ARTE censure ?

Témoignage :
par  V. SKOUMBI
Publication : juin 2012
Mise en ligne : 3 juillet 2012

« Le jeudi 16 mai, j’ai participé à l’émission d’Arte “28 minutes” sur le thème : La Grèce, talon d’Achille de l’Europe ? [1] Je viens de visionner l’émission telle qu’elle a été diffusée et je n’en crois pas mes yeux : disparu le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays à une récession de l’ordre de 20% le menant tout droit à la faillite ! Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat.

De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à-dire entre, d’une part, ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier et, d’autre part, ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux…. Je prends à témoin Benjamin Coriat qui participait à l’émission et qui pourrait certifier que j’ai bien tenu ces propos dont la trace disparaît sous les ciseaux du censeur.

Cela relève tout simplement de la CENSURE. Une question s’impose : Qui donc contrôle Arte et qui filtre les infos ainsi ?

Je l’avoue, je n’en reviens pas. L’émission a été enregistrée “dans les conditions du direct” deux heures et demie avant sa diffusion et, que je sache, cette formule veut dire qu’on ne coupe pas, à la limite on refait une prise si on a un souci, ce qui a été le cas pour les présentations. Et même si la pratique établie est de couper un peu les longueurs, comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est-à-dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ?

Comme vous pouvez d’ailleurs le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers - peut-être même moins- de celui de M.Prévelakis. Celui-ci, avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de placer Sarkozy (!) à la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission.

Bref, les coupures, la répartition inégale du temps de parole, la conclusion sur un appel à suspendre la démocratie en Grèce, tout cela, si n’est pas de la manipulation de l’information, c’est quoi au juste ?

Vicky Skoumbi,
Rédactrice en chef de la revue grecque ·ÏËthÂÈ·