Initiatives


par  E. BARREAU
Publication : avril 1980
Mise en ligne : 24 septembre 2008

Depuis plusieurs années, notre ami Ernest Barreau adresse à un journal régional des articles s’inspirant de nos thèses. Ces articles sont reproduits sous sa signature, dans cet hebdomadaire, sans jamais être tronqués.
Faute de place, nous ne pouvons publier que des extraits, pris à différentes dates de parution.

• Le Courrier de Paimbœuf (8 février 1974)

LA FOIRE D’EMPOIGNE

Ernest Barreau passe en revue quelques scandales le Prix « Bride Abattue », la Villette, les vins de Bordeaux, le Téléphone, etc., et il conclut :

« L’homme n’est ni bon, ni mauvais, niais vivant dans un système économique anachronique, dans une société où la monnaie est un peu comme la carotte devant le baudet ! Où cette monnaie profite, les inégalités économiques et sociales ne font que s’accentuer. Son comportement n’est que la résultante du milieu ambiant ».
...« Pour l’homme, nécessité oblige, la foire d’empoigne fait le reste et sert les plus rusés. C’est bien plus le procès d’un système que celui d’individus. Pour aspirer à sa plénitude, une vie de qualité ne peut exister que dans une société où les inégalités économiques auront disparu, dans une société où l’argent sera serviteur et non maître, l’économie distributive avec son revenu social satisferait pleinement à ces exigences. »

• Le Courrier de Paimbœuf (15 mai 1976)

QUALITE DE LA VIE

« Rendement et rentabilité ne peuvent faire bon ménage avec une vie de qualité... La qualité de la vie n’échappe pas à cette conclusion. La monnaie doit être au service de la production. sans en être le moteur, le facteur intrinsèque, sinon nous aurons bien d’autres surprises, de désagréments. »

• Le Courrier de Paimboeuf (30 avril 1977)

MISERE DANS L’ABONDANCE

« Manquer du nécessaire en 1977 alors que les magasins regorgent de marchandises, comment cela est-il possible à l’heure où nous vivons, c’est-à-dire en pleine abondance ? (Abondance de biens vitaux et utiles), alors que les mass-média déploient journellement leur tapageuse publicité. » ...« Assainir les marchés, afin de sauvegarder le profit, telle est la nécessité d’un système économique, qui ne conçoit l’homme qu’au travers de son portefeuille c’est-à-dire en fonction de sa capacité solvable ! »
...« L’estomac d’un nanti est-il fabriqué différemment de celui d’un pauvre ? A ce niveau n’ont-ils pas les mêmes besoins  ? Le véritable socialisme ne
passe-t-il pas tout d’abord par l’égalité économique  ? Cette égalité représentée par une monnaie de consommation, celle-là même qui manque aujourd’hui aux économiquement faibles. Ceux qui parlent tant de justice sociale, avec application toujours repoussée, feraient oeuvre utile en potassant la question. »

Faute de quoi d’autres draines similaires viendront s’ajouter à la liste des drames de la misère dans l’abondance !

• Le Courrier de Paimbœuf (17 décembre 1977)

A PROPOS DU CHOMAGE

« Qu’est-ce donc que le chômage ? Sinon la résultante de la révolution mécanicienne, laquelle renvoie aux calendes grecques le vieux concept du travail musculaire de l’homme. Sans crainte de démenti. le plein emploi est impossible, car le chômage croît en même temps que les productivités, l’automatisation atteindra de plus en plus d’industries, n’en déplaise aux inconditionnels du travail.
 » A ce mal chronique de nos sociétés d’argent, toutes les solutions jusqu’à présent préconisées, ne sont que cautères sur jambes de bois.
 » La solution ? Puisque la machine produit à la place de l’homme, ne doit-il pas vivre des produits de la machine ?
 » Pour cela, il devient nécessaire et indispensable de dissocier ces deux éléments : travail et revenu. Y avez-vous pensé ?
 » Ce n’est plus de production qu’il s’agit, mais bel et bien de distribution. »

• Le Courrier de Paimbœuf (4 janvier 1980)

ÇA IRA MIEUX... DEMAIN ?

« ... Le temps passe, les hommes aussi, sans pour cela qu’apparaisse l’aube de ces lendemains tant déclamés, pourquoi ?
 » Parce que... on se refuse à faire le pas salvateur, celui qui consisterait à remplacer l’économie de marchés par une économie des besoins socialement utiles (économie distributive) la production étant largement résolue.
 » ... La cybernétique ne conduit-elle pas à l’usine sans ouvriers. dans le tertiaire, aux bureaux sans bureaucrates ? Dès lors la pilule du plein emploi relève du burlesque et, suite aux critères invoqués. le chômage doit se transformer en loisirs, le travail partagé. la sécurité matérielle, la garantie des ressources du lendemain assurées à tous, sinon ces lendemains que l’on repousse sans cesse n’existeront pas. Comme l’humour n’a jamais tué, disons que demain n’est qu’inconsistant.  »

*

J. Pennaneac’h a profité d’une réunion du Comité Social régional des pays de Loire pour adresser une lettre au président de ce comité, contenant quelques réflexions de bon sens. Il y suggère ironiquement que pour réaliser le plein-emploi que tout le monde recherche on pourrait mobiliser les chômeurs pour compter les grains de sable des plages ou labourer les champs avec une fourchette. Il amène ainsi sa conclusion que seuls sont à créer les emplois utiles et non ceux qui servent à fabriquer une force de frappe contre un ennemi à trouver.