Contribution à un programme présidentiel
par
Publication : février 1981
Mise en ligne : 15 octobre 2008
A une récente émission Cartes sur Table » d’Antenne
2, Michel Rocard indique notamment que « la sécurité,
la stabilité de notre pays appellent l’alternance au Pouvoir
comme une nécessité pour que la France puisse aller vers
le changement. De plus, en ce qui concerne sa conception des nationalisations
qu’il juge nécessaires à condition qu’elles ne se fassent
pas de manière bureaucratique, il nous dit que « ses dossiers
sont ouverts ».
Futurs électeurs, nous nous permettons donc une contribution
à la constitution de ces dossiers. Selon nous, l’alternance au
Pouvoir suppose non seulement un changement d’équipe, mais également
pour sa réussite et surtout sa durée, un changement complet
et fondamental du système économique actuel.
D’ores et déjà, nous formulons de vives craintes que les
nationalisations prévues ne soient étatiques, donc ne
changent pas le système.
En effet, ces nationalisations viendront relayer la trésorerie
des grandes entreprises en difficulté et ces dernières
utiliseront leurs propres fonds à des fins plus lucratives.
D’autre part, cette socialisation des pertes ne fera plus obstacle à
l’individualisation des profits à travers l’appareil bancaire.
Et celui-ci continuera à per mettre l’activité de ces
entreprises comme auparavant.
A moins, et le projet socialiste n’en fait pas mention, que l’Etat ne
reprenne « son droit régalien de battre monnaie »
en procédant en même temps à une planification décentralisée
inspirée par la base - communes, départements, régions.
En outre, les nationalisations supposeront toujours l’idée de
profit « alors qu’il faudrait leur substituer la notion de «
service ».
Le but du socialisme n’est-il pas celui de couvrir les besoins réels
des hommes et non les besoins solvables, en organisant la production
et les investissements en fonction de ces besoins réels ?
Jacques Duboin et d’autres penseurs ont envisagé la substitution
du système capitaliste responsable de la crise actuelle par le
moyen d’une technique monétaire appropriée aux réformes
de structures nécessaires conduisant à la socialisation
de la production.
L’heure n’est plus aux méthodes du passé ; les électeurs
attendent dans leur majorité un programme de gouvernement clair,
nouveau et réaliste qui puisse résoudre les problèmes
essentiels qui se posent à l’ère de la télématique.