Voici plus de trente ans que, bien avant les «
modes » écologistes, nous tirons les sonnettes d’alarme
en matière de protection de la Nature et de sauvegarde de l’environnement.
Dès le début des années 1950, alors que les pénuries
nées de la deuxième guerre mondiale commençaient
à peine à être comblées, nous avertissions
nos lecteurs que le progrès des techniques condamnait l’économie
de marché, soit à disparaître, soit à pratiquer
pendant quelques décennies une folle fuite en avant dont notre
environnement et la qualité de la vie seraient les premières
et principales victimes.
Prédictions hélas aujourd’hui réalisées,
à un degré tel que dans le monde entier une gigantesque
prise de conscience a déferlé. Malheureusement, comme
nous l’avions également prévu, les plus louables efforts
sont venus le plus souvent heurter le mur des intérêts
financiers à court terme et la planète est aujourd’hui
irrémédiablement défigurée.
Sait-on par exemple que :
- plus de 99 % des espèces animales de mammifères exterminées
par l’homme ont disparu depuis l’année 1900 ;
- quarante-deux espèces et quarante-quatre sous-espèces
d’oiseaux ont été victimes de la « civilisation
» ;
- 87 000 km2 de forêts disparaissent chaque année. D’ici
à l’an 2000 un sixième des forêts qui recouvrent
la Terre auront été rasées ;
- 200 000 à 300 000 hectares de terres agricoles doivent être
abandonnées chaque année.
Tout cela c’est le constat d’un désastre. Nous
l’empruntons à un livre paru en 1981 aux Editions Robert Laffont,
et intitulé « Almanach COUSTEAU de l’environnement ».
Cet ouvrage se veut être un « inventaire de la vie sur notre
planète d’eau ».
Pour tout homme désireux de participer activement à la
protection de la Nature, il devrait constituer un véritable livre
de chevet.
Rédigé par Jacques-Yves COUSTEAU entouré d’une
pléïade de collaborateurs de premier plan et de toute l’équipe
de la fondation COUSTEAU, il est en fait beaucoup plus qu’un inventaire.
Car au fil des pages (il y en a environ 600), nous trouvons non seulement
une mine inépuisable de chiffres irréfutables, mais surtout
d’innombrables exemples concrets des vrais motifs du désastre
écologique aujourd’hui accompli, et des catastrophes à
venir.
Gaspillage des ressources fossiles non renouvelables, gaspillages énergétiques,
paralysie des études sur les énergies douces, désertifications,
famines du TiersMonde, pluies acides, mers transformées en égouts
et poubelles, extinction des espèces, marées noires, drogues,
épuisement des réserves de pêche, non- récupération
des déchets, urbanisations démentielles, excès
du nucléaire civil, pirateries modernes, pesticides, nourriture
empoisonnée, prolifération des toxiques chimiques, gaspillage
de l’eau douce, développement des cancers, bidonvilles, maladies
professionnelles, dégradations dues au tourisme, etc... etc... :
autant de sujets ayant un dénominateur commun clairement mis
en évidence dans chaque cas par les chercheurs - et les savants
du monde entier.
Ce coupable numéro un de tant de tragédies humaines et
planétaires, c’est le profit à court terme, c’est la structure
même des économies de marché en opposition irréductible
avec les vrais BESOINS. A cet égard, hélas, les systèmes
politiques s’avèrent aussi impuissants les uns que les autres.
Les communistes soviétiques disputent la palme aux capitalistes
japonais en matière de violations délibérées
des règles internationales de chasse à la baleine et de
pêches industrielles. La pollution du lac Baïkal concurrence
celle de la Méditerranée et les « accidents »
nucléaires ont été aussi graves, et peut-être
même plus nombreux, en Union Soviétique qu’aux Etats-Unis.
Des solutions pour l’avenir ?
L’Almanach COUSTEAU en énumère quelques-unes, mais sans
grande conviction dans l’état actuel des mentalités.
Législations plus contraignantes ? certes, mais il faudrait d’abord
réussir à faire respecter les lois actuelles.
Déclarations des droits des générations futures
? Bravo, mais quand on voit de quelle manière est mise en pratique
celle des droits de l’homme...
Transformation profonde des motivations humaines par l’éducation
et l’instruction ? Bien sûr, mais comment y réussir dans
le cadre pourrissant des économies du profit forcené ?
Application des méthodes d’agriculture biologique et, dans le
Tiers-Monde, des techniques préconisées par notre ami
René DUMONT, souvent cité ? Toutes les puissances d’argent
s’y sont opposées.
Pour tous nos amis, la conclusion s’impose. Mais il faut convaincre.
Pour convaincre, il faut agir. Et, pour agir, l’Almanach COUSTEAU peut
constituer un outil de premier ordre au service de notre incessant plaidoyer
pour l’économie des Besoins.