sur les Municipales

Réflexions
par  A. PRIME
Publication : mai 2001
Mise en ligne : 4 octobre 2008

Pour nous qui nous battons pour que “ça change” vers plus de socialisme, les Municipales permettent de faire le point sur l’évolution sociale en France.

La gauche et la droite se partagent en gros par moitié les électeurs, avec un sensible avantage à la droite. Or, au moins 70% des Français sont sociologiquement, peu ou prou, dans la situation d’exploités, et devraient logiquement voter à gauche (il en est de même dans tous les pays avancés). Que 20 ou 30% de cette catégorie sociale vote à droite montre un manque de conscience des problèmes économiques et sociaux. Mais c’est ainsi, et pour longtemps sans doute, presque tous les moyens de désinformation, d’intoxication, voire d’abrutissement et de démobilisation étant aux mains des possédants.

Voter à gauche ? Mais quelle gauche, et pourquoi ? Où est le temps où Mitterrand, Mauroy et bien d’autres proclamaient qu’il était indispensable de supprimer le capitalisme ?

« Celui qui n’accepte pas la rupture avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent au parti socialiste ». (Mitterrand au Congrès d’Epinay en 1971.)

C’était avant 1981. Depuis, la “culture de gouvernement”, la “parenthèse nécessaire” (1983) ont définitivement supplanté cet objectif. Les socialistes du PS sont devenus d’excellents gestionnaires de l’économie libérale, souvent plus actifs que la droite (privatisations par exemple). En réalité je crois que dans un monde devenu de surcroît unipolaire (après l’effondrement de l’URSS), où le capitalisme financier a pris le pas sur le capitalisme industriel, il est impossible, pour un gouvernement de gauche, de se maintenir au pouvoir en s’écartant de la dictature internationale de l’argent. Il n’empêche : la gauche au pouvoir (5 + 5 + 4 en 20 ans) aurait au moins pu faire du social : crèches, logements. Mais, prise dans le carcan des “économies budgétaires”, elle n’a pas fait grand’chose dans ce domaine. D’où, en grande partie, ses résultats électoraux. Certes, on se réjouit que Paris et Lyon passent à gauche. Mais soyons honnêtes : sans les dissensions à droite, ces deux villes seraient certainement restées à droite. Mais Il faut cependant saluer le remarquable travail de Bertrand Delanoë, son calme, sa maîtrise des problèmes (il est depuis des années à l’Hôtel de ville).

Par contre, la gauche perd 39 villes de plus de 15.000 habitants ; les communistes des fiefs comme Drancy, Nîmes. La gauche gagne cependant 18 villes significatives : Dijon, Auxerre, Agen, Ajaccio, etc. Résumons. Le PS est à peu près stable, les Verts (12%) deviennent – et personnellement je m’en réjouis – la deuxième force de gauche, apportant un sang neuf, une volonté de changement dans le domaine de l’environnement qui est capital. Avec tout le discrédit qu’a jeté le stalinisme sur le communisme, celui-ci après s’être effondré dans le monde (même la Chine ne fait plus que du “socialisme de marché”), s’effondre en France malgré les efforts de Robert Hue. La “relève”se fait par l’extrême gauche qui a des députés européens, et par les Verts.

Dans ce contexte, quel avenir pour la gauche, notamment en 2002 (législatives et présidentielles) ?

Quoi qu’elle dise, la droite bénéficie désormais, au second tour, des voix du FN qui, éclaté, n’obtient que rarement le pourcentage requis pour se maintenir. Il ne faut pas oublier qu’aux législatives de 1997, une cinquantaine de députés de gauche ont pu être élus grâce au maintien du FN. Ce ne sera plus le cas en 2002.

Si la gauche au pouvoir ne fait rien pour les “laissés pour compte” de la croissance, qui, très nombreux, ne sont pas allés voter, le pouvoir politique risque de repasser à droite. Au second tour, les reports d’extrême gauche se font mal, alors que, les municipales l’ont montré, les reports de l’extrême droite éliminée au premier tour, se font à la quasi unanimité à droite. Si la droite l’emporte, comme je le soulignais dans la GR-ED de mars, le libéralisme brillera de tous ses feux, ce qui n’empêchera pas bien sûr, la lutte pour un monde meilleur de continuer.