La science économique, admirable dans l’analyse
du passé, devient balbutiante dès qu’il s’agit de prévoir
l’avenir et de proposer des solutions ».
C’est un bel aveu ! Et il sort de la bouche d’un connaisseur M. CHEVALLAZ,
chef du département fédéral suisse des finances.
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Plus de morue pour les Portugais : afin de pouvoir
bénéficier d’aides financières diverses, le gouvernement
portugais (social-démocrate !) a accepté toutes les conditions
du Fonds Monétaire International. Entre autres : maintien à
15 % du taux de chômage, augmentation de l’eau, du gaz, de l’électricité,
des transports de 25 à 50 % ; augmentation moyenne de 22 % du
pain, du riz, des farines, de l’huile, du sucre et de la viande de porc.
La morue, plat national, atteint d’ores et déjà des prix
prohibitifs pour la plupart des foyers et est condamnée à
disparaître purement et simplement du marché.
Qui plus est, les experts du F.M.I. insistent sur la nécessité
de dévaluer à nouveau la monnaie portugaise et de rendre
l’accès au crédit plus difficile en portant de 13 à
20 % le taux d’escompte. Ce qui aura pour effet de faire fermer leurs
portes à un grand nombre de petites et moyennes entreprises qui
ont déjà de grosses difficultés de trésorerie.
C’est un moyen comme un autre de « restructurer » l’industrie
ou de la mettre entre les mains des multinationales.
Pourquoi le F.M.I. n’a-t-il jamais pu imposer de semblables mesures
aux Etats-Unis qui, pourtant, connaissent un sérieux déficit
de leur balance commerciale ?
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Dans le dernier numéro de « La Grande Relève », H. MULLER analysait l’ouvrage de Charles LEVINSON intitulé « Vodka- Cola ». Voici une nouvelle illustration de la collusion capitaliste-socialiste dénoncée dans le livre : après avoir obtenu l’exclusivité de la vente des boissons non alcoolisées aux futurs jeux olympiques de Moscou, Coca-Cola va fabriquer du thé instantané pour les soviétiques. La firme américaine proposera ensuite la construction par ses filiales d’une usine en U.R.S.S. pour la fabrication de thé instantané. A plus long terme, Coca-Cola envisage la construction en U.R.S.S. d’usines de fabrications d’aliments et de conservation de légumes.
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M. GOELTER, ministre des Affaires sociales de Rhénanie-
Westphalie (R. F. A.), estime qu’il y a en République Fédérale
Allemande environ un million de personnes qui, à cause du chômage,
sont entraînées en deça du seuil de pauvreté.
Les quelque 19 % de chômeurs qui ne trouvent pas d’emploi au bout
d’un an et ne perçoivent plus que l’aide aux chômeurs sont
particulièrement frappés par la pauvreté, surtout
s’ils ont des enfants.
M. Goelter fait remarquer que cette nouvelle pauvreté ne touche
pas un cercle marginal mais des travailleurs « normaux »
qui exerçaient auparavant des métiers « normaux
» avec des qualifications « normales ».
Qui parlait du miracle économique allemand ?
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Partout dans le monde industrialisé la lutte
contre l’abondance s’organise :
- En Grande-Bretagne, la British Steel Corporation, entreprise géante
nationalisée, a décidé d’abandonner tous les projets
d’investissements destinés à accroître les capacités
de production d’ici à 1983. Ce qui permettra du même coup
de supprimer 45 000 emplois en cinq ans dont 15 000 en 1978.
- Pendant quelques jours au mois de mars dernier la France a bloqué
les importations de porcs en provenance du Bénélux sous
le fallacieux prétexte qu’une épizootie de fièvre
porcine sévissait au Bénélux. La véritable
raison était que le cours du porc en France était tombé
au dessous de sept francs le kilo.
- La Commission Economique de Bruxelles vient de proposer de réduire
la part de production sucrière produite à prix garantis.
D’après les betteraviers, cette mesure aurait pour conséquence
en France une diminution supplémentaire de 60 000 hectares des
surfaces cultivées et la production sucrière, qui doit
« normalement » baisser de 500 000 tonnes, baisserait de
400 000 tonnes supplémentaires.
- M. Méhaignerie, ministre français de l’agriculture,
vient de déclarer que « l’assainissement » (on sait
ce que cela veut dire) du marché européen des produits
laitiers n’était pas réalisé et que, par conséquent,
le prélèvement de la taxe de coresponsabilité (taxe
qui pénalise ceux qui produisent trop) serait maintenue au moins
jusqu’en septembre 1978.
- A la Réunion (c’est encore un département français)
les Sucreries Bourbon ont annoncé la fermeture d’un de leurs
établissements.
Depuis que le plan de « modernisation des structures » de
l’industrie sucrière a été mis en vigueur, cinq
usines sur les douze que comptait l’île ont été
fermées. Ce qui a permis de ramener la production à 32
000 tonnes de sucre par an.
En France même, sept usines ont fermé en 1977.
On ne va bientôt plus pouvoir se sucrer !