Ne soyons pas dupes !
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Publication : mai 2019
Mise en ligne : 28 septembre 2019
Notre chef (d’État) et tous ceux qui le soutiennent s’activent beaucoup depuis qu’ils craignent que les résultats des élections européennes confirment les craintes sur leur avenir politique. En effet, d’après les sondages en ce 7 mai, il semble probable que l’extrême-droite (le RN) recueille plus de voix que le LRM ! Ce qui n’a rien d’étonnant puisque depuis près de trois décennies les partis qui se sont succédé au pouvoir ont mené une politique de droite et que les divers partis de gauche et les écologistes sont toujours incapables de s’entendre pour faire front uni sur des objectifs qui leur sont communs.
Alors depuis que les gilets jaunes ont mis son discrédit en évidence, Macron multiplie les promesses : c’est 15 milliards par ci, et puis 10 autres par là, mais sans qu’on sache où il les prendra… d’autant qu’il promet aussi de baisser les impôts et même d’en rembourser (CSG).
Bref, le pouvoir d’achat de tous les Français ou presque, va augmenter. Que demande le peuple ?
La dernière trouvaille macronienne consiste à tenter de profiter (eh oui, c’est bien le mot !) du cri d’alarme poussé par les scientifiques à propos du danger qu’est la chute vertigineuse de la biodiversité. Comme il est trop tard pour qu’il puisse revenir sur son indifférence vis à vis de la dérive climatique, elle est devenue évidente, E. Macron espère se rattraper en pariant sur son art de la communication pour faire croire que, cette fois, il va agir comme il faut : votez pour nous et vous allez voir ce que vous allez voir !! On peut donc s’attendre à de nombreux meetings et de grands déplacements destinés à convaincre le public que le salut de la vie sauvage passe par l’élection de la liste LRM aux européennes… !!
Saisir l’opportunité de la publication à Paris, et le 6 mai, soit à trois semaines de ces élections, du rapport mondial sur l’extinction de millions d’espèces sauvages est de “bonne politique”, en ce sens que ça pourrait “marcher”. Mais ne soyons pas dupes, comprenons bien pourquoi agir efficacement et vite pour la survie des écosystèmes est incompatible avec la politique néolibérale, tout autant qu’agir pour enrayer la dérive du climat, et pour les mêmes raisons. Car ces deux menaces catastrophiques résultent d’une seule et même cause : la façon dont l’humanité (et surtout les populations les plus riches parce qu’elles ont toujours disposé de plus de moyens) a pris l’habitude d’accaparer, sans mesure et sans scrupule, les ressources offertes par la nature, le raisonnement étant simple : puisque ça rapporte, c’est justifié ! Ce mépris de toute autre considération que le profit est la base même du capitalisme. Comme le montre si clairement Jean Ziegler dans le livre qu’analyse ci-dessous François Chatel, c’est cet état d’esprit qui a conduit l’humanité à détruire son environnement, et les catastrophes qui la menacent maintenant sont le prix à payer de plusieurs siècles d’une telle irresponsabilité.
C’est parce qu’ils observent que les dangers ne cessent de croître de plus en plus vite que des centaines de scientifiques, dans le monde entier, viennent d’alerter les gouvernements.
Mais dans le système capitaliste, ce ne sont pas les gouvernements qui prennent les grandes décisions économiques, ce sont les investisseurs, les manageurs des grandes entreprises multinationales et autres décideurs “de la trempe” de Trump !
Tant que l’argent leur conservera ce pouvoir souverain, il sera sans effet d’essayer de leur expliquer que pour ralentir cette évolution catastrophique il ne faut plus qu’ils poussent à la consommation : pas de publicité, pas de lobbies à leur service ni de conseillers fiscalistes, etc. Mais le culte du profit, cet état d’esprit qu’il s’agit de renverser, est devenu quasi général, au point que certains pensent bêtement qu’il ne faut pas supprimer la publicité ou le lobbying « parce qu’ils procurent des emplois » !
Et on en restera très loin tant qu’on n’imaginera que des réformes dans le cadre de notre système économique, sans oser remettre en question ses fondements.