Vers le partage de l’abondance

Tribune libre
par  C. CHILARD
Publication : novembre 1987
Mise en ligne : 10 juillet 2009

L’IDEAL serait de partager l’abondance entre tous les hommes. Nous sommes quelques-uns à croire que c’est possible, si on le "veut". Ceci grace à un "Revenu Social Personnalisé" qui permette de répartir les denrées et produits de consommation courante actuellement surabondants (et qui pourraient être accentués encore). Ceci au moyen d’une monnaie fondante, que les Etats doivent pouvoir attribuer à chacun selon ses besoins. Pour les dépenses d’équipement, une "rente" annuelle devrait aussi être consentie à tout individu. C’est la base d’une "Economie Distributive".
Utopie disent les uns. Mais que d’utopies sont devenues "monnaie courante" depuis moins de 100 ans ?
Comment parvenir à cette "économie distributive"  ? La "Grande Relève des Hommes par la Science" en a donné, depuis Jacques Duboin, toutes les possibilités. Je pense qu’il faut continuer cet excellent "discours".
Mais il y a beaucoup de gens à convaincre et qui ne veulent pas croire qu’on peut "gagner" sa vie, sauf par un certain travail ou des "revenus" sûrs apportés par des actions ou obligations, plus ou moins boursicotées.
Même les partis politiques et les syndicats n’entrevoient que de loin l’attribution d’un Revenu Social garanti pour tous. J’ai moimême tenté de sensibiliser le Parti Socialiste et le Syndicat "Force Ouvrière" de cette "réforme" des moyens de concevoir la vie collective et distributive. En vain !
Alors, il faut, sauf surprise d’un revirement majoritaire sur nos thèses, envisager des "formules transitoires », telle, par exemple, celle de reverser aux chômeurs une allocation mensuelle de 5 000 F pour tous, par mois. J’ai calculé que pour 3 millions de chômeurs, cela représenterait une dotation annuelle de 180 milliards de francs. Comment réserver cette somme sur le budget de l’Etat français ? Eh bien, n’est-ce pas le produit de l’Impôt sur les Revenus ? (dont 80 % sont versés par 20% des redevables les plus aisés). L’impôt sur les revenus de ceux qui ont la chance d’en avoir (des revenus) ne doit-il pas être reversé à ceux justement qui n’en ont pas assez ?
On pourrait ainsi trouver des économies, par suppression des aumônes et allocations versées aux sans-emploi. On pourrait diminuer certaines dépenses d’armement et de "prestige". Et, à la rigueur, on pourrait rétablir un impôt sur les grandes fortunes ou, mieux, augmenter les droits de succession des nantis.
Certes, ce que je pense n’est peutêtre même pas réalisable, en entier, tout de suite, mais le moins qu’on devrait faire serait de se pencher sur cet important problème comment répartir, équitablement, la surproduction actuelle (et future) étant donné que "l’enrichissement" général ne fera que s’accroître, tandis que le "travail des hommes", lui, décroîtra ?
Il faudra bien une "sagesse moderne" pour éviter les mauvais effets du surarmement, les "bonnes fortunes" des multinationales, et la répartition entre toutes les ethnies de l’Abondance qui nous "guette".
Tous les jours, il y a des "révolutions" industrielles, il faut adapter la "manne" qui s’accumule (et que l’on détruit parfois) pour distribuer à 10 milliards d’individus (bientôt) de quoi "vivre" et "s’épanouir".