujet de laquelle nous cherchons un diffuseur.