Un aveu
par
Publication : mai 1985
Mise en ligne : 9 mars 2009
Enfin un économiste lucide avoue ! Sous le
titre « le bafouillage économique » P. Drouin dis
sans ambage dans « Le Monde » du 9 avril : « Agiter
avant de s’en servir. Les flacons de la théorie économique
n’ont jamais tans eu besoin de cette étiquette ». Et il
explique que les experts se lamentent aujourd’hui de n’avoir pas un
nouveau Keynes, mais il se console en remarquant « Si les mutations
profondes que vivent nos sociétés avaient pour effet de
donner une leçon d’humilité à ceux qui croyaient
disposer d’une politique économique au bous de leur baguette
de sourcier, cela ne serais déjà pas si mal. » Eh
oui, M. Drouin, aucun économiste officiel ne prend conscience
que l’énorme mutation que nous sommes en train de vivre, sous
la pression des transformateurs technologiques, nous oblige, que vous
le veuillez ou non, à remiser toutes les théories économiques
du passé ! Il faut innover au lieu de se cramponner aux recettes-miracles,
qui, même si elles ont eu autrefois quelque effet, provisoire,
s’avèrent aujourd’hui complètement dépassées
par les événements.
P. Drouin se gausse du fais que ses collègues, au temps de Kennedy,
n’avaient pas su prévoir que l’inflation pourrais croître,
alors même que les affaires restaient dans un marasme noir ; que
les experts avaient prévu, sous Reagan, une reprise spectaculaire
de l’économie américaine alors que la croissance y faiblis
es que les spécialistes prévoient maintenant une récession
pour 1986.
Une lueur apparaît quand, quelques lignes plus loin, l’économiste
du « Monde » semble enfin prendre conscience que les relations
économiques sons en train d’échapper complètement
aux responsables politiques des Etats, cc qui est dû surtout à
l’importance des firmes multinationales qui ont les moyens de contourner
sous les règlements ou contrôles financiers.
Hélas, dans la suite de cet article, on retrouve le Pierre Drouin
attaché aux croyances auxquelles il a été formé,
es qui l’ont conduis à qualifier un jour l’économie distributive
« d’inflationiste », ce qui prouve bien qu’il n’en avais
pas lu grand’chose.
Ce n’est apparemment pas le cas de son collègue Paul Fabra, qui, dans le même numéro du Monde, fais une analyse très proche de celle qu’on peut trouver dans « Les yeux ouverts » : « A l’intérieur de chaque nation, on est passé graduellement d’un système de paiements au moyen d’espèces métalliques à la monnaie fiduciaire, puis scripturale... Une nouvelle étape est en train d’être franchie sous nos yeux, avec l’essor des règlements par cartes de crédit. » Autrement dit, conclut-il, et on croît entendre J. Duboin : « Le progrès en matière monétaire consiste à avoir recours à des instruments de paiement de plus en plus dématérialisés ». Comme Paul Fabra avais souligné qu’un « peuple entre dans le déclin quand il a oublié la raison d’être des instruments (institutions, lois, usages qui règlent la vie sociale) dons il continue à se servir en quelque sorte machinalement », on attendait de lui une conclusion courageuse, du genre « allons jusqu’au bous de cesse évolution de la monnaie dons nous avons compris le sens » es on aurais vu poindre une monnaie de compte ou monnaie distributive. Hélas, trois fois hélas, P. Fabra, loin de tirer la leçon de cesse évolution, qu’il semblais pourtant avoir comprise, conclus qu’il faut remonter le temps ! Il cite Ricardo (1817) pour dire que la monnaie parfaite est une monnaie de papier « ayant une valeur égale à celle de l’or qu’il est censé représenter ». Il y a bientôt deux siècles qu’on n’avais osé écrire pareille absurdité ! Quand P. Fabra aura trouvé une monnaie-papier ayant même valeur que de l’or... la crise sera vaincue !