L’aimez-vous froide ou chaude ?

Soit dit en passant
par  G. LAFONT
Publication : juin 1978
Mise en ligne : 3 septembre 2008

M. Jimmy CARTER a bien des soucis en ce moment, allez. Depuis qu’il a laissé tomber le commerce des cacahuètes, après s’y être fait une solide réputation de businessman, pour prendre en main le destin des U.S.A., il connaît à son tour les petits enquiquinements de tous les chefs d’Etat de la planète aux prises avec les problèmes des temps modernes, l’inflation, le chômage et quelques autres que les économistes les plus distingués, même M. Raymond BARRE, ne sont pas encore parvenus à résoudre. Et ce doux farfelu, qui rêvait de paix, de liberté et de justice, tombe, aujourd’hui, de bien haut.
Jimmy CARTER, lorsqu’il est arrivé à la Maison-Blanche, plein d’idées généreuses, espérait bien amener les Soviétiques à de meilleurs sentiments au sujet des droits de l’homme quelque peu oubliés au pays de BREJNEV et des goulags. Et, par voie de conséquence, à créer un climat de détente dans le monde.
Eh bien, c’est raté. La conférence de Belgrade, qui s’est tenue au mois de mars dernier, a été un échec, ou tout comme, d e v a n t l’intransigeance des Soviétiques, sur le problème des libertés.
Du coup, le projet de limitation des armements stratégiques, dont il avait été un jour question à l’heure des toasts entre les deux partenaires, est renvoyé à des jours meilleurs. Ce qui n’a pas dû chagriner tout le monde dans le milieu des affaires. Certains même espèrent en secret que la guerre froide, de joyeuse mémoire, pourrait bien recommencer.
En attendant mieux.
Pauvre Jimmy, il a encore tout à apprendre du métier. Et son idée, arrivé au pouvoir, de réduire de façon spectaculaire les armements, ne pouvait germer que dans la cervelle d’un naïf ou d’un illuminé.
Qu’adviendrait-il, je vous le demande, si on laissait faire cet hurluberlu  ?
Imaginez - il n’est pas interdit de rêver - qu’un beau jour M.  BREJNEV, entre deux tournées de vodka, brusquement attendri devant la gentillesse de son hôte, et séduit par son idéal de paix et de liberté, tombe dans les bras de Jimmy CARTER en lui disant - en russe - sous l’oeil des caméras : « - Faisons la paix ! ».
Ça serait pas beau ?
Non, ça serait un coup dur, un coup dur pour les U.S.A., d’abord et pour tous les autres pays dits civilisés ensuite, qui vivent de la fabrication, du commerce et du trafic des armes de guerre. Un coup dur pour le système capitaliste dont l’apparente prospérité ne repose que sur la course aux armements, quelques points chauds savamment entretenus en divers lieux du globe permettent à des hommes d’affaires philanthropes - si, il y en a, voyez M. DASSAULT - de se faire un peu d’argent de poche en fournissant aux belligérants le matériel nécessaire pour s’entre-tuer allègrement, à l’industrie du cassepipes de tourner, et aux demandeurs d’emploi de trouver encore un peu de boulot.
Alors, pas de blagues. Si les deux grands se décident à faire la paix, c’est foutu. Le système économique prix-salaires-profits s’écroule.
Je disais, au début de cet article, que M. Jimmy CARTER est un illuminé, mais cela se soigne. Il doit bien y avoir aussi des hôpitaux psychiatriques aux U.S.A.