Paysans gardiens des paysages
Tout porte à croire que M. Nallet, ministre de l’Agriculture,
lit et s’inspire de la Grande Relève. Décrivant la série
de mesures qu’il a annoncées le 24 avril dernier, E. Fottorino
les décrit comme "visant à encourager les exploitants
agricoles à mieux respecter l’environnement. Le programme du
gouvernement prévoit en particulier l’attribution de primes spéciales.
Après trente années de productivisme, l’agriculture française
se met à l’heure de l’écologie".
II ajoute : "l’eau est devenue trouble, et avec elle l’identité
paysanne, qui s’était enfermée dans un acte unique, celui
de la production. Toujours plus, faute de mieux ... Aux méthodes
intensives de culture, aux rendements à outrance, le ministre
oppose désormais la qualité de la vie, l’environnement
à protéger... Pour apporter son remède "au
mal de terre" ambiant, M. Nallet propose aux agriculteurs une nouvelle
stratégie contractuelle susceptible de donner au monde paysan
un rôle de producteur de bien-être. L’annonce la plus spectaculaire
porte sur l’encouragement aux agriculteurs "qui adoptent des pratiques
de production respectueuses de l’espace naturel". Dans les faits,
seront primés les exploitants des zones fragiles contribuant
à préserver les paysages, les pratiques de pâturage
sous couvert forestier, les cultures dérobées d’engrais
vert pour éviter, l’hiver, le lessivage des nitrates sur les
sols nus ; les efforts de protection des habitats d’oiseaux migrateurs.
Dans dix zones expérimentales, les exploitants recevront pendant
cinq ans une prime annuelle à l’hectare "venant compenser
les pertes ou surcoûts induits par les nouvelles pratiques".
Le journaliste du Monde ajoute :"Les agriculteurs - celà
a été souvent dit - ne jettent pas les engrais dans le
sol pour le plaisir d’être modernes. II y va de leur revenu et
nul n’a le coeur de jouer sa récolte d’une année par vertu
écologique". M. Nallet veut prouver qu’on peut produire
autrement. L’agriculture "biologique" reçoit une consécration
officielle appuyée : elle sera mieux contrôlée mais
aussi plus aidée pour gagner en crédibilité. Les
régions défavorisées y trouveront peutêtre
une échappatoire au marché classique très engorgé
caractérisé par la baisse des prix. A condition, soulignent
les organisations agricoles, que l’inévitable baisse de rendement
soit financièrement compensée par les pouvoirs publics
français ou européens" .
...Bien au-delà de la simple question de l’eau et des arbitrages
en usage, M. Nallet veut préparer le terrain d’une nouvelle insertion
du monde paysan dans la société française."
Et il conclut : "Si la prise de conscience des exploitants est
acquise ou en voie de l’être, la réussite de ce changement
culturel passe sans doute par une nouvelle répartition des aides
et des soutiens à l’agriculture. Encore trop d’argent public
est distribué automatiquement aux tonnages produits, sans souci
des méthodes culturales ni de la qualité offerte".
(Le Monde, 26 avril)
Mais ne rêvons pas. De bonnes paroles les ministres ne sont pas chiches. Lionel Jospin, par exemple, promet de faire enfin quelque chose pour l’enseignement supérieur au bord de l’asphyxie ... mais "verba volant" ces bonnes intentions sont si peu suivies d’effet qu’on se demande, dans les universités, quand l’explosion aura lieu. La rentrée prochaine promet !
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Du bon air pour les enfants
Une crèche, celle des Olympiades, rue du Javelot, Paris 13e :
depuis plus d’un mois, les enfants ne peuvent plus s’ébattre
dans le jardin de cette crèche et restent confinés toute
la journée dans les locaux. Pourquoi ? Parce que la soufflerie
d’un parking évacue les gaz d’échappement des voitures
dans le jardin d’enfants, et que la Protection Maternelle et Infantile
a officiellement interdit à la directrice de la crèche
de sortir les mômes.
(Le Canard enchainé, 25 avril)
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Illettrés
La France compte cinq millions d’illettrés. Les États-Unis
: 27 millions (c’est presque le chiffre des pauvres). Illettrés
au point de ne pas pouvoir signer leur nom.
(Antenne 2, 25 avril)
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La Grande Relève l’a dit, il y a longtemps
Un jour peut-être les historiens pourront-ils mesurer avec exactitude
la part prise par le Saint-Siège dans l’écroulement du
communisme international.
(Le Monde, 24 avril)
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On peut être anticommuniste et intellectuellement
honnête
Les réserves les plus fortes, les critiques les plus radicales
à l’égard de Marx n’annulent pas son importance de penseur,
ni la grandeur de son effort. On réfléchira encore sur
Marx lorsqu’on cherchera péniblement les noms de MM. von Hayek
et Friedman dans les dictionnaires.
(Castoriadis, Le Monde, 25 avril)
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Mauvaises fréquentations
II ne faut pas sous-estimer non plus les dangers que peut comporter
la liberté retrouvée des contacts avec l’Occident... II
faut que les prêtres mettent en place des défenses "immunitaires
... opportunes contre certains virus, tels... l’hédonisme de
la société de consommation..."
(Jean-Paul II dans son discours à Prague, le 20 avril)
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RDA : Spectre du chômage
Jusqu’à présent les citoyens de RDA pouvaient compter
sur un salaire à la fin du mois, même s’ils travaillaient
peu ou mal. Cette période est révolue. L’ouverture du
marché est-allemand aux produits de l’Ouest va sonner le glas
d’une quantité d’entreprises de RDA dont ni la production, ni
les coûts ne peuvent tenir la comparaison. II faudra, pour les
meilleures, investir lourdement en matériel et en formation tout
en dégraissant le personnel en surnombre, et pour les moins bonnes,
fermer leurs portes. Un expert de McKinsey cité par le Financial
Times voit, à dix ans, le tiers des quelque 140 combinats estallemands
devenus compétitifs grâce aux apports occidentaux (si ces
derniers se concrétisent), une cinquantaine ayant survécu
au prix d’une sévère restructuration, et vingt à
trente rayés de la carte. Chacune de ces unités représente
des dizaines de milliers d’emplois...
(Le Monde, 25 avril)
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Même dans "Épargner", le magazine
de votre argent...
Au niveau de la planète, les pauvres sont de plus en plus pauvres
et les riches de plus en plus riches. Tout se passe comme si nous avions
fini par perdre de vue l’utilité économique, sociale et
culturelle de l’argent pour n’en faire qu’une fin en soi et non plus
un moyen. Erreur grossière dont le risque est que d’instrument
de mesure, l’argent dont nous avons l’appétit finisse par nous
précipiter dans un chaos social et politique nous faisant regretter
notre manque de maturité.
L’argent est comme la quatrième dimension. II a ceci de fantastique
qu’en nous entrainant loin du réel, il peut nous faire oublier
ce qui fait la richesse de l’être humain : "conserver le
droit pour tous et l’honneur pour soi".
(Épargner, n° 18 , avril 90. Article de René Tendron.)
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Cambodge, années zéro
La télévision (M6) nous a présenté en janvier
un reportage intitulé "Cambodge, années zéro"
: Pol Pot, ce monstre sanglant aurait dû, en toute justice, depuis
longtemps subir le même sort que les trois millions de Cambodgiens
qu’il a torturés et assassinés, dans des conditions pires
que celles des sinistres KZ d’Hitler. Ce Ceaucescu asiatique à
la puissance 10 repart en guerre contre le peuple cambodgien, à
peine libéré, en déclarant : "Je ferai des
hommes de l’engrais et des femmes des reproductrices". Cet individu
innommable est aidé en cela par les SAS britanniques qui entrainent
les soldats Kmers rouges, Busch qui a levé l’embargo sur les
armes à destination de Pol Pot, l’ONU qui habille les soldats
Kmers rouges. Tout cela pour conserver leurs bonnes relations avec la
Chine (client potentiel).
Quelle nation civilisée, à l’instar de Nuremberg, osera juger ces criminels de guerre et leurs complices ?
(Pinoche)
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Apartheid :ségrégation raciale ?
En Afrique du Sud, les blancs possèdent tout, dirigent, exploitent
et méprisent la majorité noire qui n’a rien. C’est exactement
la situation de la société française à deux
vitesses : 5 % de commandeurs et de barons dirigent, exploitent et méprisent
95 % d’imbéciles. Un baron bien en cour, dans les hautes sphères
socialistes dit, entre amis, en termes crus : "Endessous de 100.000
francs par mois, il n’y a que des imbéciles" (1).
On peut dire que cela concerne 95 % du peuple français, ces 95 % qui, en mettant leur bulletin de vote dans l’urne, croient encore vivre en démocratie, pays où le peuple est souverain. Le règne du cow-boy a vu aux Etats-Unis les riches devenir plus riches et les pauvres plus pauvres. II en est de même en France, les 5 % ont vu les bénéfices de leurs mille plus grosses entreprises augmenter de 200 % entre 1986 et 1987 et pendant ce temps les 95 % ont vu une grande partie des leurs défiler dans les rues pour réclamer un salaire décent.
Alors Apartheid, démocratie ou ploutocratie ?
(Pinoche)
(1) Le Monde Diplomatique : "A la conquête des Pouvoirs" par Claude Julien