Je me propose d’entreprendre ici l’analyse des deux
derniers livres de Roger Garaudy : « l’Alternative » publié
chez R. Laffont en 1972 et « Le projet espérance »,
sorti cette année.
Ces deux ouvrages qui m’ont enthousiasmée me paraissant une telle
mine de réflexion que je ne pense pas qu’il soit suffisant d’en
parler dans cette rubrique, même en plusieurs fois. Il faudrait
que tous ceux qui peuvent se les procurer en entreprennent la lecture
afin qu’une sérieuse discussion de fond, que j’ai déjà
amorcée avec l’auteur, puisse se poursuivre ici. J’ai conscience
de faire là à M. Garaudy, que je ne connais pas, une publicité
gratuite, mais je pense que nos lecteurs ne m’en voudront pas quand
ils auront fait la découverte enrichissante de ce travail courageux.
« L’alternative » est introduite par ces mots :
« Notre société est en train de se désintégrer
».
« Une transformation fondamentale est nécessaire ».
« Elle ne peut s’accomplir par les méthodes traditionnelles
».
Une crise de cette ampleur, pour être résolue, exige plus
qu’une révolution : une mutation radicale non seulement du régime
des propriétés et des structures du pouvoir, mais de la
culture et de l’école, de la religion et de la foi, de la vie
et de son sens ».
Ce livre commence par le problème de la jeunesse qui est apprécié
dans toute sa profondeur. Ce n’est plus un problème de lutte
entre les générations ou de prise de conscience politique.
Il y a un refus, par la jeunesse, de tout avenir octroyé, de
toute subordination de la vie à la technique, au lieu de subordonner
la technique à l’homme.
En lisant l’analyse critique des structures du capitalisme, j’ai cru
retrouver la plume de Jacques Duboin. Nos lecteurs n’auront donc aucun
mal à comprendre comment « l’absence de finalité
humaine dans l’économie et dans la société en général
découle du principe même du capitalisme ».
« Comment a-t-on pu aboutir à une telle désintégration
de la société et de l’homme ? » demande R. Garaudy,
qui répond : « Par la souveraineté du marché
happant dans ses mécanismes le travail, la terre et l’argent
».
Le « suspense » atteint pour nous un maximum quand il parait
annoncer le système distributif par ces mots : « Ce n’est
pas seulement la notion du marché qui est condamnée mais
celle du salariat qui en découle »... « le développement
actuel des sciences et des techniques de production exige que le travail,
manuel ou intellectuel, cesse d’être une marchandise ».
Malheureusement, on lit ensuite : « Il ne s’agit nullement de
supprimer le marché, mais au contraire de sauver les valeurs
nées du marché ». Ce qui paraît contenir une
certaine contradiction.
On voit donc que tout ceci amène une discussion fondamentale
qui, j’en suis certaine, peut être très fructueuse pour
tous. II semble manquer fort peu au socialisme autogestionnaire de Garaudy,
pour rejoindre parfaitement le nôtre. Nous y reviendrons donc.
"L’alternative" et "Le projet espérance"
Lectures
par
Publication : octobre 1976
Mise en ligne : 11 mars 2008
par
Publication : octobre 1976
Mise en ligne : 11 mars 2008