Ils y viennent !
par
Publication : février 1980
Mise en ligne : 18 septembre 2008
La télématique découlant de l’informatique est aussi un facteur de suppression d’emplois et donc de remise en question des déclarations de nos hommes politiques et autres économistes distingués. C’est ce que démontre avec réalisme l’auteur des quelques lignes que nous reproduisons ci-dessous.
- L’Echo de la Presqu’île Guérandaise et de Saint-Nazaire (19 octobre 1979)
TELEMATIQUE
« De la même façon que la mécanisation,
et l’automatisation ont supprimé des emplois manuels. l’informatique
et sa fille, la télématique, vont supprimer des emplois
dans le secteur tertiaire. « Le développement des emplois
tertiaires (qui confinaient d’ailleurs, parfois, à du chômage
déguisé) avait fait croire un moment qu’il permettrait
de pallier les suppressions d’emplois du primaire et du secondaire.
Il faut se rendre aujourd’hui à l’évidence qu’il n’en
est rien.
Après les bras, ce sont les cerveaux que les machines miracles
d’aujourd’hui et de demain vont remplacer.
« Immédiatement apparaît absurde le postulat de l’éminent
professeur Barre qui proclamait comme article de foi la nécessité
de rétablir et de développer le profit des entreprises
pour leur permettre de s’équiper et par là même,
d’offrir des emplois.
Or, quand une entreprise modernise son équipe. ment et investit
pour fabriquer davantage et à an meilleur prix, des produits
compétitifs, elle le fait en s’automatisant et en s’informatisant,
donc en supprimant des emplois.
« Et ce, d’autant plus que l’emploi de personnel est écrasé
de charges et de contingences de plus en plus lourdes.
« La machine, comme l’ordinateur, peuvent travailler sans limitation
d’horaires, au maximum de leurs capacités.
« Mais ils ne touchent pas de salaires permettant de racheter
les marchandises ainsi produites.
« Il faudra donc bien en arriver à un système d’économie
distributive tel celui proposé naguère par Jacques Duboin
»...
Bernard BONNISSENT
Ces déclarations peuvent avoir un certain retentissement, d’autant plus que Bernard Bonnissent préside aux destinées du C.H.E.R.P.A. (Centre Hebdomadaire pour l’Etude, la Recherche, la Prospective et l’Animation). C’est au cours d’un colloque organisé par ce club, sur les thèmes de la télématique et des radios locales, que Bernard Bonnissent a été amené à prendre cette position.
FAIM ET JUSTICE
Dans la Tribune Libre du « Matin de Paris » du 7 novembre 1979, Mme Pommerolle a relevé, sous le titre « Faim et Justice », un article de M. Emmanuel Maffre-Baugé, député communiste à l’Assemblée des Communautés Européennes, dans lequel l’auteur se pose un certain nombre de questions intéressantes, mais sans jamais proposer de solution. Nous le citons :
« 1979... Cette année de l’enfance qui
voit mourir de faim 17 000 000 d’enfants !
Un obscur remord collectif pèse sur les peuples occidentaux.
Alors, je m’interroge avec cette humilité paysanne qui rumine
inlassablement des questions incompréhensibles...
Puisque des gens meurent (le faim, pourquoi des excédents alimentaires
permanents ? Pourquoi ces retraits-destructions ? Pourquoi ce gâchis,
ce trop ou ce trop peu ?...
D’autres pensées nie viennent : supprimer la faim dans le monde,
n’est-ce pas prodiguer la connaissance et la capacité de s’autogérer
à ceux qui ne l’ont pas... ? N’est-ce pas dénoncer les
inégalités économiques, les abus de structures
capitalistes dont la seule finalité est le profit... ? N’est-ce
pas museler les spéculateurs de tous poils qui font suer le burnous
aux quatre points cardinaux ?... N’est-ce point promouvoir un autre
type de société, une autre répartition des biens
de ce monde... ? N’est-ce point donner la valeur essentielle à
l’homme en rejetant le libéralisme affairiste... ? Si nous n’y
prenons garde, nous marchons vers le gouffre en aveugles. Les vieux
cadres de la société actuelle craquent sous les termites
de l’égoïsme de caste... Le monde présent est tombé
aux mains de malandrins qui le spolient.
La faim, dans le monde peut-elle disparaître tant que l’argent
sera roi ?...
Il n’est pas de code intangible de la propriété qui domine
le droit qu’ont les hommes de manger et de se vêtir, pas plus
que d’acquérir les connaissances qui leur donneraient l’indépendance
économique et la liberté. Il n’y a pas de pouvoir supérieur
à celui qui implique la survie de l’espèce.
L’argent qui prend racine dans la mort pue le cadavre... ».
L’analyse de M. Baffre-Baugé est excellente, mais n’est pas suivie de propositions constructives. Pour supprimer la faim dans le monde et tous les désordres qui en découlent, les pays supérieurement équipés (et notamment la France) n’ont qu’une possibilité : remplacer le système des prix- salaires-profits (ou système capitaliste) par l’économie distributive (voir page 16).