La pandémie pourrait-elle amener une saine réflexion ?
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Publication : mai 2020
Mise en ligne : 2 octobre 2020
C’est une bouffée d’optimisme qu’Edgar Morin a lancée dans le quotidien Le Monde du 26 avril. Sous le titre : “Cette crise devrait ouvrir nos esprits depuis longtemps confinés sur l’immédiat”, ce sociologue et philosophe, qui est près d’aborder sa centième année, dénonçait d’abord clairement « l’obsession de la rentabilité chez nos dominants et dirigeants », estimant qu’ils sont ainsi responsables d’économies coupables pour les hôpitaux et de l’abandon de la production de masques en France.
Il rappelle qu’il est de cette minorité qui prévoyait que la mondialisation techno-économique incontrôlée allait mener à des catastrophes en chaîne, telles que les dégradations tant de la biosphère que de la société.
Mais, ajoute-t-il, « le confort intellectuel et l’habitude ont horreur des messages qui dérangent » !
Comment peut-on prétendre, insiste-t-il, que la libre concurrence et la croissance économique sont des panacées sociales, quand on constate qu’« un minuscule virus, dans une ville ignorée de Chine, a déclenché le bouleversement d’un monde » ? Et que cette crise économique, qui secoue déjà tous les dogmes qui gouvernent l’économie, menace de s’aggraver ?
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Son optimisme se situe dans l’espoir que cette crise existentielle va pousser le monde à s’interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins, bref va nous amener à faire la différence entre ce qui nous détourne de nos vérités et du vrai bonheur pour nous « confiner dans l’immédiat, le secondaire et le frivole ».
Il espère, précise-t-il, que l’expérience du confinement contribuera à diminuer le consumérisme, l’intoxication consommatrice et l’obéissance à l’incitation publicitaire.
Mais, interroge-t-il, le néolibéralisme ébranlé reprendra-t-il les commandes ??
— Ou bien serons-nous sauvés par un élan international de coopération, comme celui qui suivit la seconde guerre mondiale ??
J’ai particulièrement apprécié cette réflexion que je ne résiste pas à citer : « est-ce que se prolongera le réveil de solidarité provoqué pendant le confinement, non seulement pour le personnel de la santé mais aussi pour les derniers de cordée, éboueurs, manutentionnaires, …sans qui nous n’aurions pu survivre alors que nous avons pu nous passer de Medef et de CAC 40 ? »
Il ajoute que bien des régressions sont, hélas, probables, tant que « n’apparaîtra la nouvelle voie politique-économique-sociale guidée par un humanisme régénéré ».
C’est bien cette voie que désigne La Grande Relève depuis bientôt quatre-vingt-cinq années…
Alors faisons tous comme Edgar Morin quand il conclut : « Toute crise me stimule, et celle-ci, énorme, me stimule énormément ».
PS : Deux autres annonces bonnes à rendre optimistes :
•Interdiction des licenciements, revenu universel : face à l’urgence économique, l’Espagne avance son “bouclier social”, titre de l’article publié par Diane Cambon sur le site de Marianne, le 7 avril. •Le pape François propose un “salaire de base universel” selon Xavier Le Normand qui rapporte dans La Croix du 14 avril, que dans une lettre datée du jour de Pâques, le pape, impliqué face à la pandémie, a saisi l’occasion pour proposer un nouveau paradigme social en ces termes : « Notre civilisation - si compétitive, si individualiste, avec ses rythmes frénétiques de production et de consommation, ses luxes extravagants, ses profits disproportionnés réservés à quelques-uns - doit ralentir, faire le point et se renouveler ». |