Heuristique de la peur

Dossier : comment se libérer du capitalisme ?
par  B. BLAVETTE
Publication : juin 2012
Mise en ligne : 25 juillet 2012

Bernard Blavette trouve extêmement positif le débat que son article a suscité au sein de notre rédaction et parmi nos lecteurs. Car, commente-t-il, nous traitons ici d’une question occultée par l’ensemble des médias, des associations, des syndicats. Il précise :

Quelle stratégie et quels moyens adopter pour sortir du capitalisme ? Rien de moins ! La multiplication des expériences alternatives (AMAP, monnaies parallèles, initiatives de transition…) associées aux divers désordres auxquels nous assistons aujourd’hui permettent-elles d’espérer un renversement rapide des valeurs et pratiques du capitalisme ? Faudra-t-il attendre une décomposition plus prononcée du système dominant ? La transition pourra-t-elle s’effectuer sans trop de domages ? Comment établir, face au capitalisme mondialisé, un rapport de forces qui soit favorable au mouvement social, à l’ensemble des forces progressistes qui s’opposent au capitalisme ? Nous n’avons pas, bien sûr, la prétention d’apporter des réponses définitives, il s’agit plus modestement d’une esquisse, de l’ouverture d’un débat qui devra probablement se poursuivre sur plusieurs années.

Le texte ci-dessous vise donc à préciser et compléter certains points importants.

Nous nous concentrons ici sur la crise écologique en cours, sur ce “mur” vers lequel nous nous précipitons à la vitesse d’un TGV. C’est que notre système économique est une création humaine parfaitement contingente qui peut donc être modifié à tout moment. Demain nous pouvons décider de fermer la Bourse, de museler les marchés, d’interdire les paradis fiscaux. Une simple volonté politique suffit. C’est pourquoi une crise économique peut engendrer de grandes souffrances mais ne met pas en danger notre espèce car rien n’est ici irréversible. Il n’en est pas de même des graves perturbations que nous infligeons à notre biosphère. La perte de la biodiversité, les pollutions généralisées, l’épuisement des matières premières, le réchauffement climatique sont des dommages difficiles, voire impossibles à réparer ou à compenser, et rendent ainsi problématique la poursuite d’une vie humaine sur notre planète. La question écologique est donc cruciale et c’est sur elle que nous devons nous concentrer, sans toutefois méconnaître sa liaison avec le monde de l’économie et la question sociale.

Certes, la peur produit parfois des effets négatifs : paralysie, déni du réel, réactions irrationnelles… Mais le choc peut aussi être salutaire car il permet une prise de conscience ; le sujet peut alors présenter des capacités insoupçonnées. Le philosophe allemand Günther Anders a très bien décrit ce dernier processus : « une peur vivifiante qui nous pousse non pas à nous terrer dans un coin mais à descendre dans la rue, une peur aimante qui s’angoisse pour le monde entier et pas seulement pour ce qui pourrait nous arriver à nous » [1]. Une telle peur est alors dite “heuristique [2]” car elle permet d’appréhender un danger jusque-là dénié ou occulté, elle permet de « croire ce qu’on sait » et d’atteindre ainsi ce “point de fusion” cathartique qui libère soudain les forces et le courage nécessaires aux révolutions.

En ce qui concerne la catastrophe écologique qui se profile, nous sommes encore très loin de ce stade de conscientisation car ses effets sont globalement encore peu visibles. Peu nombreux sont ceux qui se préoccupent de l’effondrement de la biodiversité ; les courbes, probabilités et statistiques du GIEC [3] concernant le réchauffement climatique n’intéressent aujourd’hui qu’une petite minorité de personnes éclairées ; la catastrophe de Fukushima elle-même n’a pas traumatisé la France, pourtant l’un des pays les plus nucléarisés au monde. Tout cela est considéré par les privilégiés des pays riches comme le prix à payer pour cette vie de confort et de luxe à laquelle ils sont si attachés. L’éveil de cette peur salutaire que nous avons évoquée ne pourra se produire que lorsque l’épuisement de notre biosphère produira des effets évidents pour le plus grand nombre : lorsque le pétrole cessera de couler à flot, lorsque la montée des océans submergera ou stérilisera (par salinisation) une portion significative des terres émergées, lorsque les dérèglements climatiques perturberont gravement l’agriculture compromettant ainsi l’approvisionnement des grandes métropoles. Les menaces cesseront alors d’être abstraites, et la peur générée par l’impossible devenu réalité sera probablement susceptible de bousculer cette “pression du confort” évoquée par le philosophe Bertrand Méheust [4]. La pression du confort, c’est la partie domestiquée présente en chacun d’entre nous, même les plus lucides. C’est le cordon ombilical qui nous relie indéfectiblement au “système” : les déplacements à grande vitesse (avions ou trains) qui nous sont devenus indispensables, ce voyage vers quelque pays exotique auquel rien ne nous ferait renoncer, l’achat d’objets de marques qui signent notre personnalité et notre réussite sociale. La pression du confort c’est vouloir connaître les derniers cours de la Bourse au fin fond de l’Amazonie et vouloir déguster des cerises à Noël. Une telle société toute entière orientée vers la satisfaction des caprices personnels des privilégiés n’est pas disponible pour la vérité. Elle voit ses capacités cognitives s’amoindrir, elle n’est plus capable de résoudre les problèmes qui se présentent, ni de résister à l’adversité. Qui d’entre nous, aujourd’hui, pourrait assumer psychiquement et physiquement les épreuves liées à la bataille de Stalingrad ou au débarquement Allié en Normandie ? Et pourtant, ces deux évènements symétriques constituèrent le tournant de la guerre, et permirent d’écraser les armées nazies. De même le “basculement du monde” qu’implique le renversement du capitalisme globalisé ne se fera pas dans le cadre d’un échange policé, autour d’une table garnie de tasses de thé et petits gâteaux. Nous ne sommes ni décidés, ni préparés, à assumer les sacrifices qu’il faudra nécessairement consentir.

Par ailleurs, toute action, surtout de cette ampleur, requiert une stratégie ainsi que des structures pour la mettre en œuvre. Pour l’instant nous n’avons ni l’une ni les autres et il serait vain et naïf d’imaginer que quelques AMAP et monnaies parallèles puissent à eux seuls permettre de déstabiliser le capitalisme. Comme déjà souligné dans la GR, leur vertu est essentiellement pédagogique.

Pour ce qui est de la stratégie, nous poserons comme présupposé que celle-ci doit répondre à des critères éthiques et moraux extrêmement stricts qui peuvent se résumer en une seule phrase : mettre la préservation de la Vie au centre de nos préoccupations. Ceci implique de minimiser, autant que faire se peut, les dommages et les souffrances infligés à “l’ennemi” comme à nous-même. Il nous faudra considérer le passé, nous remémorer les catastrophes générées par certaines tentatives de transformations sociales, pourtant bien intentionnées au départ, et conserver à l’esprit que la fin est toujours contenue dans les moyens utilisés.

Pour préciser cette stratégie, il pourrait être utile de se tourner vers les enseignements de la pensée traditionnelle chinoise en compagnie du sinologue François Julien et de son Traité de l’efficacité [5]. Reprenant l’enseignement de penseurs peu connus en Occident (notamment Mencius, 300 av. J.C., ainsi que l’école Taoïste dont le Loaozi est le texte fondateur), il nous dessine une philosophie de l’action, dont nous pourrions tirer un grand profit. En schématisant, on peut considérer que tout repose sur un aphorisme apparemment très simple mais en fait profondément signifiant : « Le grand général ne remporte que des victoires faciles ». Cela signifie que le bon stratège intervient très en amont de l’affrontement direct dans un processus de “veille” attentive. Il fait évoluer la situation à son profit « comme la nature fait pousser la plante, ou comme la rivière ne cesse de creuser son lit », il guette « l’occasion offerte par le hasard et que son art permettra d’exploiter », il est attentif à “la fissure” chez l’ennemi qu’il faudra attendre avant de se mettre en mouvement. Il sait que le plus faible en apparence peut ainsi espérer l’emporter dans ce que nous nommons aujourd’hui « les guerres asymétriques », il connaît aussi les vertus heuristiques de la peur, lorsqu’on se bat “le dos au mur” parce que c’est la seule manière d’en réchapper. L’Occident a toujours privilégié les grandes batailles héroïques et sanglantes comme Austerlitz ou Verdun ; la sagesse chinoise traditionnelle préfère affronter un ennemi en état de faiblesse, parce que déjà déstabilisé : la victoire n’en est que plus assurée, et à moindre coût humain et matériel. On peut ainsi défaire un ennemi sans l’écraser, ce qui favorisera l’indispensable réconciliation, qui seule permettra de pérenniser la nouvelle organisation qui ne manquera pas de se mettre en place.

Qui ne verrait dans les lignes qui précèdent de grandes similitudes avec la situation actuelle du mouvement social ? Nous savons que nous avons devant nous une catastrophe écologique maintenant inévitable, même si nous prenions dès aujourd’hui toutes les mesures qui s’imposent, ce qui est fort peu probable. Nous pouvons estimer que seul ce “mur écologique” peut être en mesure de déstabiliser un capitalisme toujours triomphant, qui imprègne encore les esprits malgré les désordres qu’il génère. Nous ne disposons sans doute que d’une ou deux décennies pour nous organiser et réaliser ce travail de sape que je viens d’évoquer.

À ce sujet, il serait bon de se tourner dans un premier temps vers les méthodes de non-violence actives mises en pratique notamment par Gandhi et Martin Luther King. Dans des sociétés encore plus ou moins démocratiques comme les nôtres, elles permettent de mettre dans l’embarras les pouvoirs dominants, sans s’aliéner l’opinion publique.

Mais il y a malheureusement fort à parier que la non-violence s’avèrera bien insuffisante face aux moyens de répression sophistiqués dont les pouvoirs en place ne cessent de se doter (techniques de surveillance et de localisation, police anti-émeutes, forces militaires formées au combat de rues dans le cadre du plan AZUR (=Actions en Zones Urbaines – pour la France). Nous savons aussi que lorsque l’affrontement décisif débutera la “fenêtre de tir” sera très étroite et que nous jouerons à quitte ou double l’avenir de notre espèce. Nous savons enfin que le mouvement social ne saurait se satisfaire d’une (éventuelle) victoire impitoyable qui mettrait en place une nouvelle domination, comme cela s’est produit si souvent dans le passé. Car “l’ennemi” que nous devrons affronter ce n’est pas seulement une poignée d’oligarques irresponsables, mais aussi notre parent, notre ami, notre voisin, notre compatriote, et même, qui sait, une part de nous-même, qui n’ont pas eu la force et le courage de secouer l’aliénation qui nous a été imposée, générations après générations. Pourtant, c’est aussi avec eux que nous devrons tourner la page et reconstruire. Pas question donc de revanche, de “terre brûlée”, d’élimination, d’exclusion, toutes pratiques qui compromettent d’éventuels ralliements, et sont bien incapables de conduire à une société stable et durable, comme l’avaient si bien compris les philosophes de la Chine ancienne.

"On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensées qui les ont engendrés."

Albert Einstein

Il nous faudra donc apprendre à pardonner, à pardonner de ce pardon sans faiblesse qui n’oublie rien, n’excuse rien, mais donne la priorité à la cohésion de la société, à l’avenir des générations futures.

Nous avons pour nous inspirer l’image de ces résistants durant la dernière guerre mondiale qui, de Jean Moulin au couple Aubrac, surent prendre les armes avec beaucoup de répugnance, mais en sachant que l’avenir était à ce prix.

Cependant, il ne suffit pas de définir une stratégie, encore faut-il disposer de l’organisation et des forces susceptibles de la mettre en œuvre. Or les associations, syndicats et partis politiques qui composent le mouvement social actuel sont toutes, sans exception, d’inspiration “réformiste”. Comme si l’on pouvait trouver la réponse aux problèmes qui se posent au sein du système-même qui les fait naître ! Faudra-t-il nous tourner, une fois de plus, vers le passé comme source d’inspiration pour tenter de définir ce qui pourrait être ? Et, plus précisément, vers les États-Unis d’Amérique du début du XXe siècle : dans son ouvrage magistral Une histoire populaire des États-Unis [6], l’historien américain Howard Zinn relate l’épopée de l’Industrial Workers of the World (IWW) peut-être le seul syndicat étatsunien à avoir jamais représenté une menace pour la classe capitaliste. Un matin du mois de juin 1905, à Chicago, lassée des compromissions des syndicats officiels (notamment l’AFL), une convention réunissant 200 socialistes, anarchistes et syndicalistes radicaux, venus de tout le pays, fonda un nouveau syndicat, l’IWW, qui se voulait indépendant des partis politiques et ouvert à tous, femmes et gens de couleur compris. Un délégué de la fédération des mines prononça le discours d’ouverture « Camarades travailleurs, nous sommes ici pour rassembler les travailleurs de ce pays au sein d’un mouvement dont l’objectif sera de libérer la classe ouvrière de l’esclavage capitaliste (…) Le but et l’objet de cette organisation doit être de rendre à la classe ouvrière le contrôle du pouvoir économique, des moyens de son existence et de l’appareil de production et de redistribution (…) La classe ouvrière et la classe patronale n’ont rien en commun. Il ne peut y avoir de paix et de démocratie tant que la faim et la nécessité frappent des millions de travailleurs… ». Le syndicat ne compta jamais plus de 100.000 membres dont un noyau dur de 10.000 militants, mais qui étaient indomptables, défiant les lois répressives, les tribunaux, la police, l’armée : « leur énergie, leur persévérance, leur force de conviction, leur capacité à mobiliser des milliers de personnes en un lieu et à un moment précis, leur conféraient un poids dans le pays sans rapport avec leur effectif réel. Ils voyageaient partout et nombre d’entre eux étaient des travailleurs itinérants ou sans emploi. Ils militaient, écrivaient, discouraient, chantaient et pour finir propageaient leur idéal et leur message ». L’IWW ne prônait pas la violence, mais l’auto-défense : en 1909, en Pennsylvanie, une grève très dure éclata dans des aciéries. Dans cet État, la police tirait facilement sur les foules désarmées, mais cette fois, les délégués de l’IWW jurèrent d’abattre un policier pour tout ouvrier tué. Une véritable bataille rangée s’ensuivit au cours de laquelle quatre manifestants et trois policiers furent tués. Impressionnée, la direction des aciéries « jeta l’éponge ». Pour finir sur ce point, je ne résiste pas au désir de transcrire ici ce qu’écrivait en 1911 un journaliste sympathisant : des manifestations importantes se déroulaient à Aberdeen (près de Washington) pour défendre la liberté syndicale, et l’IWW envoya un groupe de militants pour soutenir et conseiller l’action « Ils étaient là, dix-huit gars dans la force de l’âge, dont la plupart avaient parcouru aussi vite qu’ils l’avaient pu de longues distances sous la neige, en traversant des villes hostiles, sans argent et affamés, pour rejoindre un endroit où l’emprisonnement était le plus doux traitement auquel ils pouvaient s’attendre. Un endroit où de nombreux autres avaient déjà été traînés dans la boue et quasiment battus à mort. Pourtant ils étaient là, souriants comme des enfants. Qu’est-ce qui motivait ces hommes ? Pourquoi étaient-ils là ? Le besoin de fraternité chez l’être humain est-il plus fort que la peur ou l’inconfort, et ce, malgré l’énergie dépensée depuis six mille ans par les maîtres du monde pour extirper cette soif de fraternité qui habite l’esprit humain ? ». Il n’y a rien à ajouter, ces hommes nous montrent la voie…

Pourtant les réformistes ne manqueront pas de s’exclamer « Tous ces efforts, ces sacrifices, cette violence peut-être, pour aboutir au chaos, car il n’y a rien au-delà du capitalisme… » Détrompez-vous mesdames et messieurs, les pistes ne manquent pas, certaines déjà bien balisées et prêtes à être exploitées : de l’économie distributive dont se réclame la GR, à l’approfondissement démocratique par la démocratie participative et les Conseils de citoyens, en passant par les coopératives de production et les Villes en transitions… Ne manquent que des audacieux et des visionnaires pour faire germer et s’épanouir tous ces possibles lorsque la chape de plomb capitaliste aura disparu.

L’écrivain Aldous Huxley estimait que la révolution à venir serait aussi spirituelle. Et c’est dans ce sens que, dans mon texte précédent, j’en appelai à un retour du “sacré”. En effet, dans un contexte qu’on peut prévoir très difficile, nous aurons besoin d’en appeler à des valeurs qui nous permettent de conserver toute notre humanité face à des forces qui tenteront vraisemblablement de nous entraîner dans une “spirale du pire”. C’est ainsi que, comme je l’ai déjà brièvement signalé dans ce texte, la défense de la valeur sacrée de la vie pourrait constituer notre “point d’ancrage philosophique”. La vie, c’est l’état le plus complexe de la matière qui a permis à la conscience d’émerger, conscience à travers laquelle l’univers se contemple lui-même et tente d’évoluer vers plus d’harmonie. La vie, c’est le mystère ultime auquel l’initiation progressive à travers la science, l’art, et ce que nous nommons, faute de mieux, “intuition”, donne un sens à notre existence. La vie, c’est cette valeur “surplombante“ qui permet d’associer, dans une même vision, l’écologie, le politique et le social, car l’espèce humaine et la nature fusionnent alors en une seule entité pour un destin commun. Un tel niveau de conscience, si nous y parvenions, donnerait à notre lutte une signification et une puissance extraordinaires, car en chacun de nous s’imposerait la certitude qu’un tel combat ne peut être perdu.


[1Günther Anders, “La menace nucléaire. Considérations radicales sur l’âge atomique” Ed. Le serpent à plumes, 2006.

[2Une méthode ou un évènement sont dits heuristiques lorsqu’ils permettent d’avancer dans la compréhension d’un problème.

[3GIEC= Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

[4Bertrand Méheust, La nostalgie de l’Occupation, chap.3 - Ed. La Découverte, 2012.

[5Le livre de Poche / Biblio essais – (1996). Les citations qui suivent sont extraites de cet ouvrage.

[6Les citations qui suivent sont extraites du Chap. XIII de ce livre, publié aux éd. Agone en 2002.


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