Un tract : parlons de liberté


par  J. LEBLAN
Publication : avril 1980
Mise en ligne : 24 septembre 2008

Jean Leblan diffuse inlassablement des tracts qu’il rédige et tire lui-même.
Voici, en résumé, celui qu’il a composé sur la liberté :

LORSQU’ON parle de liberté, on ne se préoccupe guère de la définir. Elle est le plus souvent entendue comme la faculté de pouvoir exprimer son opinion dans tous les domaines, sans risque de représailles, de pouvoir élire des représentants à tous les niveaux, de pouvoir faire grève au cours de luttes revendicatives.
Il est évident que la liberté implique avant tout que les besoins vitaux soient satisfaits. Il ne faut pas oublier cette condition essentielle et primordiale.
Mais cette condition étant supposée réalisée, un autre aspect de la liberté, pourtant fondamental, est généralement laissé dans l’ombre, même par les plus grands syndicats, qui réclament toujours, inlassablement, le plein emploi par la « croissance », ou « l’expansion », ce cancer qui empoisonne notre civilisation.
Pourtant, la liberté, c’est d’abord les loisirs.
C’est bien en période de loisir que l’on peut choisir les activités capables de favoriser au mieux l’épanouissement de notre personnalité. Mise à part une petite fraction des emplois, celle où le travail est une activité créatrice (art sincère, recherche, scientifique, organisation...), le travail salarié de routine, plus ou moins répétitif et monotone, n’est pas autre chose que de l’esclavage, c’est-à-dire l’opposé de la liberté.
Une organisation économique et sociale sera d’autant plus libre qu’elle sera d’abord capable de procurer des loisirs à ceux qui le désirent, en mettant pour cela les machines au service de l’homme.
Les activités de loisir ne manquent pas à l’esprit humain  : culture littéraire, scientifique, historique, philosophique, artistique, jardinage et bricolage, spectacles, sports et jeux (une simple partie de belote demande à l’individu plus d’initiative que bien des emplois). Les enfants, lorsque la société de surconsommation imposée aujourd’hui n’a pas encore mutilé leur personnalité, savent en général imaginer les activités qui leur évitent l’ennui. Mais il arrive que l’accumulation d’années de travail obligatoire ait pour effet d’émousser toute imagination et donc supprime cette faculté de savoir se trouver une activité intéressante. Ainsi l’aliénation au travail aboutit-elle à cette triste condition d’amoindrissement mental, et les loisirs de la retraite se transforment en ennui. Quel dommage et quel gâchis !