Un écolo distingué
par
Publication : février 1981
Mise en ligne : 15 octobre 2008
A bien considérer, tout ce qui est écologiste sent quelque
peu le peuple. C’est un mouvement parti de la base, comme l’on dit.
On n’a jamais vu un maître de forges, un seigneur des finances,
un potentat de l’industrie, un magnat des Affaires, un Régent
de la Banque de France, etc., prendre l’initiative en ce domaine. L’écologie
n’est pas cotée en Bourse.
Lorsque l’on a constaté en haut lieu, que l’idée aguichait
le populaire, c’est-à-dire le magma anonyme, on s’est employé
à la « récupérer ». De là, maints
babils, cancans, coincoins, propos, palabres, y inclus la création
de sous- commissions de commissions. En réalité rien de
sérieux. La preuve ? On a confié à ce pauvre comte
d’Ornano, le soin d’amalgamer la mixture.
L’inanité de ces froufroutages est telle, qu’il convient de rendre
hommage à M. Valéry Giscard, Président de la Cinquième
République Française, pour la seule décision pratique,
palpable, prise et exécutée.
Quoique ne partageant pas toujours ses concepts optionnels, nous devons
admettre, honnêtement, que seule cette Très Haute Personnalité
a vu les choses du sommet et n’a pas lésiné sur les moyens.
Lui, au moins, ne s’est pas contenté de discours. Une élémentaire
reconnaissance devra nous en faire souvenir au moment de déposer
-notre bulletin dans la boîte à urner.
Survolant la belle forêt de Fontainebleau lors de son voyage d’agrément
aux Antilles, l’hôte de l’Elysée fit déverser quelques
milliers de litres de kérosène présidentiel. Une
vidange providentielle qui fut accueillie avec une joie non dissimulée,
notamment par les promoteurs, toujours à l’affut.
« Antenne 2 Midi » qui a signalé ce beau geste a
cru devoir, perfidement, ajouter que c’était en raison du retour
de l’appareil à Orly, pour prévenir un risque d’accident
à l’atterrissage. (Le soir, ce détail malvenu était
censuré). Nous savons qu’il n’en est rien, ce n’est pas une très
problématique possibilité d’accident, qui aurait dicté
un geste aussi beau. Le prétendre c’est abaisser notre condottière
au niveau d’un Tartarin.
On mesurera, au contraire, la valeur de cette initiative, en se remémorant
le prix du carburant, indexé sur le dollar lorsqu’il monte, et
lié au colonel Khadafi quand il s’énerve.
Dès lors, nous voyons mal comment des votes écologistes
iraient se fourvoyer vers un Brise-Lalance quelconque. Pourquoi chercher
la Brise lorsque le vent du Seigneur débonde la marie céleste
? Avec Giscard au Pouvoir, la petite fleur bleue baigne dans l’oil.